Le Rock'n'Roll, c'était l'époque du Solex, du cheveu gras, des décapotables et des décapotés. D'ailleurs, vous croyez que je suis né comment, foi de Guy-Michel ? A l'arrière d'un sol

Le Rock’n’Roll, c’était l’époque du Solex, du cheveu gras, des décapotables et des décapotés. D’ailleurs, vous croyez que je suis né comment, foi de Guy-Michel ? A l’arrière d’un solex, comme tout le monde, sur un air de swing accéléré. Ma mère aussi, avait le cuir très tendu, c’était ça le Rock’n’Roll, des clics et du crac, un peu de gomina et pas de pilule pour tout oublier le lendemain.

De toute façon, de nos jours, tout fout le camp. Les gamins volent des voitures pour aller en boite et croient qu’Eddie Cochran c’est une marque de scooter. N’empêche, l’autre fois, en écoutant la nouvelle compilation du gominé trentenaire de chez Born Bad, j’ai eu comme qui dirait le cul qui a tressauté. Comme la première fois où mon gamin a ramené un cd de Muse à Enghien-les-Bains. « Ca va pas la tête Brandon ? », que je lui ai dit, « t’as grillé le dernier fusible qui te servait d’ampoule dans ton deux pièces-neurones ou bien » ? J’avoue avoir bien rigolé en disant ça. N’empêche que hop, ni une ni deux, je lui ai fait la technique du tête-décollée-plongée au fond de la cuvette. « Tu vas parler ? » je lui ai dit avec un fort accent allemand. Là aussi j’ai beaucoup ri. Par contre lui, il a pas compris. Bref, je m’égare Edgar.

En réfléchissant, je me dis que mon fils aurait eu vingt ans en 1956, il aurait percuté que nos parents avaient connu la guerre, qu’on voulait simplement danser, baiser des nanas sans dénoncer le voisin. Aujourd’hui, Guy-Michel Thor Jr écoute Muse et moi, je réécoute du vieux Rock’n’Roll français d’avant les 60′ avec des noms à coucher dehors (Dick Rasurell, Georges Richard, Jesus Ramirez) mais avec des filles et pas des moches s’il te plait. Plus tard, on découvrirait Johnny, Jimmy et Joe (Dassin), toujours est-il qu’à l’époque le Rock’n’Roll s’écrivait sur une partition de jazz, avec du cuivre, du rythm & blues et des gauloises fauchées aux parents. Le rock autour de la pendule, ça j’ai bien connu, foi de Guy-Michel, pendant que le Général de Gaulle se branlait la nouille à Colombey-les-deux-Roupettes!

Cinquante ans plus tard, plongé au fond de mon canapé cuir But, tout ça me rappelle l’enfance à Paris, hiver 1956, le temps où cogner du ceinturon sur son mioche n’était pas encore passible de prison, l’époque où les anciens collabos longeaient les murs reconvertis en dentiste, le temps où le jeune Guy-Michel n’avait pas encore gouté aux joies de la pipe (à chicha ! Nan mais vous pensiez à quoi bande de vieux cradingues ?) et du rock à plusieurs. Le C’est D’accord Ok Tu Gagnes de Catherine Caps, le Rock’Aïe de Chou Rave Hageur, le monde nous appartenait, on était les blousons noirs du quartier, on détroussait les vieilles en sortant de l’école, l’homme n’avait pas encore marché sur la lune et Johnny ne se déplaçait pas encore en chaise (c)roulante. Aujourd’hui, j’suis un vieux ringardos qui écoute un Cd au casque avec des mélodies mi-rumbas mi-bal des fêtes. Elle est belle la vie, mais cette compilation m’a redonné mes vingt ans et du tonus pour danser dans la salle à manger après Faites entrer l’accusé sur Antenne 2.

L’odeur d’huile, les petites pépés qu’on tringlait le dimanche sur le terrain desaffecté… C’était mon époque, c’était mon Rock’n’Roll. Depuis on m’a tout pris : mes cheveux, ma libido, ma carte d’adhérent au Gibus. Par contre on m’a laissé ma femme. Qui a dit qu’on naissait tous égaux face au Rock’n’Roll ?

Rock Rock Rock ! // French Rock’n’Roll 1956-1959 // Born Bad

http://www.myspace.com/bornbadrecords

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