L’autre jour j’étais avec mon fils Brandon (vous savez, le gnard à qui je fous des torgnoles lorsqu’il écoute du rock d’aujourd’hui) et oncle Léon, on était monté sur la capitale. Le sol

 

L’autre jour j’étais avec mon fils Brandon (vous savez, le gnard à qui je fous des torgnoles lorsqu’il écoute du rock d’aujourd’hui) et oncle Léon, on était monté sur la capitale. Le soleil couchant, le ticket de métro pas payé, le début du printemps sur le bitume, tout me rappelait la grande époque de Guy-Michel, celle où j’étais roadie pour Dynastie Crisis qui assurait les premières parties de Polnareff. Mais ca c’est déja une autre histoire: la grande époque, le faste des tournées en province, les groupies décolorées qu’on se refilait entre fumeurs de Gitane.

J’étais donc avec ma progéniture et oncle Léon, on marchait sur les grandes avenues haussmaniennes qu’une ville comme Enghien-les-Bains donne peu l’occasion d’admirer. Rive gauche, Tour Eiffel, pour le ptit qui avait jamais vu quelque chose d’aussi grand (faut dire qu’à Enghien y a guère que le Casino qui plafonne) et Oncle Léon qui prenait des photos sur le jetable pour l’album souvenir. Au retour, on était passé par ce nouveau bâtiment pour lopettes, le Palais de Tokyo que ca s’appelle, une brique géante avec des non-fumeurs dedans, qui prenaient des poses “uhm uhm” pour tenter de résumer des oeuvres modernes avec un air satisfait.

SantogoldLe petit voulait faire une pause. Alors Guy-Michel en avait profité pour faire du gringue (si jamais vous croisez ma femme, dites lui que.. enfin, vous savez quoi) avec une vieille peau de journaliste de Elle ou Marie Claire, me rappelle plus, au teint mi-halé mi-fripé qui convenait parfaitement à sa voix d’ex suceuse de rotules des 70′ avancée pré-punk/squat d’artistes/Factory à la française sans le sous et l’ambition.

La vieille branchée me dit:
– Vous êtes qui vous?
Moi, pas peu fière:
– Guy-Michel Thor, star retraitée en exil à Enghien-les-Bain, de passage à Paris dans un centre culturel vaniteux.

Ca l’avait mouché la vieille. Et puis ca avait dérivé conversation culturelle, tendances et albums de l’été, lorsqu’une petite grosse à peine plus vieille que mon fils avait demandé à la vieille customisée l’album qui selon elle “allait faire l’actualité des prochains mois”. Moi, depuis mon kiosque à journaux de banlieue, j’aurais bien vu le retour de Led Zep. Depuis des jeunes m’ont dit que “c’est mort papa, oublie”. Alors depuis je rentre mon ventre dans mon survet’ et j’essaie de rester branché modernité et hype.

“Santogold chérie, voila la prochaine révélation, c’est frais, excitant, et la nana a une super voix. En plus, elle est jolie.” Voila ce qu’avait répondu la vieille décrépie l’air fière d’elle, content d’avoir reçue un album promo avant tout le monde. Je lui aurais bien pisser dessus si l’envie de boire n’avait pas été si forte. Alors j’ai simplement répondu que j’allais écouter, et qu’on verrait bien si Marie Claire pouvait avoir raison de mes idéaux.

Une fois rentré par la ligne directe du RER, j’ai lancé le myspace sur mon vieil écran, en tapant Santogold pour voir si une vieille de la fashion pouvait donner tort à Guy-Michel. Et là je me suis dit: “Depuis quand les chanteuses avaient arrêté de chanter, depuis quand les squelettes braillaient les mots comme des animatrices de supermarché reconverties en GO du Club Med?”. J’ai longtemps cru, après avoir écouté ce premier album de Brooklyn, que les USA avaient été envahis par des punks/ska qui voulaient faire pousser des plantes vertes. Et puis je me suis lavé les mains, de peur de choper une saloperie type “Lèpre” tellement Santogold respire la fraicheur délavée du sexe de cette vieille journaliste culturelle.

Depuis j’ai décidé de ne plus jamais mettre les pieds au Palais de Tokyo. Excepté pour foutre une raclée aux antiques presciptrices de tendance qui tous les jours vous dictent quoi aimer, quand même le terme de dowtown tropicalism urbanwear est ridicule et que Santogold (j’ai vérifié sur Yahoo) donne envie de se défenestrer illico devant tant de supercherie (MGMT/Santogold même combat). L’esthétique poisson rose qui se la joue COOL BEBE RELAX TOI SUR MA ROLEX c’est définitivement pas le truc à Guy-Michel.

J’ai refoutu The Specials sur la platine et me suis allumé un cone, en repensant une dernière fois à cette vieille peau de journaliste. Tout ce dont je me souviens, maintenant que j’écris ces lignes, c’est que mes mains s’en souviennent, et que c’était humide au réveil.

FUCK la MODERNITÉ.

http://www.myspace.com/santogold

 

3 commentaires

  1. J’arrive 12 ans plus tard pour dire à mes deux voisins du dessus que non, l’article n’est pas stupide au contraire, et le style du plumitif est marrant.

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