Plutôt que de tenter la pale copie française de Sleaford Mods dans des versions punk-rap miteuses à peine meilleures que des démos emo d’Eddy de Pretto, Pat (Frustration, Last Night) et Nicolas Delachapelle ont profité des confinements pour secouer des bonbonnes de gaz et le résultat se nomme Règlement, avec un premier album à écouter comme un solde tout compte.

« Règlement est le fruit pourri d’une année à composer et enregistrer en pleine crise sanitaire avec les moyens du bord. L’addition est salée et l’accouchement se fera par césarienne« . Franchement, ce qu’il y a de bien, voire de meilleur, avec les groupes dits punk, ce sont les bios. On ne se pignole pas avec de grandes métaphores, c’est droit au but vers l’enfer. Et celle de Règlement, nouveau projet de l’useur de sous-sols humides dénommé Pat, est bien corsée, bien raide, à l’image du disque à écouter ci-dessous, en monochrome et avec une série de punchlines de défaites assez grandiose pour vous (re)dégouter des concerts de ska festif pour les dix prochaines années.

Loin de Last Night et Frustration, où il officie, Pat a donc décidé d’envoyer les deux coudes en avant et évidemment, difficile de ne pas penser parfois au groupe de Fabrice Gilbert, notamment sur Azote, qui rappelle forcement Too Many Questions. Un synthé radicalisé, une histoire d’amour qui se finit avec des Kleenex en sang, et puis ce parfum de barre industrielle dans la bouche, et qui fait tout le charme de ce premier album sans prétention, mais avec une grosse colère froide expulsée comme un nourrisson dans un squat-maternité.

Sous influence Suicide (les nappes froides) et Métal Urbain (le chant plein de glaviots sanglants), « Règlement » rappelle à sa manière que les raisons d’être énervées, et que ni l’été ni la mort du Covid-19 ni encore tes chèques vacances ne sauront calmer le malaise de l’époque; c’est de ce point de vue l’argument numero uno pour créer n’importe quel groupe de punk dans cette décennie comme dans les précédentes, et l’objectif est ici rempli haut la main.

« Bourrer sa peur sous le tapis pour ne pas voir le mur arriver, se retrouver les deux bras dans la merde et ne pas savoir nager. Tout remonte à la surface, odeur de cri et bruit de sentiment La vie a un prix. Aujourd’hui, tu passes à la caisse« . Tout le disque pourrait se résumer dans cette tirade, et c’est aussi l’occasion (attention, point juridique) de rappeler que le règlement à l’amiable permet depuis 1984 « de nommer un conciliateur désigné par le tribunal de commerce dans le but de favoriser le redressement de l’entreprise, notamment par l’obtention d’un accord avec ses créanciers sur des délais de paiement ou des remises de dette« .

L’entreprise Règlement, elle, ne devrait pas connaitre la crise; elle surfe dessus jusqu’à lui péter les dents avec un gros coup de pompes plongées dans la bouche de tous les gens en costume. Au regard de la période, c’est presque rafraîchissant de constater que des gens ont encore l’envie de créer des groupes en 2021, et sans autre ambition que de perdre de l’argent pour donner un no future à leurs vies.

Règlement // Premier album chez Viro Major Records
https://reglement.bandcamp.com/

13 commentaires

  1. Bordel Bester tu me déçois de nous réchauffer cette expression BFMTV de « l’entreprise qui ne connaît pas la crise » .j’aurais penser que c’était du niveau de Robin Lecoeur à la rigueur, mais toi franchement c’est la r’schouma rouya

  2. est-ce qu’il vaut mieux chanter en anglais avec un accent déplorable (frustration) ou beugler en français des textes prépubères niveau 5e qui sonnent trop fake (règlement) ?
    peut-être que fermer sa gueule est la solution.
    (et puis ça fait quand même 10 ans que ce genre de nom de groupe sonne on ne peut plus ringard).
    Bref, tout faux.

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