Complètement révoltés, les Amazing Snakeheads s’injectent le Rock’n’Roll par intraveineuse depuis qu’ils ont signé leur premier album, ‘’Amphetamine Ballads’’, sur le label Anglais Domino. En pleine tournée pour la promo de leur petit bijou, ces Anglais- Ecossais pardon- de Glasgow sont passés par Nantes. Rencontre, live, critique et beuverie.

Je ne savais pas à quoi m’attendre, sinon des types fan du son Gun Club. Avec les Amazing Snakeheads c’était sans fioriture, intense mais simple. Au moment d’entrer dans la salle, le groupe terminait tout juste sa balance. Quand William Coombe, le bassiste, est arrivé pour l’interview, il était agité, une vraie pile électrique, bien que très accessible : roux, grand, portant t-shirt blanc et tatouages. Dale Barclay, le chanteur, a accouru pour nous rejoindre dans l’ascenseur. C’est ici que William nous a présentés. Prolo, rockeurs, teigneux, ils sont tout ce que l’on voudra, mais bien élevés. William m’a de nouveau proposé de l’eau, de la bière, à manger. On a entamé l’interview, Dale semblait stressé et ne pouvait cesser de bouger sa tête. Son visage se complaisait dans une série répétée de rictus. Pourtant, il terminait chacune de ses phrases par un grand sourire qu’il déployait tête baissée avant de relever ses yeux, imprégnés d’une douceur incomparable. Dale avait une vision très tranchée du Rock : « Peu importe contre quoi il riposte, il doit se battre contre quelque chose. Moi j’essaie quelque part de rendre hommage aux groupes de punk Anglais comme les Crass ou les Fall. Le rock aujourd’hui est trop commercial. Si c’est pas commercial, tu galères. On est des survivants ». Only Lovers Left Alive. Voici un résistant dont l’âme est chevillée au corps. « Je sais d’où je viens, je peux pas l’oublier. J’ai commencé tout petit à travailler avec mon père. Ma source d’inspiration principale provient de mon métier, tailleur de pierre parce que je reste dans la réalité pure et dure. Glasgow m’aide à écrire aussi. » Tout ce qu’il disait avait le mérite d’être clair mais sans une once d’agressivité. Et Oasis alors ? « Shit, that’s shit. Ils sont tellement arrogants, je ne les supporte pas. Ils sont devenus comme ça parce que leur musique marche, clairement. Mais je ne comprends pas qu’on puisse être aussi confiant. » La rencontre fût plutôt expéditive, Dale était brut de décoffrage et peu bavard. Je n’avais passée que vingt minutes avec eux et j’étais terriblement déçue. Ils étaient imprévisibles. Le soir venu, Dale m’a appelé pour me proposer de passer la soirée avec eux.

Scottish dans l’âme

Dale se tenait devant moi, tout en noir, les cheveux courts et légèrement gominés, avec quelques bagouses, l’accessoire qui lui donnait ce côté mauvais garçon. Un visage émacié et un corps maillé, de force et de puissance. Un mec à éviter si on est de bonne famille. Tous swinguaient sur la soul virtuose d’Otis Redding. « La soul ? Vous aimez ça ? C’est cool ! ». « Mais bien sur, il n’y a rien de mieux pour danser ! » me dit Dale. Jusqu’à ce qu’on passe au Doors et que je me permette timidement : « On est obligé de boire du whisky si on écoute ce rock là ! ». Je n’ai pas eu besoin de le dire deux fois, le whisky était posé là, devant moi. Dale a servi un verre à chacun de nous : « Cheers ! ». Sympas en somme. Puis Scottish surtout. Je m’en suis voulu une partie de la soirée quand j’ai malencontreusement osé les appeler « British ». « What ?! British, that’s shit. Scottish, the Best » me dit le bassiste en fronçant les sourcils. On a tous rigolé mais lui était très sérieux. Des Ecossais, accueillants, drôles et tous fermement opposés aux résultats concernant le référendum d’indépendance de l’Ecosse. Le Grandmaster Flash du fond sonore nous a tous claqué. « Je n’écoute pas beaucoup de Rap mais j’aime beaucoup Cypress Hill, Wu Tang Clan ou les Beastie Boys. Même si le Rock, c’est là » me dit Dale en tapant fermement sa main contre son cœur.

The Amazing Snakeheads Press Shot- Photo Credit Alan Parks (2)

Show time 

On était peut-être à un peu moins d’une heure du concert. Dale et la tambourine girl, une petite femme habillée tout en noir se sont éclipsés pour aller voir le début du concert de The Witches. Je suis restée avec William, le bassiste. Il s’amusait à se balancer sur un fauteuil. Un vrai boute-en-train, utilisant à tout va des injures françaises comme « Sacrebleu » avant de m’affirmer qu’il maîtrisait quelque peu notre langue : « Oh oui mon ami, petit pois ». Dale est revenu pour se préparer. La loge s’est soudainement calmée. Tout le monde commençait à stresser. Dale en particulier. Il s’asseyait, se relevait, tapait des mains, des pieds, regardait dans le frigo pour ne rien n’y prendre. William, lui, n’a pas arrêté de passer des tenues différentes : un t-shirt, une chemise et puis une autre et un gilet. Là, je savais plus où me mettre. Je les ai quitté pour rejoindre la salle. Ils sont arrivés sur scène et William était torse nu. Un vrai gang de voyous tout droit sorti d’un polar de Delacorta. Ils étaient doués pour que leur stress passe in extenso dans leur Rock, brut et décharné. Pas une seule seconde j’aurais pu imaginer le silence crispé qui occupait la loge vingt longues minutes auparavant. Deux morceaux après, ils étaient canalisés, maîtres de ce qu’ils leur arrivaient : « We are the Amazing Snakeheads from Fucking Glasgow ». Petite hystérie du public qui se renouvellera à deux reprises, pour leur tube Flatlining et lors des adieux. Dale avait su tenir son public durant tout le live. Tout en beauté et en charisme. Aucun moment d’absence, une rigueur ahurissante, les deux pieds véritablement sur scène, les muscles tendus.

https://www.facebook.com/theamazingsnakeheads

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