Se lancer dans un power trio est un choix difficile : si tu n’es pas très bon, tu es très mauvais, puis tu disparais. METZ enfonce la chignole avec un marteau dans les tympans en signant « Strange Peace », enregistré chez Monsieur Albini. Un troisième album à ne pas mettre en toutes les oreilles.

Oreille gauche : Tu entends ce que j’entends ?

Oreille droite : COMMENT ? QU’EST-CE QUE TU DIS ?

Oreille gauche : Visiblement non.

Oreille droite : VISIBLEMENT SI.

L’auteur de ces lignes baisse un peu le son. Ce qui ne change pas grand-chose.

Oreille gauche : L’autre imbécile a encore remis ça.

Oreille droite : Passé 40 ans, Môssieur porte des slim et continue d’écouter du boucan. C’est moche de refuser de vieillir. Priscilla va encore se foutre de sa gueule. Et nous on va encore finir chez l’ORL.

Oreille gauche : En plus, j’ai ouï dire que METZ avait enregistré son dernier disque chez Steve Albini. Assaisonner un plat pimenté avec du tabasco. C’est complètement con.

Oreille droite : Note que c’est quand même pas mal.

Oreille gauche : Non mais soyons honnêtes : c’est nous qui soufflons sur les braises depuis le début.

Oreille droite : C’est pas faux.

Oreille gauche : Bon puisque ça fait la quarante-cinquième fois qu’il remet le disque, autant en causer.

Oreille droite : COMMENT, QU’EST-CE QUE TU DIS ?

Oreille gauche : Fais un effort, ça devient pénible.

Oreille droite : Excuse-moi, mais Mess of Wires en ouverture, ça laisse peu de place au dialogue, tu avoueras. Ca me rappelle la fois où j’ai heurté l’épaule d’un plus jeune que nous, à leur concert de la Route du rock, en 2014.

Oreille gauche : Gros mytho. On n’avait même pas pu aller devant tellement la foule était folle.

Oreille droite : Tu me fais de la peine.

Oreille gauche : Tu vois que tu entends, quand tu veux.

Oreille droite : … Bon, OK, ton Mess of Wires, là, oui, c’est du bon rouleau compresseur. Et ce faux refrain juste un ton en dessus qui revient sans cesse, j’avoue que ça me rappelle quand l’autre andouille pouvait encore faire du headbanging. Et puis en plus, comme ça, on nous voyait pas.

Oreille gauche : Je nous ai toujours trouvé trop grandes.

Oreille droite : C’est peut-être pour ça qu’il nous piétine depuis vingt ans.

Oreille gauche : Je préférerais qu’on règle nos affaires personnelles en interne.

Les rires sont couverts par Drained Lake.

Oreille droite : Puisque que tu le prends comme ça… Je pense qu’avec le temps, tu t’es endormi sous un tas de cérumen. Steve Albini est un putain de bon choix. Ils auraient même dû le faire bien avant.

Oreille gauche : Mieux vaut tard que jamais, support à lunettes. Regarde Ty Segall, il a mis bien plus de disques à aller voir le PATRON.

Oreille droite : Ah ouais ? Parce que les lunettes, y a que sur moi qu’elle tiennent ?

Oreille gauche : Ca va, Albini a bien fait toute une carrière dans le noise avec les siennes.

Oreille droite : Note qu’il n’est jamais devenu une star.

Oreille gauche : Même sans, ça n’aurait pas marché. Pour METZ, c’est pareil. Le chanteur est pas assez charismatique.

Oreille droite : Tu dis ça parce que lui aussi porte des lunettes.

Oreille gauche : Entre autres. Mais rappelle-toi le dernier concert qu’on a vu : ils savent jouer fort, c’est tout.

Oreille droite : Ca les met déjà au-dessus d’un paquet de clampins à guitare.

Oreille gauche : Tu marques un point.

Un silence s’installe. Il est écrabouillé par Lost in the Blank City.

Oreille droite : Tu vois qu’on arrive à s’entendre.

Oreille gauche : QU’EST-CE QUE TU DIS ?

Oreille droite : Non, laisse tomber. Et puis l’autre zouave a remonté le son. Ce Mr. Plague va remplir les salles d’attente.

Oreille gauche : J’avoue : j’ai l’impression d’être piétiné par une aciérie.

Oreille droite : Ils ont pas de charisme, ces Canadiens, mais ils savent tenir la distance, question boucan, je dois dire.

Oreille gauche : J’ai d’ailleurs cru que les plombs avaient sauté, quand on est passé à Sink tellement c’est calme par rapport au reste du disque.

Oreille droite : Note que les voisines du dessous doivent se serrer.

Les rires enregistrés (trop fort) sont couverts par Common Trash.

Oreille gauche : Bon, on va pas tourner autour du pit : il est formidable, ce disque.

Oreille droite : Ils sont forts.

Oreille gauche : Mais ils jouent trop forts.

Oreille droite : Faudrait savoir.

Oreille gauche : Je voudrais pas laisser entendre que je mollis, mais enfin, on ne va pas sortir indemne de ce « Strange Peace », tu en as bien conscience ?

Oreille droite : Je retiens surtout qu’on a quand même réussi à ne pas parler de power trio ni de Nirvana.

Oreille gauche : COMMENT, QU’EST-CE QUE TU DIS ?

METZ // Strange Peace // Sub Pop
https://metz.bandcamp.com/

Le 21 novembre au Trabendo

 

 

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