Moon duo vient de sortir en quelques mois deux albums à écouter comme deux facettes d'un même projet : l'une sombre, l'autre plus lumineuse, et les deux portées par des recherches ésotériques, les guitares de Ripley Johnson et les synthés de Sanae Yamada. On a donc demandé quelques éclaircissements à cette dernière sur comment traverser ces morceaux.

 

« Occult architecture » se compose de deux albums et entre les deux on sent une tension, d’un coté un rock agressif et de l’autre un versant plus éthéré. C’était prévu ou c’est venu pendant l’écriture ?

Sanae Yamada : L’idée est arrivée assez tôt dans le processus d’écriture. Nous avions déjà réuni un peu de matériel et on s’intéressait à l’idée d’éléments contrastés mais qui pourraient former un ensemble. Nous avons voulu sortir les deux disques séparément parce qu’il correspondaient à deux moments d’un même cycle, et chacun d’entre eux était en rapport avec une saison – le premier volume était assez froid, hivernal et le second, plus chaud, appartenait au printemps.

Les deux disques sonnent plus rock que les précédents. A chaque morceau on a l’impression de se retrouver dans une sorte de train de marchandise chargé de riffs.

Sanae Yamada : Ce n’était pas vraiment une intention de sonner plus rock, nous avons juste suivi le chemin tracé par la musique et par ce qu’elle devait être. Disons que le projet se construit à plusieurs et qu’atmosphère et tension se tissent de différentes manières.

« Il y a toujours eu une connexion forte entre le rock et l’occulte. »

Sur leurs constructions, les morceaux ont l’air d’être des sortes d’architectures justement. On y entre et s’y ouvrent des espaces qui peuvent être parfois labyrinthique. Comment est-ce que vous contrôler cette dimension spatiale ? Et comment est-ce que celui qui écoute peut sortir du labyrinthe ?

Sanae Yamada : Pour créer des espaces au sein des morceaux, je crois qu’il est important de ne pas chercher à trop contrôler. Lorsque je travaille sur les parties de synthétiseur, je les approche comme des questions, en cherchant des textures ou des atmosphères, de manière assez ouverte. Quand quelque chose émerge, je le développe. C’est mon processus de recherche. Avec les nappes de synthétiseurs, différentes couches peuvent fusionner en une alchimie imprévue. Je pense que c’est à ces moments-là que des formes labyrinthiques émergent. La guitare de Ripley est l’élément qui ouvre un chemin, elle coupe à travers les nappes sonores comme un rayon. 

La vidéo de Sleepwalker montrait une sorte de secte et vous parlez de sources occultes pour les deux albums qui sortent. Comment est-ce que vous faites jouer ces thèmes, ironiquement ou non, dans vos compositions ? 

Sanae Yamada : L’occulte n’est pas vraiment lié aux sectes. Les sectes ont à voir avec le contrôle des esprits, le conformisme et la fétichisation d’une idée ou d’une personne, alors que l’occulte est lié à la recherche d’une connaissance cachée par un étude approfondie des phénomènes naturels. Pour Sleepwalker, la vidéo ridiculisait le comportement des sectes. L’occultisme a un tout autre rôle dans notre travail. Il y a par exemple les écrits de Mary Ann Atwood, Manly P. Hall, et plusieurs livres sur Wicca et l’hermétisme – beaucoup de chose sur les champs d’énergie et les formes essentiels qui composent l’existence. Je pense qu’il y a toujours eu une connexion forte entre le rock et l’occulte, à cause de la nature particulière de la musique. Personne ne sait vraiment d’où vient la musique, c’est une énergie étrange qui passe à travers les gens comme la lumière à travers un prisme et émerge de l’autre coté sous forme de son, mais la source demeure obscure.

Moon Duo // Occult Architecture, vol. 1 & 2 // Sacred Bones
https://moonduo.bandcamp.com/

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