La bouche de Mick Jagger greffée sur les burnes d’Iggy Pop : ça, c'est pour la voix. Pour le rock et le reste, je développe juste en dessous. Mais avant cela, une précision : pour le précédent album de The Black Box Revelation, javais parlé de blues nucléaire. Ca marche toujours. Chronique écrite avec les yeux sur le compteur Geiger trouvé dans la boîte de Pandore.

1. Plaidoyer pour qu’on arrête de s’asseoir sur les riffs (et puis ça fait mal, nom d’un roadie barbu et camé jusqu’au slip avec des Mickey Mouse dessus).

Les jeunes, les vieux, tout l’monde kiffe le rock. Un peu à tort et à travers, un peu n’importe comment, d’un peu trop loin quand ça joue fort, d’un peu trop près dès qu’il est question de fellation dans l’ascenseur, bref ce vieux grabataire n’est plus respecté par personne. Il l’avait bien cherché, ceci dit : arroseur arrosé, tel est pris qui croyait prendre et autres aphorismes à la con que nous ont appris nos grands-pères – un jour que Mamie était partie chercher des cigarettes – entre un 33 tours posé en mode parkinson sur la platine et quelques vieilles photos sorties de dessous son manteau : ‘tain, Papy avait rocké, nom d’un ingénieur des sixties parti en dépression le jour où la stéréo a supplanté le mono ; chaque jour qui passe est un coup de pelle dans l’dos. Oui monsieur. On me dit dans l’oreillette que je n’ai pas commencé mon plaidoyer, que j’ai intérêt à me magner, que 100 jeunes poussent à la porte pour me piquer ma place. Je glousse, je pète, je remets en place le micro, je n’en ai rien à foutre ; ou tout comme : « Jeunes gens, vous écoutez Radio Sexy Rock for Ever et dans un instant, Mad House, du duo belge The Black Box Revelation, qui redonne depuis trois albums un sens au mot « riff »… On en reparle après.

Après. Silence dans le studio. Du cuir se frotte au tabouret. Ses vis grincent. Quelque part, quelqu’un commande du TNT sur un site Internet. Demain, c’est si loin, camarade.

Imaginez : vous êtes dans le désert, plus une Kro à vous mettre sur la langue, Allô Chesterfield qui ne répond pas, la Ford Mustang tétant du sable, à quelques kilomètres de là. Vous pourriez tout aussi bien mourir ce soir : vous écoutez quoi, sachant que la batterie de votre iPhone est bientôt à plat ? New Sun. C’est une sacrée bonne idée. Faisons ça. Plantons ensemble nos Ray-Ban dans le vieil horizon, à la recherche d’un poème à se passer dans la tête, en silence, les genoux ployant à chaque pas. Les guitares slide ont été inventées pour mourir en tirant la langue.

On me dit dans l’oreillette qu’un commando d’agités de la mixette assaille le standard de mails d’insultes, que les pierres pleuvent aux portes de la radio, que SMS, tweets et autres chats sur Facebook arrivent par vagues incessantes, que leur contenu parle de pénétrer violemment dans les studios, de débrancher les fils, de m’étrangler avec, de danser sur mon cadavre en prenant de la méthédrone, de filmer la scène et de la balancer sur leurs putains de réseaux sociaux, de mettre le feu à ce qui restera. Je fais signe au technicien de monter le son.

Eh les kids, arrachez-vous donc la skin : vous n’avez connu ni les batteries martiales, ni les amplis Marshall tombant dans vos oreilles, vous parlez avec violence de m’arracher la peau mais les soldes d’H&M suffiraient à faire diversion ; ça ou une promo sur le nouvel iPad. Rose. Sachez que je vous déteste cordialement, kikou LOL MDR PTDR. Continuez d’étouffer dans vos tee-shirts moulants et ne remontez surtout pas votre slim : rien de plus drôle qu’une armée de trous du cul s’affichant en tant que tels. Je vous mets le morceau suivant : Shadowman. Fan de minimale, tu peux rester ; dans 1 000 ans, tes cheveux vont se dresser.

Silence dans le studio. Un regard à gauche, un regard à droite, les portes ont l’air de tenir le coup.


2. Plaidoyer pour que meurent les geignards de la FM, des télé-crochets, les inoffensifs, les suiveurs et David Guetta.

Mille gens formidables s’usent le bout des doigts chaque jour dans l’espoir un peu niais de changer le monde, ou au moins un bout, dans un coin tout petit, un morceau qui prendrait feu et se propagerait au reste. S’en serait fini pour un temps des marchands aveugles aux oreilles en érection au premier frottement de billets ; l’air soudain plus respirable, car gorgé de soufre, offrirait une respiration bienvenue, quelque chose comme l’horizon s’ouvrant dans la glace juste en face : nous irions loin, bien loin, comme un bohémien, par la nature – heureux comme avec une femme.

On me dit que David Guetta continue de sourire bêtement, que les inoffensifs sont légions et règnent sur le monde, confortablement assis dans un canapé mou, on me rappelle les combats perdus d’avance et les victoires de la musique, on me fait signe que White Unicorns ne plaît ni aux programmateurs ni aux annonceurs, que lors des écoutes-test les gens se sont mis à s’ouvrir les veines, et que seuls les vampires ont appelé pour savoir à quelle heure ils pourraient venir relever les compteurs, on me tend des affiches indiquant qu’Hunter S. Thompson n’a jamais existé ; je fais signe à l’ingé-son d’aller acheter mille watts supplémentaires.

Avant que ne cède la vitrine du studio, prise d’assaut par une vingtaine de zombies le cheveu plein de gel, je m’écoute Sealed With Thorns au casque. Je m’allume un bâton de dynamite et en tire quelques bouffées.

The Black Box Revelation // My Perception // Pias
http://www.myspace.com/theblackboxrevelation

14 commentaires

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  2. Wouah, merci pour cet article,les Black Box je les ai vu par hasard (et pas rasé) il y a un an dans un festival à la frontière suisse et j’étais littéralement sur le cul, ce fut une véritable révélation (de la bouate nouare)

  3. j’ai acheté pour 57 euros de jacks-En mètres,ça fait une belle longueur d’avance sur Louis-Ferdinand Céline.Ai perdu 3 kilos-petite longueur de retard sur Black Francis.Ne vous en déplaise,Brad Pitt sera toujours plus vieux que moi-toujours une longueur d’avance sur la tombe.Je travaille trop tard pour etre présent au RDV du football amateur le mardi après-midi,alors que Giggs a compris que le football pouvait etre un travail.Je n’ai pas mon nom sur une affiche,n’ai jamais eu de piano,mais conserve 2 ou 3 mots d’avance pour suspendre la contingence du monde.
    Monsieur Cendras, je pèse mes 33 ans.Je m’aime.

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