Au golf, on parle de handicap pour définir le système de cotation des joueurs les uns par rapport aux autres. Dans le montre de l’entreprise, le terme COTOREP englobe tous les travailleurs physiquement ou intellectuellement diminués. Dans la musique, c’est l’appellation Toybloïd qui pourrait bientôt être utilisée comme mètre étalon de la simplicité d’esprit.

Arnold et Willy l’ont bien résumé : personne dans le monde ne marche du même pas ; on ne naît pas tous égaux. Un peu partout sur la planète, des sous-doués de la vie luttent quotidiennement pour faire leur place dans une société foncièrement déréglée ; ils n’ont pas les mêmes capacités que leurs voisins d’école, ont le Q.I. d’un moule à gaufre et confondent souvent un bon et un mauvais album des Ramones (c’est vrai que la frontière est mince, même pour les énarques). C’est là que l’histoire devient belle : tels des spermatozoïdes éclopés, certains de ces moutons à cinq pattes parviennent, même avec les pires handicaps du monde, à se frayer un chemin vers la gloire. Certains y parviennent silencieusement, d’autres en imitant le bruit des casseroles. Ou, dans le cas présent, grâce à un répertoire de chansons au style poum tchak issues d’un CD sampler de Guitariste Magazine version CE2. D’un point de vue résilience et question bras d’honneur à la génétique, disons-le franchement : c’est admirable.

Il arrive que certains de ces bras cassés hurlent plus fort que d’autres. On sait depuis peu que la vie végétale, par exemple, a ses propres règles ; que les vieux arbres imposent souvent aux jeunes pousses des conditions de vie difficiles afin de tester leur aptitude à la survie ; comme si la jeunesse devait être un parcours du combattant permettant de forger le caractère. Ces bras cassés hurlent donc plus fort que les autres pour exister ; on le comprend. Là encore, le trio de Toybloïd, dont le premier album éponyme est sorti l’année dernière, s’en sort avec les honneurs du jury tant la vacuité de ses chansons aurait dû le condamner à rester dans les bas fonds du darknet, tant on a l’impression d’entendre Téléphone en pire, avec le cordon autour du cou.

Parvenir à tant de médiatisation en citant les Yeah Yeah Yeahs, Danko Jones ou The Presidents of the United States of America, donner l’impression de jouer le sous-répertoire des membres de Subways à qui on aurait lobotomisé le peu de cerveau restant, c’est un miracle à la limite de l’inexplicable, et c’est un modèle à suivre pour tous ceux qui n’ont pas le talent de leur côté. Peut-être le fait que Lou, la « chanteuse », soit la fille de feu Stéphane Sirkis d’Indochine, est un début d’explication au mystère. Encore que si l’on s’en tient aux faits, la page Wikipédia de Toybloïd ne fait nulle part mention de ce lien de parenté ; la Lou allant jusqu’à écrire son nom « Sirchis » ; peut-être pour brouiller ces pistes qui de toute manière ne vont pas très loin.

Tant de bruit pour rien reste quand même une véritable énigme. C’est l’heure du grand retour en arrière, le moment du ponçage absolu. C’est un peu comme se reprendre le pire de l’indie-rock des années 2000 dans la tronche ; comme prendre une décharge pavlovienne à base de « 1 2 3 CHECK » suivie d’accords approximatifs et d’une ligne de chant à peine plus solide que celle d’un perroquet à qui on aurait fait manger du gravier ; c’est, enfin, comme demander à la lune si elle veut encore de nous. C’est complètement con. L’urgence adolescente, le cri braillard, les amplis montés à fond pour masquer les fausses notes, tout est là pour en arriver à la conclusion que l’espoir démocratique d’hier – la musique pour tous – semble être aujourd’hui devenu une désespérance totale. Le cas Toybloïd, à lui seul, justifierait qu’on limite l’utilisation des guitares à un nombre de personnes triées sur le volet au prix d’une série de tests psychomoteurs ayant permis de vérifier que plus de deux pièces s’éclairent dans le ciboulot.

Maintenant que l’exigence du temps long (les fameuses « carrières ») s’est fait rattraper par l’urgence de réussir vite et à tout prix, on repense à cette vidéo mythique d’Eddy le Quartier devant l’Olympia, patientant pour un concert de reformation (horrible comme on s’en doute) de Queen, à la fin des années 2000. « Le rock c’est un monde à part : tu peux te suicider à n’importe quel moment. Y’a des gens ils t’aiment, y’a des gens ils te détestent. »

Alors, franchement, c’est quoi le rock ? On ne sait pas vraiment. Toybloïd non plus. On dit souvent que le rock, c’est un état d’esprit ; c’est vrai, mais c’est aussi un esprit en état. Au moins là, on est fixés sur ces morceaux d’une débilité tellement profonde qu’ils finiront au mieux leur course dans une pub pour du déo vendu à des adolescents en montée de sébum. Sans transition, dans le prochain chapitre nous traiterons du problème de la consanguinité à travers le cas de Minuit, groupe protozoïdaire composé de deux des enfants de Catherine Ringer et Fred Chichin. Et là encore, ça finit mal, en général.

 

40 commentaires

  1. Peut être prendre des vacances très longues, doubler la dose de Gaviscon, arrêter tout cela ou prendre sa retraite loin de tout ? Ou alors c’est du 27 ème degré ? En tout cas, à utiliser comme contre exemple. Excellent dans le genre et atteindra l’objectif de se faire commenter, remarquer, partager.

    1. Moi qui aime le rock n roll, ça me donne carrément envie d’écouter et d’aimer ce groupe! Merci pour cette belle découverte Gonzaï, j’étais passée à côté !

  2. Quel article de merde ! Toybloïd les Sonic Youth de notre époque . je vois qu’on france nous restons bloqué dans nos conneries. Ca n’avancera jamais , c’est clair .
    On peut vous donner Grégoire , ou Vianney , Pagny ? encore d’autre puisque nos belles majors signent de belles choses
    abrutis

    1. Je sais pas qui est la personne qui a écrit ce commentaire, si c’est un troll ou non, mais en tout les cas filez lui un putain de prix nobel.

    2. Je suis tombé sur eux au Petit Journal j’ai trouvé ça plutôt cool, garage rock à fond pas un gramme de new wave à la française…ça fait du bien! Et puis y a pire en France: tous les groupes rock prétentieux à la Cheveu, Bagarre etc…

  3. Toybloid, un des plus grands groupes de rock à l’heure actuelle en France, c’est direct, ça envoie du bois, c’est frais, c’est sensuel, c’est nos Runaways à nous, frenchies, depuis le temps qu’on les cherchait, mais si vous préférez les La Femme, Cocoon, Juveniles, Grand Blanc ou autres Phoenix, c’est votre problème mais, pitié, ne dites pas de mal de ce trio qui n’est pas à la place où il devrait être en ce bas monde mercantile…

  4. « Sonic Youth de notre époque », « un des plus grands groupes de rock à l’heure actuelle en France ». Y a que des journalistes du Gorafi dans les comments, ou quoi ?

  5. C’est combien la pige pour écrire une merde pareille ? Sans parler du fait que Mongoloïde, ce n’est pas une insulte (mais se réfère à un type de morphologie) et que c’est un vocabulaire d’un autre temps.
    Vous avez des cartes de presse ? (vraie question)

  6. Ah ah j’imagine qu’ils sont sur un label qui n’achète pas assez de pub chez Gonzaï ?
    Vive le Rock. Le vrai, un peu crétin ( bebopalula etc )!

  7. Vous vous prenez pour qui pour insulter ce groupe qui est super en concert et ailleurs !!! Vous n’y connaissez rien à la musique pour dire des horreurs pareilles !!! La politesse vous connaissez ??? ON NE DIT PAS LA LOU MAIS LOU !!! Vous n’aimez pas Famille SIRCHIS ??? Bien dommage pour vous car c’est un nom gravé à jamais dans la mémoire de beaucoup de Fans Européens et + encore !!! Je m’arrête là car vous me dégoûtez !!! Changez de métier !!! A bonne entendeur salut ……………………………………….

  8. Aïe qui rime avec Gonzaï ! Ça pique un peu… Comme une piqûre de moustique qu’on ne manquera pas d’abattre au bout de deux ou trois coups de savates bien envoyés.

    À la lecture de ce torchon usagé non identifié le mauvais goût persiste et c’est rance; tout comme le goût de l’ail coincé entre les dents qui rime lui aussi avec Gonzaï.

    « Article » pauvre en substance et mal renseigné comme ce passage sur le nom de famille qui aurait servit à « brouiller les pistes » alors qu’il est simplement écrit dans sa forme initiale. Dommage pour ce qui semblait être la seule « info » de l’article.

    Tellement pauvre qu’il suffit de remplacer le nom du groupe par n’importe quel autre pour comprendre que ça fonctionnerait tout aussi bien. Ça montre l’absurdité et le vide du propos.

    M’enfin ça aura au moins eu le mérite d’ouvrir les yeux des lecteurs assidus mais aussi des nouveaux. Le temps est précieux et la lecture de papiers aussi immatures n’en vaut décidemment pas la peine.

    Je garde en mémoire ce vieux billet adolescent qui se regarde le nombril, frustré de ne pas avoir trouvé d’angle plus intéressant pour son écrire son papier que d’attaquer mollement un groupe qui ne l’inspire pas et dont il ne connait que le nom et deux morceaux écoutés sur YouTube.

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