Pour son nouvel album « VOLUME MASSIMO » Alessandro Cortini délaisse un peu l’ambient pour une approche plus pop et une musique électronique aussi libre qu’un attaquant dans la défense actuelle du Milan AC.

Si beaucoup d’artistes naissent et meurent sous la bannière d’une vague ou d’une tendance bien précise, d’autres échappent à tout « mouvement ». C’est le cas de l’Italien Alessandro Cortini dont le parcours défie toute logique stylistique ou commerciale.

Parti jeune d’Emilie-Romagne pour étudier la guitare au prestigieux Musicians Institute de L.A., il s’oriente très vite vers les claviers et répond à une petite annonce pour prendre celui des papes de l’Indus’ Nine Inch Nails. De quoi lui offrir un ticket pour voyager gratis à travers le monde dans les années 2000 en compagnie de l’énervé Trent Reznor et son orchestre, de produire un titre de Christina Aguilera, de remplacer le synthé des redoutables Muse en tournée ou de collaborer avec Ladytron. Voilà pour un CV très fourni mais qui ne fait pas forcément envie d’autant que son projet rock-indus-électro-clash SONOIO n’est franchement pas emballant.

Alors pourquoi en parler d’Alessandro Cortini ? Car, quand il utilise son patronyme, il produit depuis quelques années une musique totalement envoutante à mille lieux des références précitées où son expertise de laborantin de l’électronique lui permet de créer son propre langage, entre dark ambient et synthwave minimaliste.

C’est son sublime album « AVANTI » de 2017 qui avait mis la puce à l’oreille. En récupérant des images Super 8 de sa famille en Italie dont il avait extrait les dialogues pour les accompagner de nappes analogiques, Cortini livrait un disque magnifique dont la douce nostalgie mélancolique résonne encore deux ans après. Vivant désormais à Berlin qui est un peu devenu le Haight Ashbury de l’électronique, l’Italien a quitté la douce amertume de l’intimité familiale d’AVANTI pour partir dans le cyber-espace avec « VOLUME MASSIMO ». Dans son vaisseau, il a quand même conservé quelques reliques du passé (guitares, sonorités tribales) qui donnent à cet album plus pop un air rétro-futuriste pour une musique difficile à dater, entre la fin 70, les années 90 et le futur.

Une « expérience sonique ouverte » expliquait Cortini récemment chez Clash Magazine; le maestro ne laissant qu’une seule consigne : le disque doit s’écouter très fort, comme son nom l’indique.

Il en résulte 8 titres plus structurés où ce passionné de synthés vintage (Buchla en tête) s’en donne à cœur joie. La marche funèbre mêlant Suicide et Air LET GO se termine sur d’étonnantes notes de guitares psychédéliques ce qui était un des défis du disque : arriver à mêler à sa musique toute électronique la guitare de ses débuts et notamment l’amour du quadragénaire pour les difficilement fréquentables guitar hero Steve Vai et Eddie Van Halen. Un mélange osé qui fonctionne comme les notes new-wave de BATTICUORE, autre grand moment, rappelant parfois les monolithes soniques énormes des trop rares Fuck Buttons. Si AMORE AMARO et AMARO AMORE se répondent dans leurs digressions, la mélancolie est aussi présente dans le vacarme et les sirènes de LA STORIA où il laisse volontairement les imperfections dans les boucles de ses vieilles machines donner un peu de chair à l’ensemble. Rares chez lui, des beats s’invitent même dans le très métallique SABBIA.
Le nez dans ses bécanes d’un autre âge, Alessandro Cortini préfère qu’on se débrouille tout seul pour décider ce qu’il a voulu nous raconter. C’est une vague tristesse technologique qui s’en dégage même si ça pourrait être tout autre chose. C’est surtout un disque qui ne ressemble à aucun d’autre.

Alessandro Cortini // VOLUME MASSIMO // Mute

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