Demander à un artiste de se définir en 8 morceaux et de tapoter dans la foulée une représentation de soi sur un clavier à touches sans vie est un exercice de style pour le moins d

Demander à un artiste de se définir en 8 morceaux et de tapoter dans la foulée une représentation de soi sur un clavier à touches sans vie est un exercice de style pour le moins difficile. Pour ne pas dire une mission impossible. Aujourd’hui Hifiklub, un trio varois originaire de Toulon (France), mais pas que (voir plus bas). Pastis, Rock’n’roll & mélodies en sous-sol au programme de ce nouveau SELF-PORTRAIT. Autoportrait « sans frontières » par HifiKlub.


« Gonzaï souhaite qu’on fasse le point c’est ça ? Un autoportrait, et puis quoi encore ? Finalement, c’est beaucoup moins difficile que de choisir 8 morceaux dans une discothèque. Il suffit de ne retenir que les mots clefs de l’histoire.

Open trio.

C’est la base du projet: trois individus qui partagent leur musique avec des artistes – musiciens ou non – libres de toute chapelle stylistique. Pour ne présenter que quelques collaborations, nous avons donc laissé notre musique fleurter avec le jazz avant-gardiste de Steven Bernstein (Sex Mob, Lounge Lizzards…) ou de Skerik (Critters Buggin, Tuatara, Mad Season…), la musique expérimentale de Jean-Marc Montera ou de DJ Olive, la pop de Lio, le blues tordu du Legendary Tigerman, la folk de Jesse Sykes, la no-wave de James Chance ou de Robert Aaron, voire les extravagances de guitaristes tels que Lee Ranaldo (Sonic Youth) ou Alain Johannes (Queens Of The Stone Age…).

DIY.

Pas de carnets d’adresses ici. None, tout c’est fait par notre propre volonté et notamment grâce à internet. L’important est de se présenter de la manière la plus sincère possible, sans intermédiaire ni artifice autre que la musique elle-même.

D’un point de vue plus technique, nous avons intégré une ancienne boite de nuit inutilisée et gorgée d’histoire dans laquelle nous avons construit une cabine d’enregistrement qui nous donne une grande souplesse en fonction de la venue des uns ou des autres.

Du suivi dans les idées.

Pas simple tout de même d’organiser tous ces échanges, toutes ces sessions autour du monde, dans notre lieu de résidence ou à distance lorsqu’il est difficile pour l’artiste invité de se déplacer, faute de temps ou de moyens. Des contacts se font, puis le temps passe, des occasions sont ratées, les calendriers sont full up… on a bien compris ce que le mot schedule signifie en anglais. C’est important de trouver les mots pour relancer une piste qui semble mal embarquée… c’est important d’aller au bout de ses idées. Enfin, il n’y a pas de règle, tout peut très bien se faire très rapidement parfois.

Pas de limite.

Comme évoquée plus haut, l’idée est de ne jamais se limiter en matière de collaborations, aussi bien sur le plan de style que sur celui de la notoriété. L’essentiel est de toujours de s’adresser à un invité pour les bonnes raisons. Ce sont toujours des raisons de cœur. Parmi nos invités vous trouverez tous les extrêmes: de la musique la plus expérimentale à la pop la plus éclatante, de l’artiste inconnu à celui beaucoup plus reconnu… le principal étant que cela reste la musique du HifiKlub ».

La playlist de HifiKlub

« Oui, il reste quoi qu’on en dise des consommateurs de musique. Oui (bis), il y en a même qui continuent à acheter plusieurs albums par semaine. Je fais partie de cette catégorie. Donc, lorsque vient le moment du choix, tout devient compliqué. Je lève les yeux, je regarde un mur de CD et de vinyls et je n’entends que des « prends moi prends moi, souviens toi, j’ai été ton disque préféré ». Car je dois bien l’admettre, j’ai un grand nombre de disques préférés. Mais j’ai fini par trouver la solution, au plus simple et au plus honnête: ouvrir la boîte à gants de ma voiture et opérer la sélection parmi tous les boîtiers entassés, aujourd’hui. J’aurais donc très bien pu choisir le dernier Sunn O))), un album de Talking Heads, Om, Pavement, Jamie Saft, Sir Richard Bishop, Skip James, Muddy Waters, The Vaselines, Pattern is Movement, Fad Gadget, Born Ruffians, Cheveu, Pink Mountaintops, Blank Dogs, Sun City Girls ou encore Teenage Jesus and the Jerks. Non, finalement, non. »




Jane’s Addiction: Three Days (album Ritual de lo Habitual)

Ce numéro est un diamant… à l’image de ses multiples facettes. Le groupe est à l’époque au bord de l’explosion. Seul morceau de l’album enregistré avec les quatre membres du groupe réunis dans la même pièce, les 11 minutes de cette œuvre clef sont littéralement hallucinantes. Inutile de s’habiller en noir et de se la jouer vaguement inquiétant sur un tempo hyper rapide pour exprimer colère, haine, frustration, désirs et excès… le soleil de Los Angeles et les planches de surf de Perry Farrell ont largement prouvé le contraire.

Sonic Youth: What we Know (album The Eternal)

Ce numéro est élégant… élégant à l’image de Lee Ranaldo. Au sein de Sonic Youth, j’ai toujours eu un faible pour les titres écrits par Lee. Il s’en dégage une beauté subtile, une poésie aérienne, une douce rêverie. J’aime sa façon de poser sa voix et ses mélodies au dessus de la musique. Rien n’est forcé lorsqu’il chante, même si le chaos règne derrière lui. Sur le dernier album j’apprécie tout particulièrement la présence de Mark Ibold à la basse, qui offre avec Steve Shelley une base rythmique finement groovy.

Captain Beefheart: Clear Spot (album Clear Spot)

Ce numéro est insaisissable… insaisissable comme le personnage même de Don Van Vliet. Il peut tout chanter, tout jouer. C’est pour moi l’artiste libre par excellence. Que peut-il bien faire aujourd’hui au moment même où je suis en train d’écouter sa musique et d’écrire ces quelques lignes…? Qu’on ne me dise pas que la musique ne fait plus du tous partie de son quotidien. Dans l’esprit du Hifiklub et de l’idée de base d’avoir un trio à géométrie variable démultipliant les collaborations sur tous les plans, il est certain que Don Van Vliet figure pour moi tout en haut de la liste, si tant est qu’une liste soit écrite un jour. Et si ce n’est pas pour une collaboration musicale, ce sera pour la pochette d’un prochain album… il y a toujours une solution.

Andrew WK: Party Hard (album I Get Wet)

Ce numéro est imparable… imparable à l’image de son classement tout en haut des charts US. Andrew est un véritable génie qui parvient à tisser un lien intelligent entre indie et MTV, le tout – quoi qu’on en pense à la première vision du mec – avec talent et véritable humour. C’est le genre d’artiste capable d’envoyer un morceau comme Party Hard le lundi, de produire le dernier Lee « Scratch » Perry le mardi, d’accompagner Tori Amos sur un plateau TV le mercredi, de sortir un album de piano solo sur Ecstatic Peace le jeudi, de tourner une émission pour enfants le vendredi et de tout exploser le week end dans son club New Yorkais, le Santos Party House.

Faith no More: Caffeine (album Angel Dust)

Ce numéro est violent… violent à l’image de son break dont la version live est un must. C’est par Mike Patton que j’ai pu découvrir le catalogue du label Tzadik. John Zorn l’avait signé pour quelques albums très expérimentaux. Depuis lors, je suis très à l’affut de ce qui peut sortir sur ce label incontournable. Sur le deuxième volume de la série de EPs sur laquelle nous travaillons avec Hifiklub, nous avons eu l’idée d’inviter l’accordéoniste Yves Weyh du groupe Zakarya, qui est avec Bérangère Maximin, l’un des très rares français a être signés sur Tzadik.

Get Back Guinozzi: Police and Thieves (album Carpet Madness, à sortir)

Police and Thieves est une reprise… une reprise de Junior Murvin, également jouée par les Clash. C’est aussi une auto promotion… car avec le batteur du Hifiklub, nous faisons partie du projet, dans sa version live du moins. Imaginé par Landini et Eglantine Gouzy, le groupe vient de signer sur Fat Cat et sortira un album de pop contrariée à la rentrée. C’est avec eux que nous avons enregistré pour le compilation de Béatrice Ardisson Dylan Mania le morceau Tombstone Blues. Police and Thieves est la face B du premier single.

Rolling Stones: Exile on Main Street (album complet)

Exile on Main Street est un trésor… un trésor que tout fan des Stones a à sa disposition sur sa table de chevet. C’est l’album qu’on écoute d’un bout à l’autre sans se poser vraiment sur tel ou tel titre. C’est avant tout un son, un plaisir pur, sans beaucoup d’artifices (musicaux du moins), un débordement d’énergie. Pas de véritable gros single ici. Même si je préfère d’autres titres des Stones pris individuellement ici ou là, sur Beggars Banget ou Let it Bleed par exemple, Exile on Main Street est affectivement Mon disque des Stones… et puis quelle histoire autour de son enregistrement pas loin de chez nous à la villa Nellcote (à lire, l’ouvrage de Robert Greenfield sur l’album/ publié chez l’excellent Le Mot et le Reste).

Dinosaur Jr: Over it (album Farm)

Ce numéro est irrésistible… irrésistible comme la majeure partie des titres composés par J Mascis et enregistrés avec Lou Barlow et Murph. Dinosaur Jr de retour dans sa formule originale vient de prouver avec ses deux derniers albums (Beyond et Farm) que la magie d’un trio reposait sur un indescriptible et fragile équilibre entre trois individus qui n’atteignent l’excellence que lorsqu’ils sont présents dans la même pièce. Bien sur, cette banale remarque s’applique d’une certaine façon à toutes les formations mais elle n’est que plus vraie lorsqu’on parle d’un trio. Ceux qui jouent dans cette formule me comprendront. J Mascis imagine certes depuis toujours la quasi totalité des chansons, mais il ne les transmet avec la décisive dose supplémentaire de classe et de subtilité que lorsqu’il est entouré de Lou et de Murph.

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