J'ai mal dans ma chair. La dernière fois, c'était Cobain. J'avais l'impression d'avoir fait une connerie. Foutue sanction.

J’ai mal dans ma chair. La dernière fois, c’était Cobain. J’avais l’impression d’avoir fait une connerie. Foutue sanction. « Mec tu t’es mal comporté, alors on te prend Nirvana, tiens toi à carreaux ». Comme ma chemise, vous allez me dire. Enfin bon, c’était l’époque. N’empêche que je savais plus où me foutre, tout semblait dangereux. Plus encore quand on ne sait pas ce qu’on a fait pour mériter ça. Peur. Et s’ils recommençaient ? Non ils ne peuvent plus – qui d’autres pourraient-ils bien prendre d’ailleurs?

Avec le temps je me suis fait une raison. Et puis le gars était plus symbolique que majestueux. Mais avec la mort de Ron Asheton, c’est dur de faire passer la pilule : Ron était les deux. Influent pour ce son plus… plus porc, plus in yr face/in yr arse. Influent pour ce rock plus rapide, plus lourd, plus instinctif, plus méchant, plus humain…

On dit toujours « Iggy » Oui, non, enfin… et Ron dans tout ca? Asseyez-vous deux secondes et foutez T.V. Eye, potard à toc. 1969 ou 1970, c’est un seul et même riff. Une méthode. La même pour No Fun, qui – faut-il encore le rappeler ?- sera le fer de lance du Royaume désUnis de 1976-1977. C’était ça le carburant. Le calice où plongeaient les lèvres avides de Animal Iggy. Le feu pour la machine de Rock Action.

A la première écoute, on est tous comme Lester, incapable de digérer le poison. Il faut le temps de l’assimiler. Il fut mon Stooges moins aimé. Comme les Pistols a posteriori. Aujourd’hui on se dit « pff, facile, et mal fait en plus ». A l’époque ça devait être une autre chicorée. Parce qu’en fin de compte, ce qu’on sent vraiment et ce qui nous file le tournis la première fois, la nausée le mal de mer, c’est que ces gars là ne font pas du bruit pour du bruit, ni qu’ils s’en foutent. Mais qu’ils y croient. Ils y vont. Ils ont des étoiles dans les yeux (dessinées certes par la défonce, et alors ?) et rêvent sans trop y croire de tordre le monde dans l’autre sens. Qu’un jour la croix de fer, ça finira par faire joli dans un salon. Qu’un ampli percé ou une gorge crevée finiront par être la base musicale de tout jingle publicitaire pour des appareils électro-ménagers. Trop cons pour se rendre compte que c’est impossible ou suffisamment téméraires pour tenter le grand soir ? Whatever : ils l’ont fait. Comme Lou ou Rev, il a fallu une décennie peu ou prou mais l’album est reconnu (avoué ou simplement pas encore) comme le plus influent de l’histoire du rock.
Et plus tard, ce serait encore David Jones, John Lydon, Thurston Moore ou Kurt Donald Cobain qui à l’écoute de ce focus prendraient conscience qu’ils pouvaient changer le monde.

Parce que oui ceux-là aussi, cela me ferait bizarre de les voir sauter. Bowie, quand les rumeurs vomissaient en riant leur bile putride sur son foie, j’ai eu comme un vertige (de l’amour?). Un vrai. Jusqu’à ce qu’on me confirme que c’était pipeau. Et même aujourd’hui je n’en parle qu’en doutant… Idem pour Moore ; la perte de Thomas E. Yorke me ferait regretter la fin d’une carrière brillante pour ceux (dont je suis) qui aiment qu’on leur flatte le cerveau, mais la fin de S.Y. ce serait une page de la vie de New York qui se tournerait. Du post-punk, de l’indie, du rock alternatif, du post-rock, de l’avant-garde…. Oui vous pouvez brandir les SYR et les foutre au feu du bûcher des vanités intellectuello-artistico-chiantes. Mais Sonic Youth a pris un flambeau et a allumé des milliers de feux là où tant de groupes se sont contentés de remplir quelques coupes, tels des cruches, pour empocher l’argent des livreurs qu’ils étaient.

La décennie suivante, les noms de ceux-là furent conchiés, raillés, hués voire pire, oubliés de tous.

La semaine dernière Bester Langs lâchait ce constat terrible : « Ca manque du rêve ». Je n’avais pas pris conscience à quel point c’était vrai. Tellement de groupes font des choses belles, ou brillantes sans même parler des nuées de vrais mauvais ou immondes porte-noms soutenus en connaissance de cause par les prête-milliards.
Mais combien ont visé plus haut que le top ten ? Combien de comptes Myspace Music qui ne visent que la sacro-sainte signature ? Combien de guitaristes qui ne cherchent qu’à éviter la fac ou baiser ailleurs qu’en boîte de nuit ?

En me retournant, j’ai réalisé que ni la disparition des Strokes ni celle des Monkeys des Sheffield ne changerait quoi que se soit à la fin de cette décennie. Ni la mort d’Amy, ni le suicide de Doherty. Pas plus pour Jack White. De bonnes choses ont été faites, gravées dans le plastique ou rédigées en kbits. Mais aucun d’eux à ce jour n’a foutu le monde sans dessous-dessous. Et je ne survis depuis quelques jours qu’en me rappelant The Weirdness qui tendrait à prouver qu’aucune fleur n’aurait pu jaillir de Ron. Anyway, terre stérile aujourd’hui. Et moi-même je ne vais pas très bien.

Ils ont pris Ron, et rares sont ceux qui restent. Ou trop bien cachés par un commerce malveillant et paresseux. Je compulse les blogs et pages perso de la toile, Mike Watt, Mike Patton, David Byrne. D’une certaine manière, je prends la température. Je ne ris plus en entendant le « Bring out your deads » des Monthy Pythons.

Ragnarök. Cela s’appelle Ragnarök chez les nordiques. La bataille de la fin des temps, où les héros s’en vont mourir. Sans espoir de retour.

http://www.myspace.com/iggyandthestooges

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