Si l’on vous dit Woodstock, vous pensez fleurs, drogues, amour à plusieurs et concert de Jimi Hendrix. Okay, mais en regardant de plus près, Woodstock c’est aussi un paquet de trucs crades. Alors que le festival tente le reboot pour ses 50 ans, retour sur un énorme foutage de gueule.

Dès le début, le Woodstock de 69, c’est un fiasco total. Le nombre de festivaliers attendus passe de 50 000 à 450 000. Au début ça donne un côté plutôt sympa et ouvert à tous. Surtout quand on sait que les concerts doivent être gratuits pour 350 000 personnes. Oui, sauf qu’en fait, non. Rapidement, des centaines de milliers d’individus se retrouvent dans un champ sans eau, vivres ou médicaments. Ce manque de sécurité causera la mort de trois personnes : une par overdose, une autre pour chute d’échafaudage et une dernière après qu’un camion nettoyeur ait écrasé un festivalier dans son duvet.

 » Woodstock a été créé pour les portefeuilles.  »

Mais le festival ne s’arrête pas à des problèmes de sécurité, après tout presque normaux pour un rassemblement de hippies totalement déconnectés de la vie. Déjà, dans la sélection des artistes, on note quelques couacs : les Stones ne sont pas invités parce que considérés trop « violents ». Le groupe Grateful Dead ? Il a dû jouer sur une scène trempée; les musiciens avaient droit à des petites ‘stimulations’ au contact de leurs instruments. Sympa. Pete Townshend, lui, a finalement utilisé sa guitare pour frapper la tête de Abbie Hoffman, le monsieur hippie qui comptait faire un discours politique.

Le plus paradoxal dans cet évènement, c’est surtout le côté business. Les organisateurs sont bien loin du Flower Power, le festival est même né d’une idée commerciale. Michael Lang voulait récolter des fonds pour créer son studio d’enregistrement. Au début c’est donc plutôt à la cool, avec une location de terrain à 50 000 dollars. Mais c’est sans compter le nombre important de festivaliers… Les organisateurs perdent d’abord beaucoup de pognon. Finalement, ils en récolteront pas mal à la revente des droits de captation audio et vidéo des concerts, devinez à qui ? Warner ! Sympa l’anti-capitalisme.

Le public qui venait autrefois en bus Volkswagen arrive aujourd’hui en Mercedes, Volvo ou Porsche.

Et cette image ne fait que se dégrader au fil des anniversaires. Le New York Times décrit l’ambiance en 1989. Pour son trentième anniversaire, le festival vend désormais des t-shirts à son effigie. La vieille ferme a d’ailleurs été reprise spécialement pour ça. Le public qui venait autrefois en bus Volkswagen arrive aujourd’hui en Mercedes, Volvo ou Porsche. Les cheveux longs et les t-shirt boueux ont été remplacés par des ponchos de pluie en plastique. Le Flower Power n’a définitivement plus rien à voir avec ce festival. Wavy Gravy, présent à Woodstock depuis 69, ne cache pas ce qu’il pense au journal : “un homme me paie une tonne d’argent pour passer une demi-heure à la radio. Que puis-je dire? Woodstock a été créé pour les portefeuilles ».

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Abbie Hoffman et Wavy Gravy à Woodstock en 69

Apparemment effaré de ce qu’est devenu le symbole hippie, le New York Times retourne au festival en 1994. Là encore, des personnes portent des T-Shirt Woodstock, mais cette fois-ci, ils sont entourés de déchets portant les logos des sponsors de l’évènement comme Pepsi ou Haagen-Dazs.

A la fin du festival, les urgentistes auraient déclaré avoir eu un patient toutes les 20 secondes.

Encore plus surprenant, la sécurité ne cesse de s’aggraver. Ce qui paraît fou puisque les règles sont plus strictes aux fils des années. A la fin du festival, les urgentistes auraient déclaré avoir eu un patient toutes les 20 secondes. On note plusieurs cas de déshydratation, d’épuisements physiques et deux morts. L’un aux suites d’une crise diabétique et l’autre à cause d’une fracture de la rate (?!). Le Docteur Ferdinand Anderson, présent sur les lieux, aurait même déclaré : « j’aurais de loin préféré rester dans la guerre de Corée ou la guerre du Vietnam« , dixit le New York Times. Bon l’homme s’est apparemment enflammé dans ses propos… n’empêche que cinq ans plus tard, c’est encore pire.

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Edition 1999 : nourriture très chère, pénuries d’eau (encore) et toilettes dégueu (encore aussi) provoquent des violences au cours du concert des Limp Bizkit. Juste après, une tour d’enceinte et quatre camions réfrigérateurs prennent feu pendant le set des Red Hot Chili Peppers. Un homme meurt d’une crise cardiaque et alors là, c’est la fin. Incendies, pillages et viols, Woodstock c’est terminé. Les feux continuent; les festivaliers n’ont pas d’issue de secours avant la fin des trois jours. A la fin de l’évènement, les policiers enregistrent huit plaintes pour viols et agressions sexuelles. Une fois le festival terminé, le champ prêté par un agriculteur est déclaré sinistré. Dit autrement : le Flower Power a complètement cramé.

Mais surtout, attendez-vous au pire pour ce cinquantième anniversaire. L’évènement semble arrivé au summum du capitalisme. Non seulement deux festivals sont programmés, mais en plus ils seront en compétition. Woodstock 50, organisé par le créateur historique, Michael Lang et Bethel Woods Music & Culture par le géant de la production de concerts : Live Nation (avec notamment Santana et Ringo Starr). Dans cette guerre, personne ne doute que le rêve des débuts est devenu un immense marketing. Espérons que cette fois, il sache s’arrêter au niveau des barrières de sécurité.

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