(C) Joséphine de Rohan Chabot

Les sessions d’écoute Sonorium sont un rendez-vous parfait pour les amoureux de musique, qu’ils soient néophytes ou experts. Le concept est simple : on se pose dans un lieu public stylé, on écoute un album en entier sans broncher, puis on discute. On vient juste d’en tester une, malgré qu’elles existent depuis 5 ans. Il n’est jamais trop tard, alors on s’est pointé à celle consacrée à Christophe et son disque « Les mots bleus ».

« L’oisiveté est le commencement de tous les vices, le couronnement de toutes les vertus », écrivait Kafka. Si le farniente est désormais mal vu et synonyme d’inactivité, il peut aussi être à l’origine de concepts novateurs. On ne sait pas si la co-fondatrice de Sonorium, Mélanie Arrès, a lu Kafka, pour autant, c’est en respectant ce principe que l’idée de créer ces sessions lui est venue, avec Sophie Chrétien-Kimmel de The Slow Listener. Depuis Paris où elle habite, avec son colocataire de l’époque, quand les journées sont terminées, ils aiment passer du temps sur leur canapé simplement en écoutant des disques du début à la fin. De là, va fleurir un concept : « à force de faire tourner des vinyles comme ça, on s’est dit : “c’est con, les gens ne prennent pas le temps de se poser dans des bonnes conditions et d’apprécier des albums dans leur ensemble…” » Les deux compères tiennent quelque chose, qu’ils vont logiquement dérouler.

« Si on faisait ça à plusieurs ? »

Rapidement, ils décident ensemble de faire ces sessions en petit comité, moins de 100 personnes, puis pourquoi pas de les réaliser dans des lieux originaux. En fanatiques de musiques, ils ajoutent un autre aspect à leur trouvaille : « au-delà du fait de se dire que des gens qui ne se connaissent pas vont passer un bon moment ensemble, on a pensé à intégrer le côté audiophile. On a donc ramené du matos très haut de gamme pour que l’écoute soit optimale. » Afin d’être le plus transversal possible, un intervenant ou l’artiste directement, viendra expliquer les tenants et les aboutissants du disque retenu, faisant comprendre au public les origines de l’œuvre, comment elle a été créée, ce qu’elle raconte… En somme, l’ensemble de ces petits détails (qui comptent) qui rendent « l’écoute différente » appuie Mélanie. Pour finir, après l’écoute, les spectateurs pourront poser les questions qui leur trottent dans la tête. Tout ça mis bout à bout donne la première session d’écoute Sonorium, apparue en juin 2016 et ayant comme thème « Revolver » des Beatles.

(C) Joséphine de Rohan Chabot

Depuis cette date, l’équipe a épluché et disséqué plus de 80 albums. Mais, Mélanie, comment les choisissez-vous ? « Ça part un peu de tous les côtés… Comme on investit des lieux publics très différents — des musées, des bars, des centres culturels —, on se colle parfois à ce qu’ils représentent. Par exemple, lorsqu’on est allé à La Place Hip-hop, le thème était tout trouvé. Sinon, on suit nos coups de cœur et nos envies : on ne se met pas de limite de genre ni d’années de parution. » D’un point de vue plus perso, « même si toutes les sessions sont spéciales », la créatrice du concept se souvient particulièrement de celle avec Molécule au Jardin des Tuileries pour l’écoute en avant-première de « -22,7 °C », de ce moment au Grand Palais pour « The Dark Side Of The Moon » de Pink Floyd, ou encore de ce rendez-vous à la Fondation EDF pour l’album « Zimmer » en présence de l’artiste.

(C) Joséphine de Rohan Chabot

Des mots bleus, des mots d’esprit

Curieux, on a été voir le schmilblick. Direction le Pavillon Carré de Baudoin (Paris XXe) à quelques encablures du splendide Studio Ferber, pour écouter la session consacrée à l’album « Les mots bleus » de Christophe – aussi surnommé M. On avait rendez-vous à quelle heure ? Arrivé sur place, on croise l’intervenant du jour, Julien Bitoun, un fidèle de Sonorium. Aujourd’hui comme régulièrement, c’est à ce professeur de l’histoire du rock à Science Po, journaliste et auteur, que revient la tâche de parler de cet album chanté par Christophe, écrit par Jean-Michel Jarre. En bon enseignant, sa prise de parole en amont de l’écoute a permis de comprendre le parcours de Christophe, d’aborder celui de « Jean-Mi », et surtout, de mieux cerner quelques notions importantes de ce disque ; comme celle de « rock progressif » ou « d’album concept ». Son speech terminé, les lumières se tamisent et retentit Le dernier des Bevilacqua, ainsi que sa longue introduction progressive.

On ne va pas vous refaire un titre par titre, mais tout de même préciser pour ceux qui seraient intéressés que l’album a été propulsé sur des enceintes Focal Kanta n° 2 via un ampli Hegel H360. Si vous n’avez rien compris, on résume : du putain de matos ! Une configuration qui permet d’entendre vraiment chaque détail sonore et qui permet une immersion totale dans les chansons. Et puis la plénière de questions a débuté. Il y en a eu des bonnes, et des plus… disons basiques : « pourquoi Daniel Bevilacqua s’appelle Christophe ? » Silence radio… Mais attendez avant de juger ! Cette interrogation n’a rien de stupide, et on parlera sûrement dans un prochain numéro de Gonzaï.

Toutes les informations sont à retrouver sur les réseaux de Sonorium. Au programme des prochaines sessions :

 06/02 – Boards of Canada « Music has the right to children » – Mains d’Œuvres

03/03 – Skygge « Melancholia » (musique et IA, avant-première) – Cité de l’Économie

29/03 – Kate Bush « Hounds of Love » – Pavillon Carré de Baudouin

07/04 – Rencontre avec des chasseurs de disques, Victor Kiswell et Futuro pelo – MAIF Social Club

31/05  – « The Eminem Show » – Pavillon Carré de Baudouin

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