Quel clubber de l’extrême peut dire qu’il n’a jamais vu fleurir ces t-shirts noirs estampillés A+W dans une rave techno industrielle ou un festival post-punk comme il en existait tant dans toute l’Europe avant la pandémie virale qui a fait tousser l’humanité en 2020 ?

La première fois que j’entends parler de cette maison de disques, c’est en 2011 en achetant sur Discogs une cassette de Lebanon Hanover/La Fête Triste. Puis en 2012, deux autres tapes rares dont celle d’un obscur projet nommé In Death It Ends (une sorte de proto cold wave anglaise instrumentale qui a ouvert la voie à The Soft Moon) et une autre du duo français Velvet Condom. A noter que le clip Gallowdance de Lebanon Hanover a fait plus de 12 millions de vues, ce qui démontre que nous ne sommes plus du tout dans un registre underground !

Très vite, j’accroche sur le son et sur l’artwork, aussi noir qu’une esquisse de Pierre Soulages, de ce petit label berlinois qui va rapidement devenir gros. En une petite décennie, A+W passe de petit label underground de qualité à label indépendant incontournable de la scène techno, electro dark et industrielle actuelle. De grands médias comme Arte ou la fameuse chaîne pour clubber de salon, Boiler Room, vont s’intéresser à eux et filmer les DJ sets brutalistes du boss Philipp Strobel et de ses artistes (le jeune new-yorkais Phase Fatale, l’effrayant Trepaneringsritualen, Codex Empire…), des milliers de petites galettes noires estampillées A+W s’écoulent à travers le globe, les DJ’s du label Max Durante ou Melania (A+W est aussi une agence de booking) sont partout à l’affiche des soirées techno les plus en vue et les plus énergiques, et leurs t-shirts se vendent par palettes entières.

En débutant en 2011 par d’obscures formations post-punk/Cold, froidement synthétiques et minimales (surfant sur la vague Minimal Wave de la newyorkaise Veronica Vasicka), Philipp Strobel attendra finalement 2015 pour faire évoluer la ligne directrice de son label, publiant de plus en plus de maxis sombres et apocalyptiques qui feront la joie des jeunes extasiés et des vieux fans de musique électronique gothique, racée ou hardcore. Il n’y a pas une soirée technoïde digne de ce nom où l’on ne joue pas un des missiles marqués du sceau A+W. Et que tu sois punk en noir ou techno head bourré de speed, tu jouis en dansant comme un taré sur les décombres de notre vieille civilisation européenne sur le déclin !

Philipp Strobel

 

Parallèlement au succès incroyable d’un de ses protégés, Ancient Methods, cette maison de disques a su établir à la fois un monopole massif et une influence remarquable sur une scène dark ringarde, fatiguée et ennuyeuse. En apportant du sang neuf (et du son neuf) à un mouvement qui tournait en rond depuis deux décades, A+W insuffle une forme de noirceur décadente et de profondeur mystique qui match parfaitement avec l’époque angoissée/angoissante que nous vivons depuis la fin des symboles (petit clin d’œil malicieux au groupe néo-folk Death In June). Il est d’ailleurs extrêmement rare qu’un label aux sonorités aussi connotées arrive à se faire accepter par des sphères médiatiques qui ont toujours ignoré ce qui se tramait dans les caves et souterrains de l’underground. De The Soft Moon à Boy Harsher, de Rhys Fulber (membre fondateur de Front Line Assembly) à Die Selektion, d’Ancient Methods à Phase Fatale, d’Imperial Black Unit à Sarin ou de The Horrorist à Schwefelgelb, il y a chez A+W de quoi vider une boite de Captagon en suant toute la nuit sur un dancefloor cybernétique.

Je connais Philipp Strobel depuis une dizaine d’années. La première fois que je l’ai contacté, c’était en 2012 pour lui conseiller de jeter une oreille sur un des projets de l’ancien clavier de Norma Loy (j’ai archivé sa réponse enthousiaste deux ans avant que je fonde mon propre label.  J’ai eu l’occasion de passer deux ou trois soirées avec lui et sa bande de joyeux drilles à Berlin (au Berghaim lors du comeback de Nitzer Ebb en présence de Daniel Miller patron de Mute records, de Terence Fixmer et The Hacker que je lui ai présenté ce soir-là après que Strobel m’ai dit dans les chiottes qu’il était super fan du parrain techno grenoblois) et en Espagne (au Ombra Festival de Barcelone) ce qui m’a permis de mieux jauger le personnage et sa propension à fédérer tout ce que le monde des musiques électroniques sombres compte d’adeptes et de freaks.

J’ai connu beaucoup d’autres labels dans le genre durant mon adolescence, certains ont eu un succès exceptionnel dans les clubs américains et européens à la fin des années 80, à l’instar de Wax Trax ! et l’explosion de l’EBM et du New Beat made in Belgium (Play It Again Sam, Antler Subway…) à la même époque ont permis l’émergence d’un mouvement Electronic Body Music qui n’en finit pas d’influencer les jeunes musiciens actuels.

Pour poursuivre l’aventure du label, direction son Bandcamp.

13 commentaires

    1. tssss tsssss et à part faire des commentaires alcoolisés avec 3 pseudos différents venant de la même adresse IP : 93.8.192.21 ça va la vie ?

  1. j’ecoute branlette , Pendues , Flics, poubelle , boring siestas , t’as qu1 quenouille , rat scabies , rammellzee , ein typ wie du , drance latex love , tokyo violenta , sourire kabylle , rince toi l doigts , & bien pire encore.

Répondre à au violon pas dail pod! Annuler la réponse

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