Souvent relégués au fond de top 10 d’artistes à suivre parrainés par des marques de téléphone, ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir tout entendu. Eux, ce sont les nouveaux groupes d’aujourd’hui. Ou de demain, puisque Le Goût Acides Conservateurs ambitionne ni plus ni moins que de poser des pyramides futuristes à… Evreux. Vaste chantier.

On ne sait pas pour vous, mais on n’a jamais vraiment compris le gloubi-boulga autour du film Dune. Pensé dans les années 70 par Jodorowsky puis finalement annulé, abouti par Lynch en 1984 et finalement dépoussiéré cette année par Denis Villeneuve, l’adaptation de l’œuvre SF de l’auteur Frank Herbert, c’est un peu comme le conflit judéo-palestinien. Et bien courageux celui qui saura résumer finement l’affaire en moins de 2 minutes.

Tous ces gens auraient finalement eu moins de difficultés s’ils avaient fait appel au Goût Acide des Conservateurs, un duo composé de Yann et Frédérique sur lesquels ils auraient pu s’appuyer pour monter tous les plans de cette planète désertique de l’an 10191. Boite à rythmes, basse  illustrant le lent voyage dans le vide interstellaire, synthés analogiques et surtout chant incarné/désincarné au point qu’on pense très fort à la Grace Jones reprenant le Walking in the rain de Flash and the Pan ; tout l’attirail nécessaire au décollage est là, posé sur le sol. Enfin, dans l’espace disons.

« Iskachrome », l’album qui sort ces jours-ci chez ERR-REC, parvient en 8 titres à réunir deux familles séparées par une légère cloison, le post-punk et la synth-wave. Tout cela ne serait qu’un exercice de style si, en plus de ces étiquettes qui ne signifient plus grand chose, LGADC n’avait pas pris le temps de composer de véritables refrains soyeux qui se démarquent des beugleries punk bas du front pour buveurs de Jupiler.

Pour en arriver là, ces martiens du périurbain ont dû comme d’autres retourner leur veste : c’est après l’assassinat à Evreux du festival Le Rock dans Tous ses Etats par la mairie de droite que les deux ont finalement rangé les guitares au placard, toutes échangées contre des nappes analogiques. Sur « Iskachrome », le résultat est flagrant : c’est un peu comme passer des westerns en noir et blanc de John Huston à 2001 l’Odyssée de l’espace en version quadrichromique pour reptiliens.

Le slogan du premier Alien par Ridley Scott promettait que « personne ne vous entendrait crier dans l’espace« . Quarante ans plus tard, c’est toujours vrai. Mais au moins, la mort sera plus douce avec ce goût beaucoup moins acide que prévu dans la bouche.

Le Goût Acide des Conservateurs // Iskachrome // ERR REC
https://err-rec.bandcamp.com/album/iskachrome

7 commentaires

    1. vous imaginez l’inverse (groupes anglo-saxons chantant en français) ?
      un peu comme si on se tapait jane birkin tout le temps

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