Certaines discographies donnent l’impression que chaque disque est déposé là comme on range sa valise. Par petits paquets catégoriques. D’abord les jeans, bruts et essentiels, puis les t-shirts, plus légers, et enfin les sous-vêtements, pas très importants. Vous me permettrez l’analogie, car la discographie d’Andrew Fox ressemble à une valise dont on peine à trouver le fond.

Si vous êtes tombés un jour sur une photo de la famille Other People, le label de Nicolas Jaar, ou du supergroupe de Dave Harrington, l’autre moitié de Darkside, vous avez peut-être remarqué son visage anguleux. Sans label fixe mais toujours bien accompagné, il est celui des trois dont on peine à dire le nom. C’est normal, une rapide recherche Google confirme que ses disques sortent de plus en plus discrètement.

« Constant Desire » est le troisième EP du New-Yorkais, un disque qu’il “était important de sortir cette année, pour que les chansons ne prennent pas trop la poussière”, nous dit l’intéressé. À entendre Andrew Fox raconter sa sortie à la va-vite, on écoute « Constant Desire » en se demandant si l’Américain n’a pas perdu quelque chose en route. Les chansons mêlent club music et indie pop (Animator, Acceleration), à côté de bons titres, mais oubliés aussi vite qu’écoutés (Waiting on a G, Constant Desire) comme on en trouvait sur le précédent disque, « The State Of  Things ».

Le truc, c’est que sans être désagréables à l’oreille, « Constant Desire » comme « The Stage Of Things » confirment qu’il y a bien un avant et un après Berlin pour Andrew Fox.

Vous connaissez l’histoire ? Après la sortie de « Visuals » en 2013, il quitte sa copine, ferme son studio à clé, s’envole pour la capitale allemande après avoir quitté New York et le dit lui même, “pour s’éloigner de l’esthétique du premier EP”. Dave Harringon, son ami d’enfance, jette toujours une oreille sur son travail et ne dit jamais non pour l’aider à la production. Mais là encore, difficile de retrouver le mordant des premiers titres avec Darkside aux manettes.

Le morceau Slowed Down, qui ouvrait « Visuals », justifie à lui seul ces quelques minutes à vous parler d’Andrew Fox si vous êtes passés à côté. Une ligne de basse au ralenti à faire croire à celui qui la joue qu’il est le Jésus électrique, une voix à faire espérer le nouveau Richard Fearless doublée d’une guitare qui enfonce le clou comme une évidence. Tout ce qui, en somme, a aujourd’hui disparu au fin fond de sa discographie, caché sous une pile de titres confortables mais, au regard de son premier EP, anecdotiques comme une paire de chaussettes.

http://www.visualsmusic.com/

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