Je dois avouer ma défaite, je ne l’avais pas vu arriver celle-là. Bien que « Homeland » (Showtime) soit une réussite complète, du « 24 » intelligent et palpitant, « American Horror Story » (FX) tient cependant la dragée haute à toutes les nouvelles venues. La raison ? Un vent de fraîcheur encore jamais vu à la télévision, et de l’humour scabreux sous délire paranoïaque et sexuel. Ici, ce sont les fantômes qui chassent les vivants.

Entre le plantage magistral et pressenti avant même sa diffusion de Terra Nova, et la nouvelle création AMC en demi-teinte Hells on Wheels qui peine à trouver de la profondeur dans sa conquête de l’Ouest, American Horror Story s’installe, avec Homeland, comme la plus belle nouveauté de la rentrée. Mais elle marque naturellement plus les esprits que cette dernière, au vu de son originalité. Avec Homeland, on persiste et on signe dans l’éternelle théorie du complot et la peur viscérale du peuple américain face à un terrorisme qui monopolise l’opinion. Bien ficelé, mais déjà vu. Avec American Horror Story, on parle d’horreur perverse, sexuelle, détraquée, sur la petite sœur de la chaîne publique ultra conservatrice FOX. Vous me direz, ce n’est pas la première fois que FX se lance dans le politiquement incorrect (Dirt en 2006, The Riches en 2007) mais enfin, toujours étonnant de voir ce logo glacial en bas de l’écran. Là où ses consoeurs se prennent gadins sur gadins avec des programmes réchauffés, ringards, mal écrits et donc annulés (ABC, NBC…), la FOX, via sa filiale FX, se sauve du naufrage.

L’histoire est assez simpliste : un couple de la côte Est américaine est au bord de l’implosion après l’adultère du mari, commis avec une étudiante toute mimi. Avec leur fille teenage, Violet, ils décident d’un commun accord de tout plaquer, traverser le pays et rejoindre le soleil de L.A., s’installer dans une magnifique maison victorienne, disponible à la moitié du prix du marché. Erreur terrible, car cette maison – hantée, évidemment – s’avère gorgée de souvenirs bien sombres. Les âmes des morts y errent, et viennent perturber considérablement la vie des habitants. S’ensuivent viols, meurtres et délires sado-maso, conduisant la famille Harmon dans une folie dont ils ne sortiront jamais. À noter qu’une saison 2 est déjà signée mais, comme un doux récit des Contes de la Crypte, ici chaque saison aura sa propre histoire, et ne sera donc pas liée à la précédente. No spoilers, mais la première a sa fin définitive ; elle signe le terminus de l’histoire de la famille en question.

On retrouve la touche de Ryan Murphy et Brad Falchuk, tous deux créateurs de Nip Tuck et Glee, avec l’utilisation magistrale de la bande son, par moments glaçante et reprenant idéalement les codes du genre, mais le plus souvent second degré et baignée d’humour. Car malgré les nombreux moments d’effroi, AHS c’est aussi de l’autodérision, de l’humour scabreux qui n’a pas peur de jouer avec l’horreur pour mieux décomplexer. Rien qu’à voir cette fin totalement burlesque, on comprend l’esprit ambivalent de ces créateurs qui passent de scène hardos (accouchement ensanglanté, tuerie adolescente) à des scènes pour le coup franchement décapantes. Il est vrai que l’on prend peur en mid-saison pour une autre raison, celle de l’essoufflement d’épisodes qui peinent à s’en sortir, tout comme les âmes piégées dans cette prison de luxe. Mais rapidement, les scénaristes vont plus loin et, n’ayant pas la contrainte d’une série sur plusieurs saisons, y vont gaiement pour zigouiller tout le monde. Et, mon Dieu que c’est jouissif, pour moi qui attends depuis sept saisons la mort de désespérées MILF’s. « Non, ils ne vont pas aller jusque-là, quand même ! » Eh bien si.

Sans retenue aucune, je suis emballé par cette fraîche nouveauté, vent d’horreur spectaculaire qui ne laisse aucune place à l’indifférence. Avoir vraiment les boules, ça fait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé. En rire, encore moins. Après avoir donc dévoré cette première saison, ma faim devra patienter jusqu’à l’année prochaine. Quelques pistes pour ne pas jeûner top longtemps : le début de House of Lies, le retour de The Killing et Game of Thrones, pour ne citer qu’eux. Ça devrait le faire.


American Horror Story – Trailer « Tune » [VO|HQ] par Lyricis

3 commentaires

  1. J’en suis au deuxième épisode, je trouve ça globalement décevant et complètement pas drôle. J’ai du mal à percevoir le second degré dont tu parles, en fait. Légèrement au dessus de Terra Nova, mais pas de beaucoup…

  2. c’est vraiment très décevant et le petit pillage de tricks néo lynchien font un peu peine.
    j’ai été jusqu’au troisième épisode qui m’est passé dessus comme un mc do dans un colon. Tera Nova, rien que la bande annonce …

  3. Le second degré, la dérision vienne surtout en fin de saison où l’on sent un lâché prise total des scénaristes.
    Je vous trouve très dur, elle m’a fait du bien cette série. « Légèrement au dessus de Terra Nova » quand même ! Faut pas exagéré, Terra Nova c’est Hélène et les garçons pour enfant de 10 ans.

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