Moi qui pensais que la Californie finirait par disparaitre de Google Maps, engloutie par la montée des eaux, que le "summer of love" se retrouverait recalé au rang du vague sou

Moi qui pensais que la Californie finirait par disparaitre de Google Maps, engloutie par la montée des eaux, que le « summer of love » se retrouverait recalé au rang du vague souvenir et que le psychédélisme resterait quelque chose de trop batard pour qu’on en parle encore 40 ans plus tard… Pourtant, rien n’a changé.

Malgré les overdoses, le Vietnam, le sida et les désillusions accumulées, le rock des hymnes à la défonce n’est pas tout à fait mort et la West Coast reste sa terre promise. Quand Hendrix est monté sur scène à Monterey, il aurait peut être mieux fait de se péter les deux jambes. Depuis, on subit la déraison d’une bande de nostalgiques complètement détraqués par ce jour de l’été 67, des types qui ne cessent de répèter qu’ils ont tout inventé. Le gros problème de l’acide, c’est que la descente peut être longue. 43 ans plus tard, faut pas déconner sur l’abus de flashbacks, on n’est pas définitivement sorti de l’auberge.

Malheureusement, parfois, on a envie de leur donner raison.

Ainsi, au catalogue des réfugiés de la love génération, pour reprendre les termes mis en vigueur par le docteur Duke, quelque part entre Santana et Sly and The Family Stone, on trouve aujourd’hui Sleepy Sun. Ceux là, ils n’en seraient pas là sans les disques de papa et maman et c’est sûrement pour ça qu’on a envie de les dérouiller. Le seul problème c’est que même si ça sent le Grand Funk et le King Crimson à plein nez, tout cela demeure du bon pain; et à l’heure où les anciens radottent leurs derniers shows en fauteuils roulants, les Sleepy Sun, tout beaux tout jeunes (avec la chanteuse de Black Mountain en guest, sur Open eyes), sortent un son plutôt fresh.

L’effet madeleine de Proust.

Ce n’est pas parce que l’on marche sur une route toute tracée qu’on n’a pas son mot à dire. Sur Fever, les ballades en arpèges qui serrent les fesses au milieu des saturations dégoulinantes comme des glaces au soleil ont conservé leurs senteurs de fleurs séchées. C’est pas vraiment une nature morte même si dans l’âge du numérique, le beatnik en chemise de bucheron qui frotte sa guitare une pâquerette entre les dents perd un peu en crédibilité. Ce disque, on l’a tous déjà entendu et ça n’empèche personne de l’écouter en boucle et même de monter le son. On flotte, parfois entre deux eaux, parfois dans les nuages, serrant les dents pendant les déluges de guitare.
Au final, même si les traditions ont la peau dure, il ne faudra sûrement pas quarante ans pour s’en remettre. Le résultat est bon, pas plus mauvais que ce que l’on a déjà vu. Mais combien de temps a-t-il fallu pour en arriver là?

Sleepy Sun // Fever // ATP Recordings

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