Des comptines pop, une voix filtrée avec des chœurs, de l’amour sous un poncho et un piano qui fait glou-gouglo quand tu fais ho-ho ; roulement de tambours voilà le nouvel album de Richard Swift, chicano-californien branquignole qui chante le récital des débraillés. Explications.

A l’école primaire, il arrivait souvent que l’un de vos camarades n’arrivent pas à marier les couleurs, qu’il allie les mocassins et le sweat-shirt, la chemise à carreaux et les survêtements. Souvent caillassés et peu reconnus, ces marginaux terminaient leur cursus en Arts Plastiques, dans le meilleur des cas, ou correspondant dans une famille d’accueil à l’autre bout du monde avec le sentiment de bien-être d’un SDF en visite chez Catherine Mamet. A l’écoute de The Atlantic Ocean, le retour des grands perdants d’hier s’annonce en fanfare, car le souci des habillages et des raccords, Richard Swift l’a sûrement oublié avec sa virginité : Hier des bonnets péruviens et du jean mal taillé et des séries d’albums incompréhensibles (Instruments of science and technology, 2007), aujourd’hui de gigantesques pianos gonflés à l’hélium. La force de la démesure américaine, depuis qu’elle n’est plus à Wall Street, a sûrement trouvé refuge chez Swift.

Sans palabres, le huitième album de Ricardo Swift Ochoa est tout autant une merveille qu’un retour à l’enfance, une sacrée dose de crayons de couleur dans la marge. Mieux même, The Atlantic Ccean permet enfin de réconcilier les WASP et Broadway, la pop-song américaine du début des 70’s (Ballad of old what’s his name), les mormons et New-York, ta tatie et l’oncle Jean-Pierre, whatever… Capable de chanter la mort (R.I.P.) avec l’émerveillement d’un gosse sous LSD, Swift vient simplement de publier un tour de manège sans ticket payant. Sur le cheval de derrière, il y a Randy Newman, droit devant les mélodies de BC Camplight, et dans la cabine, ce ptit mec sorti de nul part, moustache de forain, dégaine d’anti-héros capable de composer des perles qui ressemblent à du Judy Garland rencontrant Josh Homme. Une grosse paire de cojones au fond de la Corona. A song for Milton Feher, comme tant d’autres chansons de l’album, propose une addi(c)tion simple : une voix, un piano, des croches, un refrain. Un sanglot vers la fin, puis l’arc-en-ciel. Happy end sur Lady luck, glam à la T-Rex démaquillé. Dieu que c’est haut.

Certains albums se passent de poses et autres artifices d’écriture, The Atlantic Ocean comble le trou béant qui sépare le cynisme du désarroi. L’album idéal pour affronter les camarades lorsque vos parents ont décidé d’opter pour le hard-discount et les pantalons sans ourlets.

Richard Swift // The Atlantic Ocean // Secretly Canadian (Coop)
www.myspace.com/richardswift

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