"Jack Daniels n°5 et glace pilée, PAS en cube". Certaines déviances du show-business sont tellement fréquentes qu'elles sont devenues des clichés du rock'n'roll.

Qui trouve d

« Jack Daniels n°5 et glace pilée, PAS en cube ». Certaines déviances du show-business sont tellement fréquentes qu’elles sont devenues des clichés du rock’n’roll.

Qui trouve décalé qu’un batteur se démonte à la vodka dans sa loge une fois le show fini ? Quand on aborde un concert par la queue – devant le guichet – on oublie que backstage, derrière chaque vodka se cache une main complice et un musicien assoiffé. Du coup les riders, ces fiches de requêtes personnelles ou techniques qu’adressent les groupes aux régisseurs, sont devenus des listes sans fin de petites exigences égocentriques et cupides. En cas de manquement ? Go get screwed, la rock star ne montera pas sur scène ! As simple as that…

Allant du drapeau américain sur scène (« disposé de manière à ce que chacun puisse le voir ») pour Johnny Cash à un large saladier de crevettes roses (« épluchées et de qualité supérieure ») pour les Beach Boys. Mais aussi un médecin O.R.L. entièrement à la disposition de Ozzy Osbourne, capable d’injecter des vitamines B12 et un puissant inflammatoire à tout moment…

The Smoking Gun, un site web vaguement « people », spécialisé dans la diffusion de documents « preuves » (d’où son nom, métaphore proverbiale des whodunnit) comme des dépositions de police ou des photos d’arrestation (dont celle de Johnny Cash à El Paso en 1965 et d’un Thin White Duke pas cocaïnomane pour deux sous), ne pouvait pas laisser passer de telles pièces à conviction, si éloquentes quant aux rock stars concernées. La section Rider est devenue une source indispensable (et visiblement intarissable), depuis que nous sommes revenus à une époque où toute la promo d’un groupe – et donc sa carrière – (ou l’inverse non ?) repose sur la tournée.

C’est donc dans cette section que s’alignent des dizaines de pages drastiquement sérieuses, aux exigences ultra-pointilleuses (« 5 cendriers (en verre uniquement !) dans chacune des 3 loges » pour AC/DC), au travers desquelles on peut à l’occasion déceler quelques lâchages de tête :

OUI ! AC/DC a demandé des bouteilles d’oxygène et des masques pour aller avec, durant sa tournée Black Ice ! OUI, Frank Black a besoin d’une loge avec une lumière tamisée en permanence, et des repas de poisson. NON Coldplay n’aime pas le Chardonnay, mais préfère boire du jus de tomate en écrivant des cartes postales (que le régisseur aura pris soin d’affranchir lui-même, hein)…

Devant tant de crétinisme professionnalisé, on ne s’étonne plus de l’anecdote des M&M’s de Van Halen, reprise (et détournée) dans Wayne’s World, qui, de l’aveux du concerné, était en fait un excellent moyen de vérifier que les gens qui les accueillaient faisaient bel et bien un effort dans leur préparation, ce qui permettrait d’éviter de trouver des projos mal vissés, ou des réseaux électriques mal finis… Mouais.

Pourtant, les Stooges ont réussi à transcender le genre. Long de presque deux dizaines de pages, leur rider était rédigé par un de leurs roadies, Jos Grain, et accumulait une série délirante de bullshits (« 4 ou 5 repose guitare – hum je dois faire un choix, ok alors disons cinq. Ou six. ») au milieu de quelques informations vaguement essentielles (indication pour le mix : « je veux entendre le saxophone sur les chansons où il y a écrit SAXOPHONE… »).

Ainsi à propos des lumières, Jos balance sans hésiter qu’il n’est pas du tout au courant de comment on doit gérer cela et que cela n’a aucune importance, vu que « personne ne rentre chez soi [après le concert] en sifflotant les lumières, de même que personne ne vient à un concert pour regarder les enceintes de retour. Avant, on avait un responsable lumières, mais il est devenu dingue, alors on a du le descendre. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire. »

Niveau loge, une déco un peu moins rock’n’roll… « heu, vous connaissez des homos ? ». Niveau bouffe, du chou-fleur et des brocolis « coupés en morceau et foutus direct à la poubelle. Putain j’ai horreur de ça. ». Et puis bien sûr niveau picole, de la vodka « décente » et « pas faite en Angleterre », mais aussi de la bière sans alcool « pour le saxophoniste, il adore la mélanger avec du whisky ou des autres bières, probablement. »…

Tout – tout ! – y est excellent. Un des meilleurs souvenirs que laisse The Stooges derrière lui, entre trois-quatres LP. A lire comme une chronique de Lester bangs ou un souvenir de Pamela Des Barres. Chez The Smoking Gun…

 

http://www.thesmokinggun.com/backstagetour/iggypop/iggypop1.html

http://www.thesmokinggun.com/backstagetour/index.html

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