Une voix majestueuse et posée, grave et douce à la fois, sans prétention. Kate Stables, musicien britannique expatriée à Paris depuis plusieurs années, est la voix et l’âme de This Is The Kit. Elle avait cinq interviews dans la journée pour parler de son prochain album signé chez Rough Trade, et celle-ci était la dernière. Voici comment ça s’est passé.

Assise confortablement, en tailleur, dans un grand canapé beige, Kate reçoit en toute simplicité. Une guitare acoustique traîne à l’autre bout du canapé. Elle dessine : « Je fais le portrait de toutes les personnes qui m’ont interviewée aujourd’hui, mais sans regarder ce que je dessine ! » Une prouesse artistique ? Aucune idée. Mais ça reflète sa personnalité. Une musicienne qui a toujours vécu de rencontres, de belles occasions, d’échanges et de musique. Avec son groupe, This Is The Kit, elle sort son nouvel album « Moonshine Freeze » en juillet. L’occasion de discuter de sa vie, du succès récent et de ses craintes.

Première question un peu bête, pourquoi tu fais de la musique ?

J’y réfléchissais ces derniers temps, et j’essayais de me souvenir de ce que je voulais faire plus tard quand j’étais une petite fille. Je te dis ça parce que ma fille a 10 ans et elle m’a posé la question. Je me souviens seulement que je voulais être l’une de ces personnes qui vivent dans des maisons en bois à la campagne. Je voulais juste faire ça comme métier. L’une des rares choses que j’espérais vraiment, c’était de pouvoir faire de la musique, sans jamais penser que je pourrais un jour en vivre. Ensuite, je pense aussi que les humains ont besoin de faire de la musique pour rester en bonne santé. C’est un peu comme un besoin nutritionnel. Pour moi, ça me permet de rester stable et d’être une meilleure citoyenne. Disons que je me sens plus utile à la société.

J’ai l’impression que tu n’as jamais recherché à devenir célèbre.

La célébrité ou le succès, ce sont des termes controversés. D’autres personnes ont besoin de la reconnaissance des autres, qu’on leur dise qu’ils sont géniaux, qu’on les aime. Chacun a ses propres besoins. Moi, si tu veux que je fasse quelque chose, c’est facile de me convaincre en utilisant la psychologie inversée. Je veux toujours faire l’inverse de ce qu’on me demande. 

Ta signature chez Rough Trade, c’est comme une sorte de progression ?

Oui. Récemment, des personnes me disent : « Ça y est, tout le travail finit par payer. » Mais ça veut dire quoi « Ça y est » ? Oui, je suis contente d’avoir signé avec un nouveau label, oui, j’ai bossé dur pendant 15 ans, mais il n’y a pas d’avant ou d’après, il faut juste continuer. Et c’est ce que je fais, je trace ma route.

Quand les gens te disent que le travail finit par payer, ce n’est pas méchant. Tu les comprends ?

Oui, je comprends bien pourquoi ils me disent ça, c’est plutôt positif. Ils apprécient ma musique et j’apprécie qu’ils apprécient. Mais c’est loin d’être fini pour autant ! Maintenant, je dois travailler avec des nouvelles personnes, nouer de nouvelles relations, gérer différents profils…

« La passion est entachée par le fait de devoir bosser avec d’autres personnes au sein de l’industrie musicale. »

Est-ce que tu te sens plus sous pression aujourd’hui qu’avant ?

J’ai plus la pression parce qu’il y a plus de personnes impliquées dans le projet : des managers, le label et des personnes qui se sont beaucoup investies dans le projet qui méritent une certaine reconnaissance. Donc je me sens un peu sous pression pour eux, j’ai l’impression d’avoir la responsabilité du bon fonctionnement de leur « plan ».

Mais toi, en tant que musicienne ?

Moi j’aimerais m’améliorer à la guitare, mieux chanter, apprendre d’autres instruments… Je me sens plus responsable pour les autres et leur bien-être que pour le mien.

Dernière question, est-ce la musique peut être à la fois un travail et une passion ?

La musique, c’est ma passion, mais c’est aussi mon travail, ce qui veut dire que les deux côtés ont du bon et du moins bon. La passion est entachée par le fait de devoir bosser avec d’autres personnes au sein de l’industrie musicale. Parfois, j’aimerais bien que les deux soient séparés, que je rentre le soir après le travail et ne pas avoir à vivre avec la musique tout le temps. Ceci dit, c’est un aussi un privilège et j’ai beaucoup de chance de pouvoir en vivre.

This is the Kit // Moonshine Freeze // Rough Trade (sortie le 7 juillet)
https://thisisthekit.co.uk/

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