A l’écoute de Sex with an X, j’ai immédiatement songé à Sergeï Bubka en fin de carrière pendant un meeting au stade Charlety. A l’époque les jeunes éphèbes s’empoignaient jusqu’à 5m80, les meilleurs frôlaient les 6 mètres puis, venait le moment où le patron ruscoff tombait le jogging made in goulag et l’affaire était pliée comme sa barre. Lui, en toute simplicité, tutoyait les cummulonimbus.

Le rapport ? Dans la catégorie pop indé, c’est un peu le même combat et on compte sur les doigts d’une main de Django Reinhardt ceux encore capable d’émoustiller nos acouphènes après quelques tours de pistes. Même si on serait prêt à en remettre certains sur le podium pour un jubilé, on sait pertinemment que le retour à grands coups de cachetons va venir gâcher l’esprit Coubertin de la fête. Perte de fraicheur, albums aux kilomètres, délires mystico-depréssifs, manque d’inspiration, tournée best of, les écueils sont légions et les déceptions à prix pourtant prohibitifs. Exception qui confirme la règle, les Vaselines ont ressorti le tube resté vingt ans dans l’armoire à pharmacie pour glisser vers l’un des meilleurs come back en activité et, comme jadis le vieux Sergeï, ont remis la barre très, très haute.

Dans la mythologie indé, ce duo masculin féminin a toujours été dans le vrai. Un groupe qui ferme les écoutilles après seulement deux ans d’existence, deux singles, un album et un buzz classieux qui portait le tout, ça en jette. Nirvana qui enchainent trois covers et Cobain qui les encense à longueur d’interviews, ça ne fait pas de mal pour sortir du sérail pop. On croyait définitivement les écouter avec un rétroviseur dans la tête et les voilà qu’ils remettent ça avec tellement de classe qu’on aimerait racheter des K7 vierges pour recopier le nom des titres en écriture patte de mouches. OK, Eugene kelly n’a plus sa coupe à la Sterling Morrison mais foutre dieu l’écriture et la frimousse de Frances McKee n’ont pas pris une seule injection de botox. Tel un miracle sorti d’un pub de Glasgow, l’ironie des voix désabusées, les mélodies accrocheuses sur deux accords, la chaleur analogique des guitares granuleuses, les batteries souples et stakhanovistes, tout est là, délectable comme une pinte fraichement servie. Une intro au son low-fi d’un 4 pistes à bande dont la fonction pitch déconne sérieusement, et c’est parti en grande fanfare mélodique avec Ruined qui rue dans les brancards d’une pop sans âge. On l’avait presque oublié mais faire du catchy qui a de la gueule, sans grosse prod et voix autotunées, c’est possible.

De là à penser qu’ils vont concurrencer la guirlande son et lumières Lady Gaga, faudrait être fou ou bien pensant…

Manifeste qui vous fait sentir moins seul  l’espace d’un instant, le nouveau mètre étalon du groupe  I hate the eighties, engendre une jubilation inscrit dans l’ADN des jeunes qui ont souffert de cette décennie gerbante et exhibe un gros bras d’honneur à tous les beaufs branchagas révisionnistes. Pour ceux qui douteraient encore des méfaits à long terme de cette sous-culture jetable, Orchestral manoeuvres in the dark sort bientôt  une nouvelle bouse discographique qui saura leur ouvrir les yeux ou les confirmer dans leur obscurantisme de mauvais goût. I hate the eighties, cause the eighties were shit. Rien que pour ce refrain l’album mérite une place de choix dans votre discographie digitale, le majeur bien en évidence.`
The devil inside me
prouve qu’ils peuvent même se balader avec les poncifs Blues et Poison pen se paie le luxe de sucer le riff de What goes du Velvet sans que le puriste ne crie au meurtre une seule seconde. My God is bigger than your god se défoule sur la connerie de la bible belt sur un rythme country western marqué par une caisse claire de bouseux ricains et un solo de guitare de haute sobriété. Le jeu vocale en forme de question / réponse touche au sublime.

Exit the Vaselines qui clôt l’album ressemble fort à un dernier effort avant cessation d’activité discographique. Le trentenaire déjà accroché au fil de l’écoute aura la sensation d’être un oxymore vivant : suffisamment vieux pour renouer avec le fantôme d’un passé, si adolescent de savoir que peut-être lui seul peut comprendre. Et puis il s’en foutra un peu parce qu’au train où ils vont, il sera sourd avant que le duo dédaigne émettre l’envie de remettre le couvert. Autant en profiter pour monter le son du lecteur cassette retrouvé.

The Vaselines // Sex with an X // PIAS
http://www.myspace.com/thevaselinesband

8 commentaires

  1. C’était le bon vieux temps,
    ça fait mal de les voir tels des grands parents du rock,
    aujourd’hui bardés de marketing naze à coup de x.

    Qu’est-ce qu’ils ont branlé pendant 20 ans ?
    Ils ont juste touché des droits d’auteurs ?

  2. mon dieu mais oui c’est horrible passé 27 ans on devrait tous se planquer dans une cave en attendant trépas.
    bardé de marketing ? euh bon ben ils vendent des disques mais pas sûr qu’il y ait un affichage dans les métro de paris, londres et los angeles et une tournée dans les stades.
    Pour le côté X, je vois que l’asticotage n’a pas, selon la légende urbaine, qu’une corrélation avec la surdité masculine ( je suppose que zezette est membré), elle peut également engendré des troubles de l’esprit ( as tu au moins écouté l’album ou est ce une réaction première / primaire ?)

    les droits d’auteurs ? j’espère qu’en effet ils ont touchés un paquet de fric et qu’ils peuvent se payer du bon temps avec, voir même pourquoi pas en faire profiter leur progéniture ( bouh le vilain crime)
    c’est vrai que c’est tellement mieux quand les artistes sont ruinés par des gros méchants, la fange c’est toujours plus classe et « vrai » hein ?

    pour info monsieur s’est pris un procès pour avoir osé appelé son groupe captain america ( merci marvel) et la madame a fondé suckle et les deux ont picoré à droite et à gauche
    et depuis quand c’est un crime de glander ?
    tout ça donne pose quand même pas mal de question, non ?

  3. cher pat tous les vices sont dans la nature et les miens pourrait certainement te donner un goût détestable aux oreilles
    je dois avouer ne vraiment pas porter cette décennie dans mon coeur même si évidemment les marges étaient très bonnes. En fait plus le mainstream est ignoble, et sur le coup je ne vois que les 90’s pour tenir la comparaison, plus on trouve des pépites qui aujourd’hui nous paraissent évidente.
    Perso à l’époque je croupissais en province ou lorsque l’on entendait quelqu’un parler de sonic youth, de velvet ou de pixies on discutait avec lui et ce même si c’était un con.
    je maintiens, la grande lessiveuse des 80’s était vraiment immonde

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