On les tient ! Le groupe psyché de l’année ne s’appelle pas Tame Impala. Il ne s’agit pas non plus des surprenants Wall of Death et de leur excellent "Main Obsession", ni de la clique de Frisco menée par le stakhanoviste Ty Segall et son projet barré Fuzz et encore moins des mitigés Wooden Shjips.

Cette année, il faut traverser l’Atlantique en diagonale et fouiller du côté des cactus de l’Atacama et des lacs sud-américains pour trouver les héros de la nouvelle vague psyché des early 10’s. Et les figures de cette révolution onirique où la reverb fait figure d’arme de destruction massive ne sont rien de moins que deux tous jeunes chiliens répondant au doux nom de The Holydrug Couple, aux accents plus eschatologiques que festifs. Avec l’album « Noctuary » sorti courant 2013 par les amoureux du travail bien fait de chez Sacred Bones, le précoce Ives Sepulveda officiant au sein des  prometteurs Follakzoïd – en concert le 24 novembre dans le cadre du festival BBMIX – et son comparse Manuel Parra à la section rythmique réinventent le garage psyché solaire sur un mode lo-fi et contemplatif.

Leurs envolées lyriques sont des déflagrations soniques truffées de reverb assénées dans la plus grande simplicité. Les voix perchées très haut forment autant de rayons lumineux que d’appels à la vie sauvage dans les grands espaces sud-américains perdus entre les nouvelles poétique d’un Robert Bolaño et les énigmes Borgesque. Une véritable mystique de la vie sauvage dans un monde perdu s’opère dans cet album dont la pochette aurait aussi bien été illustrée par celle de « Rituels d’un nouveau monde » de Zombie Zombie. Entre traditions fantasmées et subversion par le mystère.

« Noctuary » est composé d’œuvres solaires et bucoliques comme Country Sailyboat ou encore l’extraordinaire Red Moon, un des plus grands morceaux de garage psyché pondu depuis un moment, réalisant la synthèse parfaite entre la puissance mélodique de Tame Impala et la maîtrise de la reverb d’un groupe comme Jack of Heart. Ces chansons au format simple sont entrecoupées de longues ballades grandioses comme Out of Sight où des motifs mélodiques langoureux laissent place à des pics de reverb qui agissent comme de véritables attrape-rêves, aspirant toute la psyché déployée dans le morceau pour se tarir dans des mouvements de digression de toute beauté. Ou d’interstices mélodiques orientalisant comme Willowed et de chansons instrumentales comme Paisley aux guitares acides comme un rêve sous helium, dont les mouvements de maracas de fin apaisent de véritables râles de guitares emplis de complaintes nocturnes. Non sans rappeler quelques morceaux psyché épiques, aux tonalités parfois indiennes, de Love.

Un album d’exception en somme, et qui augure de la plus belle des suites pour ce groupe qui aura l’occasion de démontrer son talent en live mercredi soir à l’Espace B. Espérons qu’ils nous entraînent éveillés dans leur rêve.

http://theholydrugcouple.bandcamp.com/

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