Sur le papier, ça sonnait pourtant bien. Deux vieux potes et pointures de l'indé des 90's (Josh Homme et Dave Grohl) s'acoquinaient avec un vieux baron zepplinien (John Paul Jones) p

Sur le papier, ça sonnait pourtant bien. Deux vieux potes et pointures de l’indé des 90’s (Josh Homme et Dave Grohl) s’acoquinaient avec un vieux baron zepplinien (John Paul Jones) pour créer une entité cohérente et fulgurante. Them Crooked Vultures.

Avec ce genre de formation, qui accroche des étoiles à un album comme un rédac chef en met au cul d’une chronique de disque de rock à papa, c’est le buzz qui confère parfois l’inexplicable ferveur aveugle du fan au domaine de la pré mythologie. Le tout plus ou moins voulu, voire maitrisé, par les membres du groupe et leur management.

Rien de neuf sous le soleil, la rumeur n’a pas attendu l’avènement du dieu internet pour diffuser la bonne et la mauvaise parole, mais force est de constater que la toile est devenue depuis dix ans un accélérateur avide de mythes puzzles qui se forment aux rythmes de communiqués tapageurs. Souvenez-vous, la stratégie virale, il y a peu, semblait être un acte indépendant, court-circuit aux stratégies globalisantes et au marketing systématique des majors et des gros labels indés. Aujourd’hui les plus sceptiques se plaignent, souvent à juste titre, que l’on nous fait le coup trop souvent pour que ce soit honnête. Ce n’est pas la baudruche Audioslave, cas d’école de la décennie passée s’il en est, qui tend à prouver le contraire.

Dans le cas présent, sans dépouiller complètement les carcasses de leurs groupes  respectifs, les vautours de Crooked Vultures nous laissent sur notre faim; ils ne répondent évidemment pas aux aspirations de milliers d’aficionados qui rêvent encore de l’équation rock 2+1= 1.

Tant que Dave Grohl est occupé sur ce projet, Foo fighters est en berne. Voila au moins une vrair bonne nouvelle pour l’auditeur lambda.

Organe de gueulard, rock de stade et ses ballades à faire passer Green day pour de dangereux hardcoreux, tondeuse à barbe dans la salle de bain… la mauvaise nouvelle c’est qu’il ne suffit pas d’avoir le batteur le plus explosif depuis Keith Moon dans ses rangs pour que la cohérence jaillisse comme la téquila dans une fête de village mexicain. D’emblée ce qui manque aux vautours, c’est une histoire commune, une vie de groupe sur le long terme. Du savoir faire, du savoir jouer. Des références partagées par ces érudits et vieux routards de surcroît, il y en a à la pelle. Pensez donc: Kyuss, Led Zep, QOTSA, Nirvana, des featurings et j’en passe… Et alors ?

Il y a certainement une politesse et un respect mutuel trop profond chez ces gens là pour qu’il puisse en ressortir quelque chose de viscéral, de dangereux. Manque l’arrogance qu’ils ont maintes fois possédé pour faire muter le rock vers des cieux atypiques. Et cela n’a jamais été une question d’âge. Que Josh Homme et Dave Grohl, un poil essoufflés, maitrisent encore le une-deux, pas de doutes. Mais le troisième larron est-il toujours en jambe pour rentrer dans la surface ?

De John Paul Jones, on attend à tort l’inaccessible, le précipité du dirigeable et des arrangements de haute voltige dans la lignée de Houses of the holy ou des cordes de She’s a rainbow des Stones. Ici, ses lignes de basse, malgré un gros son qui tape, ont pris un petit coup de vieux dans la catégorie je-vous-refile-du riff-heavy-blues-prog made in 70’s, à l’image de Elephants, Gunman ou Warsaw or the first Breath you take after you give up. On reste bien sûr dans la noble virtuosité mais ça n’adhère pas à tous les coups.

Ce sont bien ces vieilles manières du papy qui entrainent l’album sur un terrain de déjà vu, qui écorne au passage l’intérêt des mélodies tarabiscotées qui ont forgé la patte de Josh Homme. Bien évidemment, tous les titres auraient pu se retrouver sur un album de QOTSA, mais le traitement aurait été un peu moins classique. Sur Scumbag blues, on se marre même un peu quand l’homme du désert chante à la Jack Bruce de Cream, que Jones balance sa bonne vieille recette au clavinet pour soutenir un solo baveux.

Autant le dire simplement, cet album n’est pas une honte discographique, seulement anecdotique. Les moyens qui sont mis en œuvre pour faire monter la sauce sont démesurés par rapport au résultat, un tantinet redondant au regard des carrières des forces en présence.

Une bonne vieille Desert session aurait fait l’affaire, ni plus, ni moins.

Là, le miroir déformé ne reflète certes pas des alouettes mais des vautours repus, engoncés dans leurs certitudes, en mode cruising sur une highway parsemée d’habitations, comme leur musique. Dommage, pendant quelques minutes à l’écoute de Interlude with ludes, on s’était pris à rêver dans un beau futur antérieur, à attendre un typhon psychédélique saturé de chrome, assis sous un préau dans la chaleur étouffante du désert de Joshua Tree. Same players shoot again ?

www.myspace.com/crookedvultures

34 commentaires

  1. je te remercie courageux anonyme pour les commentaires que tu as écrit dans la marge

    par contre désolé mais je ne travaille pas mon style comme on travaille son coup droit au tennis. Alors, à l’avenir évite de me lire quand tu passes par ici.

    Pire et c’est là que tu vas pouvoir te déchainer, je prends plutôt mon temps pour écrire ( bester le sait pour me relancer).
    par contre, je me fous radicalement d’occuper le terrain et mon ego qui va très bien n’a pas besoin d’être flatté.

    Pour ce qui est des blogs musicaux, je commence vraiment à en avoir ras le cul de cette hypocrisie qui consiste à s’octroyer le monopole de l’intelligence par rapport au papier. Va vraiment falloir tuer le père ou entamer une psychanalyse. C’est quoi ce concours débile, on ne cherche pas à pisser plus haut sur le mur, non ? On ne réinvente pas la roue non plus ?

    ok on essaie de se différencier mais perso je ne pense pas que rock and folk et les inrocks soient des contres modèles et si j’écris ici ce n’est pas une croisade contre ces gens dont je ne partage pas toujours les goûts et les couleurs.

    Vous n’avez pas l’impression que c’est devenu un sport de jaloux que de lire les inrocks pour mieux cracher dessus ?
    Mais dans ce cas là arrêter de nous faire chier à en parler!!!!!

    perso je ne suis pas trop dans cette dynamique de frustré, je fais juste ce que j’ai à faire c’est à dire parler de musique librement et sans aucune ambition derrière (je suis déjà passé par là et non merci)

    maintenant courageux anonyme tu sors du bois et tu nous montres ta belle plume et ton blog ou peut être n’est tu qu’un de ces gueulards du net ?

  2. Bonjour,

    Pour rebondir sur « en 2 clics on peut se faire sa propre idée » : ça me navre. Ce qu’on écoute sur YouTube ou MySpace ou Deezer, c’est un son mp3, compressé, pourri quoi. Je n’appelle pas ça écouter de la musique. D’autant que c’est souvent écouté sur des petites enceintes d’ordi, quelle misère… C’est comme regarder un petit jpeg de Rembrandt et de donner son opinion sans jamais avoir vu le tableau.

    Sinon, j’ai beaucoup aimé TCV et je trouve la critique sévère… mais elle a le mérite d’être solide et c’est bien de lire des avis différents.

  3. Ca faisait un bail que je n’étais pas passé par ici. C’est toujours autant le bordel, dans les colonnes comme dans les marges, mais c’est chouette.

  4. Je trouve que Serlach a raison et que sa chronique est fort bien argumentée. Et pourtant j’ai attendu cet album la bave aux lèvres. Mais force est de constater que c’est juste ok quoi, en tous cas pour des mecs aussi cool.. J’ai eu exactement la même réaction que YIYI « je m’attendais a quelque chose de plus « WOOAAW » ». et pourtant j’aime bien le prog de papy, même quand ça tourne au blues rock basique (mais c’est sûrement parce que je vieillis)

  5. En même temps, vu la tronche du dernier Queens of the Stone Age et celle de la plupart des disques des Foo Fighters, fallait s’y préparer.

    Ce que je n’ai d’ailleurs pas fait, vu que je l’ai commandé hier.

  6. On ne le dira jamais assez : les supergroupes, ça ne marche jamais.

    Bon, presque jamais. Combien de perles en tout et pour tout ? La Super Session d’Al Kooper ? Les Crust Brothers ?
    Pas Dead Weather en tout cas…

  7. You’re right Serlach,
    sans aucun doute, mais vous êtez trop intello/analytique, écrivez aussi avec votre coeur et vos c… !

    voici une chronique écrite en plus mode « putain chuis fan je kiffe trop ces mecs » sans aucun recul, mode plaisir.
    c’est un contrepoint intéressant il me semble.

    ici !
    http://www.concertandco.com/cdvisu.php?s=them+crooked+vultures

    PS pareil je n’écris pas (que) pour chier sur les inrock’n’folk que je lis et apprécie parfois.
    bon boulot collègue !
    A +

  8. salut les kids.. (nan je rigole)

    j’ai bien aimé ta critique petit Serlach, cependant voir réunis Josh Homiz, Dave et JPJ, ferait bander n’importe quelle aficionados de rock sauvage – into the wild-, les petites vendues du stoner rock susmentionnées connaissent leur bizness, et rien que pour pouvoir chantonner les paroles de Caligulove, je suis joie d’avoir cet album. Ils sont encore jeunes et pourtant ce sont déjà des papys rockeurs revenus de tout. Kyuss n’est plus, nous nous repaîtrons et jouirons du cadavre, à défaut de mieux.

  9. Les supergroupes ça marche jamais exception faite de Mad Season qui réussit à être meilleur que les trois groupes dont les membres sont issus (en même temps c’est pas dur).

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