Le ciel est-il tombé sur la tête de Cranes Records pour sortir ce disque en plein milieu de l'été du mois de Juillet ? Vicieux effet de surprise ? Et bien non, le vinyle a simplement mis du temps à arriver, si bien qu’entre l’annonce et la sortie de « Flaming Creatures », on l’avait passablement oublié. Dieu merci ! Le groupe et son label s’en sont souvenus !

a2326737222_10Bande originale du film du même nom, « Flaming Creatures » est une sorte de voyage dans le temps à demi-éveillé ou à demi-assoupi ; tout dépend du point de vue évidemment. Tranchant avec le premier album « Tokkoubana » et sa collection de tubes de pop gothique et glaciale, ce nouvel objet sonore se distingue par son instrumentation plus calme et l’absentéisme du chant (quelques samples jonchent le sol mais j’ai décidé de ne pas les prendre en compte).

L’ambiance et le développement musical des deux disques sont ainsi très différents. On peut dire que cela tombe bien, l’album de rock et le ciné-concert sont deux exercices qu’on ne peut appréhender de la même manière, à moins de se prendre pour Queen (ce que je ne souhaite pas même à mon pire ennemi).

Très sombre et plutôt lent, « Flaming Creatures » réussi l’exploit en ces temps de zapping à tout va de forcer l’écoute intégrale du disque d’une traite. On reconnaît le Seventeen At This Time qui mit au monde « Tokkoubana » il y a deux ans, mais avec cette folie douce et amère que nous pouvons retrouver dans les films de David Lynch. Référence originale n’est-ce pas ? Je pense avoir été totalement influencé par ce sample de Lana Del Rey apparaissant de manière totalement impromptue dans l’album et colorisant l’album de manière foudroyante.

Du génie, vraiment. Pas simplement parce que faire se croiser cette chanteuse populaire (qui a pour trait de personnalité le fait qu’elle n’en a pas et qu’elle imite des stars mortes) et une musique si étrange est subversif, nous nous en moquons. D’autant que ce n’est pas corrosif pour deux sous. Non, le trait génial de cette apparition spontanée réside dans l’étrangeté qu’elle provoque, comme si Lana Del Rey avait absolument toutes ses raisons d’être là, tel cet étrange fantôme qu’elle tente d’incarner de son vivant. Dans « Flaming Creatures », elle est réellement l’ombre à la sensualité désincarnée, cette Amérique morbide et scintillante. A cet instant, l’album prend une tout autre dimension et pose son empreinte sur celui qui l’écoute. C’est qu’au-delà de la musique, Seventeen At This Time fait de musique un réel cinéma noir, un théâtre un rideau pourpre, une actrice irréelle aux courbes fantastiques et à la chevelure d’or.

Seventeen At This Time // Flaming Creatures // Cranes Records
https://17att.bandcamp.com/

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