(C) Grégoire Sohier

En 2021, le Binic Festival devient « La Cathédrale », un énorme bordel païen dans un champ cosmique pour 2000 branlos en perfecto qui ne croient en rien d’autre que le rock’n’roll. Si la « Nef des Fous » a du revoir cette année sa jauge énorme à la baisse, elle compte bien continuer à foutre le bordel au « grain de beauté des Côtes-d’Armor » dixit notre (cher) premier ministre. Et ça commence dès maintenant du 22 au 25 juillet à Binic, aka « Double Fuck Town ».

Comme vous ne le savez peut-être pas, et on ne vous en tiendra absolument pas rigueur, Jean Castex est passé à Binic voilà quelques jours : restaurants, petits commerces, galeries d’art… Notre premier ministre au charisme digne d’un poulpe mort a fait comme on dit un bon gros tour du propriétaire doublé d’un énorme micro-trottoir pour motiver les troupes françaises. En revanche, zéro visite dans les bureaux de « La Nef des Fous » qui a pourtant fait renaître ce bled touristique sans histoires depuis douze ans avec k’un des meilleurs festivals rock de France, si ce n’est le meilleur. Peut-être que Castex considère juste cet endroit comme un énième putain de village paisible où viennent s’échouer des dizaines de milliers de cols blancs parisiens pour consommer à mort, bouffer des glaces et lire Le Monde au soleil. Aurait-il un problème contre les aventuriers en perfecto?
Au moins aussi efficace que l’Office de Tourisme local et bien mieux intentionné, Ludo aka « The Duke » rameute depuis une bonne grosse décennie avec sa bande de « mélomaniaks » cramés des dizaines de milliers de pelos venus du monde entier chaque été pour réveiller ce bled transformé comme tant d’autres en jolie carte postale. Il redonne ainsi à cette ancienne capitale des pirates ses lettres de noblesse, à base de bordel, de bordel et encore de bordel.

Cette année, Covid-19 oblige, la bande de fous de Binic a du revoir ses plans à la baisse, de quoi ravir le maire Paul Chauvin qui commençait à se pisser son champagne dessus en voyant arriver tous les ans une vague toujours plus haute de branleurs au SMIC ou au RSA dormant comme des sauvages dans un camping gratuit sans donner un radis aux vendeurs de glace. Après avoir transformé tout le centre-ville de Binic en rave-party rock’n’roll et la plage centrale de « La Banche » d’ordinaire envahie par les touristes en short à fleurs en centre national de la culture du pogo (80 000 sauteurs en 2019, NDR), le Duke de Bretagne s’est replié avec ses potos à la Pointe de La Rognouze, en état de mort clinique depuis des années, et qui ne s’attendait sûrement pas à vivre un jour pareille fête. Une idée géographique et sémantique de génie qui surgit de ses neurones fin 2019: « c‘était après une soirée au bistrot bien arrosée, on est parti zoner ici en pleine nuit, c’était magnifique.. On était bourrés, en transe, et on s’est dit «Putain mates moi ce ciel étoilé au dessus de la mer mec, c’est la Cathédrale de Binic ici! ».

« On a choisi cette jauge ultra-réduite pour ne pas avoir à imposer le pass sanitaire, on voulait pas faire chier notre public avec cette connerie, notre vision est celle d’une musique libre, et aussi pour ne pas être les uns sur les autres après le trauma du Covid ».

Quelques coups de téléphone à Paul Chauvin plus tard, qui a racheté cette ancienne base nautique au département et ne l’a pas encore défoncé avec un complexe de thalassothérapie pour retraités bedonnants, La Cathédrale était née sur les braises fumantes du Binic Folk Blues Festival avec « la bénédiction du maire » qui acceptait alors ce projet de bordel païen dans un champ cosmique posé au beau milieu de La Manche, une « pelouse bleue » dixit un dicton breton local, et qui a déjà été piétinée avec amour par des milliers de rockeurs qui pionçaient ici avec leur tente Quechua depuis des années. Un lieu emblématique du festival qui sera donc cette année le théâtre d’une « procession culinaire et musicale » selon une formule assez mal marketée par notre ancien pensionnaire du magazine R.A.G.E, d’ordinaire si habile avec les mots et surtout les blagues foireuses (le « Folk Blues » festival étant tout sauf un rassemblement de hippies, NDR). « On a du s’adapter, on pouvait pas accueillir 80 000 personnes comme en 2019, du coup le modèle « entrée gratos, vente de bières et merchandising » ne tenait plus pour payer les groupes, là ça sera 500 personnes/soir contre 35 balles pour quatre concerts, des dj-sets et une grosse assiette bien épicée. On a choisi cette jauge ultra-réduite pour être tout juste hors des clous du « pass sanitaire », on voulait pas faire chier notre public avec cette connerie, notre vision est celle d’une musique libre, et aussi pour ne pas être les uns sur les autres après le trauma du Covid».

Si le nouveau nom et le nouveau lieu central étaient déjà dans les cartons bien avant la Covid-19, et seront on l’espère conservés au moins en partie pour le gros raout rock annuel de « la Nef des Fous », le modèle économique 2021 devra être vite rangé au fond du placard, pour ces fervents défenseurs de la gratuité pour le public et des cachets pour les groupes: « on espère retrouver du peuple dès l’an prochain, avec cette idée de gratuité ou au moins de prix libre, avec la bière, le merch’ et 10% de subventions publiques. L’idée serait de revenir dans le centre, tout en gardant pourquoi pas la scène de La Cathédrale ! On verra, le futur est tellement incertain..». Incertain, le présent l’est tout autant, mais « tout va bien » promet Ludo, le festival va avoir lieu sans problème ! Finalement il faudra un pass’ sanitaire.. mais on proposera aussi des tests antigéniques gratos ». Plutôt sympa le Duke non ?

En attendant la fin de la grande tournée nationale des «piquouses» et le retour du vrai gros bordel à Binic en 2022 sans aucun putain de masque et avec (enfin) beaucoup de « free hugs » et de postillons jetés sur les groupes, la version « complètement cheloue » dixit Paul de chez Crème Brûlée Records (qui ne compte pas non plus ses heures pour La Nef) sera donc bel et bien une rave-party rock et légale face aux vagues infinies, sous la voûte cosmique du système solaire. « On fait les choses comme on a envie de les faire, pas comme les autres nous disent de les faire. On veut résumer l’histoire de la musique en trois jours avec 1/3 d’artistes internationaux, 1/3 de Francais, 1/3 d’Autraliens et « faire découvrir » des trucs inconnus pour « voir la gueule des gens s’illuminer» ».

« J’emmerde le politico-business à deux balles, je fais jouer qui je veux ! On a fait Ty Segall et Thee Oh Sees avant tout le monde en 2012, on a fait Sleaford Mods ou les Oblivians qui voulaient plus sortir de scène.. ».

Totalement à rebours des gros supermarchés de la musique live comme ses voisins des Vieilles Charrues qui « font leur programmation au rayon disques de Carrefour et filent des cachets surréalistes via des comptes de placements », le Duke d’Armorique fait figure de dernier irréductible gaulois depuis 12 piges avec une recette pimentée basée sur la prise de risque et l’amour avec des groupes de garage cultes programmés avant leur « buzz », des vieux légendaires du passé et des pépites sorties de nulle part qu’il est bien souvent le seul à programmer sur le territoire national, en collaboration étroite avec son poto de toujours Jérôme « Buzz » Bussutil de l’agence U-Turn Touring qu’il a rencontré en 1999 à un de ses concerts de TV-Killers et ne l’a plus quitté depuis: « J’emmerde le politico-business à deux balles, je fais jouer qui je veux ! On a fait Ty Segall et Thee Oh Sees avant tout le monde en 2012, les Sonics mais on est pas qu’un festival garage, on a fait Sleaford Mods, les Oblivians qui voulaient plus sortir de scène.. ». Un classique du festival de Ludo dont le leitmotiv principal est de créer cette communion magique par le rock’n’roll qui a déjà donné tant d’orgasmes à des centaines de milliers de « mélomaniaks » et à des dizaines de groupes dont le destin a parfois même chaviré dans ce coin ultra-touristique de Bretagne.

Des histoires de losers magnifiques qui ont retrouvé la lumière sous la divine bruine armoricaine alors qu’ils étaient donnés pour morts, le Duke en a à la pelle, il peut remercier pour ça ses autres grands potos de Beast Records qui forment avec lui et « Buzz » le trio magique à l’origine de l’ADN du Binic. Nouveau lieu de pèlerinage pour des milliers de fidèles à la recherche de l’illumination électrique, Binic est aussi devenu cet espèce de centre de rehab’ informel pour rockers en perdition. Si le tiers d’Australiens réglementaire ne sera malheureusement pas de la (rave) partie du 22 au 25 juillet à cause du vous-savez-quoi, l’expérience unique proposée par Ludo et sa bande de fous cette année s’annonce encore bien épicée avec, côté bouffe, Etienne Le Saint, un « pirate de la cuisine » prêt à rassasier des centaines de rockers bourrés avec du riz aux légumes locaux, de la viande bretonne, des noix de Saint-Jacques à tomber à la renverse et côté rock une programmation une fois encore aux petits oignions avec nos chouchous Special Friend prêts à déchaîner les foules à base de modération électrique géniale, les locaux bourrés de talent Guadal Tejaz et leur sauce kraut-punk dinguo qui nagent actuellement en plein délire électronique, le retour du beau-gosse Marietta sur scène, Laetitia Shériff qui serait « l’alter-ego française de PJ Harvey, un truc démentiel », un ancien punk complètement cramé du nom de Reverend Beatman ayant frôlé la mort cent fois et devenu récemment un papa sans histoires ne jouant plus que le week-end, et enfin quelques pépites siglés BeastRecords comme toujours avec Wolfoni, Broken Waltz et Dirty Deep.

Ça te plaît hein ? Et tu veux à tout-prix éviter d’aller comme des centaines de milliers de porcs niquer tout ton PEL à Carhaix-Plouguer ? Alors ramène ton cul pour communier dans la Cathédrale imaginaire de Binic où le ciel cosmique et les sensations orgasmiques seront bien réelles, comme un remède ultime et ultra efficace face à la connerie ambiante qui a tristement envahi 90% des programmateurs de festivals en cet été de l’après-néant avec des affiches toute pareilles. Loin de nous l’idée de te forcer la main, c’est « comme tu pourras », dixit un énième dicton local qui veut tout et rien dire. Pour toutes les infos, c’est là que ça se passe.

Festival « La Cathédrale » // Du 22 au 25 juillet à Binic
C’est par là on t’a dit.

3 commentaires

  1. « Les festivaliers au RSA », mais oui,biensur,
    et puis ya les apparitions mariales aussi.
    Au mieux des escrocs à l’AAH qu’ont entendu parler de la combine par un pote revendeur de LSD.
    Changeons de faune et allons jouer à Destiny avec des vrais braves handicapés, qui y connaissent rien en festivals abrutissants, pousses à la drogues, fréquentés par des adulescents mais des adulescents pas drôles, snobs et hipsterisés,qui y connaissent rien à pourtant l’art loisir qui a le plus d’avenir et qui tuera l’art de se shooter comme un débile de 18 balais:le shooterlootermmorpgfpssf à 0.07 euros l’heure de jeu.

  2. P sur la terre LegatC’est pas en critiquant qu’on va pas arranger les choses c’est pas en arrangeant les choses qu’on va pas critiquer non plus la vie c’est quoi finalement juste un hamac mal attaché et peut-être pas attaché du tout alors essayer de relativiser votre condition de petits mortel Tout-Puissant parce que la vie au fond elle est plus belle que la première mouche qui est née sur terre et qui contrairement à ce que soutiennent les grandes religion monothéistes Était en effet une mouche et peut-être même une moule et même si c’était une moule ça ne serait pas grave au fond je vous aime

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