Un bail qu'il l'a sorti, son clip farfelu, l'ami Valette. Un mois qu'il est sorti de son placard et, une trentaine d'écoutes après, "Plutôt mourir que crever", c'est toujours le même déplaisir coupable qui ressort du bar.

Embarras. Perplexité. Angoisse au ralenti. Peur du vertige au rez-de-chaussée. Coupable, affirmatif, de ne pas choisir qui du foutage de gueule ou du cynisme l’emporte, juste là, dans la nuit qui défile – plus débile que jamais. Stop : c’est Sydney pour le prénom, Valette pour la galette, et, en fait, c’est lui le coupable : six points de non-retours pour l’accusé de réception.

1. Sous l’épave, le plagiat

Mieux vaut clamser dans sa bagnole que de se retrouver bloqué sur une route de la pampa : c’est ce qu’affirme, en tout cas, le titre irresponsable Plutôt mourir que crever. Et c’est ce qui s’appelle un plagiat à un trait d’esprit de Didier c’est Super (sans blague) puis à Siné, et, du coup, aussi, un hommage inconscient au copyright Young Michelin. Un peu plus loin, Tiger jogging ressemble au Sexual sportswear remixé par Sebastian, ou à un autre type de production ED Banger. Manque évident de singularité, le futur copinage passe d’abord par la copie. Mais en moins bien : en somme, du LIDL Banger (marque déposée).

2. Glamour est sourd !

Glamour : « C’est donc désormais possible de jubiler un max sur le dancefloor, avec dans le coeur une noire inquiétude ». Oui, bien évidemment, la new-wave et le disco restent des genres à inventer – circa 2055. Plus loin, rayon francophone, Prototypes (« Danse sur la merde », proposition plus honnête), Sexy Sushi, même les Flamands roses de Vive La Fête, le situationnisme, ne représentent qu’un fantasme de clubbers hilares. Et c’est Calvin Harris qui a crée la disco, et Didier Wampas le rock’n’roll. Voilà. L’enregistrement de Plutôt mourir que crever démarre en 2005 : à l’époque, le binôme Crystal Castles – autre entité accusée de vol – commence le démontage du puzzle. Et Sydney Valette de reprendre les mêmes pièces, à la différence qu’il ne possède pas le potentiel de déglingue d’Ethan et que, même s’il évoque une reconversion en petit chat, n’a pas la félinitude racée d’Alice.

3. Fashion-coupable

Qu’il endosse un chapeau ou qu’il joue au ventriloque, son look de modasse trop cool incarne – juste après l’hétéro-beauferie –  le pire. Retournement de veste Kooples et ajustement de binocles accessoires, il ne s’agit effectivement pas de l’attirail – honte au racisme vestimentaire – mais de l’attitude serrée poseuse et de la mentalité petite-bourgeoise. A défaut de faire le moine, l’habit fait parfois le coq.

4. Poète du dimanche

« Ma musique ne se décrit pas, elle s’écoute » dixit lui-même (version alternative : « sa musique ne s’écoute pas, elle se décrie »). Tout est dit, on remballe ? Non ; moins il y a à réfléchir, plus il y a à penser, c’est souvent à partir de paroles rachitiques que fusent l’interprétation et le n’importe quoi. Quatre rimes de Katerine et ça y est, ça vaut toutes les plumes du monde, sans avoir une seule seconde l’impression de s’être fait plumer. Pour boucher le manque total de goût et de couleur, allez pêcher au fond du gouffre un semblant de profondeur. Il serait ici question de paroles « léchées ». Parfait, on imagine le gaillard œuvrer dans ce qu’on appelle « l’écriture avec la gomme » – celle-ci consistant à remplir la corbeille pour épurer le papier jusqu’à le rendre pâle. On lira plutôt entre les lignes de la page blanche – les instrumentaux ne s’avérant pas dégueu du tout (et – astérisque – Mode de vie, une superbe chanson). Ou, à la rigueur, ce qu’on préférera imaginer, ce sont les faces B. Les faces brouillons : ras-le-bol du propret.

5. Le coup de Barbapapa

Plutôt mourir de rire qu’être crevant ? Exercice abdominal sur Frustration onirique qui pose ce terrible dilemme : on gogole ou on dégobille franco.  On passera pour l’écriture à tiroir et la blague va de pair avec l’immédiateté – « onirique » sert ici d’anagramme à  « ironique ». Pareil pour le Dimanche, humour vu à la télé, c’est du Bayrou période Barbapapa, les vocaux additionnels gérés par Barbedoust : « pourquoi je peux pas rester dans mes rêveeeeeeeeeeeeeuuuh ? » (problématique complexe et meilleur questionnement de l’album) sans oublier les Téléteubés. Valette aime la plaisanterie ? Raison de la flemme surtout, les 400 coups de barre : avec Katerine et le clébard de Gonzalès, Sydney s’inscrit dans le courant de la Nouvelle Blague.

6. Régression ascendante

Comme un gosse, Valette apprécie l’usage des adjectifs qualificatifs apposés aux noms communs, genre « vilain monsieur »  ou  « pipi purificateur ». Associations de mots plus élaborés façon cadavre exquis : Variation alchimique, Peurs viscérales, Frustration onirique, voilà pour le  « sens du titre », ces derniers pondus avec plus de réflexion que les paroles juxtaposées. Enfantines ? L’enfance comme argument d’écriture = prétexte pour justifier le propos simpliste. Valette parle dans sa barbapapa ; rien d’obscur ni d’absurde. Juste des images secondaires au sens primaire, de l’écriture automatique griffonnée après avoir troqué l’acide contre une pilule Haribo. « Je veux pas me lever, je peux pas me lever, je veux pas me lever… » et ainsi de suite pour la dépression. Et renvoi d’ascenseur pour la dépréciation : on ne se lève pas tous pour Valette.

Sydney Valette // Plutôt mourir que crever // Debonton
http://sydneyvalette.com/    

5 commentaires

  1. oh salut. Je ne suis pas d’accord avec les propos développés plus haut.

    Sydney Valette est plutôt chou.

    Il me fait penser au son new wave époque trisomie 21 – le repos des enfants heureux.

    Le côté enfantin serait plutôt inspiré de Molly Nilson, dit « pain blanc », la belle et glaciale sylphide berlinoise.

    Vous essayez d’être méchant mais c’est plutôt un constat rancunier et triste. Tant pis pour cette critique ratée. Une de plus 😉

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