Souvent relégués en trois lignes au fin fond de « top 10 d’artistes à suivre », , ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui n’ont plus le temps de rien écouter. Aujourd’hui, trois fumeurs de Canard WC qui semblent avoir trouvé le nom ultime pour destroyer l’annuaire 2021 des meilleurs noms de groupe.

Si Foncedalle était un détergent, l’auditeur un peu méticuleux aurait bien du mal à lire tous les ingrédients chimiques marqués au dos, sur l’étiquette. Pas sûr que leur premier EP « Traboule » soit efficace pour nettoyer les traces de moisissure dans les angles morts, ni que frotter leurs gueules white trash sur l’évier plein de cendres serve à grand chose, mais il y a là assez de trucs nocifs pour détruire le semblant de bio-diversité qui s’était installée dans votre cerveau.

A la première, l’odeur provoque un bref recul : n’est-on pas en train de se prendre en pleine gueule toutes les années 90 qu’on ne peut plus voir en peinture ? L’espace d’un instant, sur le single, on a presque l’impression d’entendre la section rythmique de Garbage (si tant est que le groupe de Shirley Manson ait déjà aligner deux mesures en rythmes sans l’aide des ordinateurs) avec l’affreux Richard Ashcroft de The Verve braillant dans un autotune. Ca, c’est le premier effet, et je crois qu’on a déjà perdu la moitié du public.

 

Ceux qui auront réussi à rester dans la pièce en se coltinant un mouchoir sur le pif en seront pour leur argent, car l’espèce de rock pratiqué par ces Français du périphérique qui ne pratiquent pas vraiment le premier degré a ce quelque chose d’authentique qui confère aux 6 titres comme un parfum d’Air Wick. C’est chimique, certes, mais ça sent bon, ça désinfecte de tous ces faux artistes Instagram à qui l’on a quotidiennement envie de couper la langue, ça rappelle le papier peint à fleurs psychédélique de chez mamie, quand elle écoutait Primal Scream complètement défoncée avec les cendres de papy, mort sur un dancefloor acide de Manchester en 1989. On n’ira pas jusqu’à comparer Marius, le chanteur, à Bobby Gillespie. N’empêche, il plane comme un doux souvenir de l’Angleterre thatchérienne sur ce EP sans complexes, très loin des culs serrés issus du business désargenté qu’on appelle l’underground français.

En attendant l’arrivée du groupe rival Brisedur, Foncedalle défonce tout avec ses guitares clubbing et ce chant électronique qui confirme, encore une fois, que l’avenir du rock, si tant est qu’il en ait un, est dans le foutage de gueule immersif. Ne pas trop réfléchir, appuyer sur la pédale sans ceinture et viser le mur mitoyen qui sépare le bon goût du pas de danse.

https://foncedalle.bandcamp.com/album/traboule-ep

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