« Gonzaï c’est bien joli, mais à part ce Guy Michel Thor, là, que j’ai bien connu à une époque, y a que des jeunes écrivant sur des vieux. Vous devriez faire le contraire, de temps en temps. Qu’est-ce t’en penses, petit ? » J’ai reçu ça par mail, cette semaine. C’était signé Roger Ouateur, de Faches-Thumesnil. Intrigué, j’ai répondu, demandant à ce Roger d’où il sortait. Il n’a pas voulu en dire plus, mais à la place il y avait un fichier joint. « Putain, j’ai mis trois jours pour taper ce truc, à cause de mes gros doigts, alors y a intérêt à ce que tu le passes. » Te voilà exaucé, Roger. Et bienvenue au club.

Un power trio, du psychédélique, des cheveux longs, un blaze ironique pour des ricains, et un disque épuisant : Radio Moscow fait partie des groupes qui n’ont rien inventé mais qui font transpirer. En cette époque où les déodorants servent de micro, c’est toujours une bonne nouvelle. Parole de Roger Ouateur.

L’autre jour, j’attendais Priscilla en relisant Lester Bangs, au rayon littérature rock de la Fnac. L’occasion, une fois de plus, de fantasmer sur une époque où les journalistes pouvaient boire des whiskys avec Lou Reed tout en se permettant d’être désagréable avec lui. Si je vous raconte ça, c’est parce qu’en découvrant Radio Moscow, j’ai pas pu m’empêcher de repenser à la plume digressive de mon moustachu préféré : « The Great Escape Of Leslie Magnafuzz », leur nouvel album, semble tout droit sorti d’une chronique de Creem Magazine.

Ceci dit, j’irai droit au but : Radio Moscow, c’est du sacré bon rock. Pas révolutionnaire pour un sou, mais on s’en fout. Et puis les bons power trios ne courent pas les rues, en cette année de fin du monde. Je conseille donc à tous les fans de guitares au taquet et de batterie TNT de s’enfiler Radio Moscow dans les oreilles ; quant aux autres, je ne peux rien pour eux, à part leur suggérer d’aller s’acheter des oreilles. Je dis ça par politesse, en fait, je m’en carre. Nous sommes maintenant sept milliards, la moitié ne doit pas avoir les moyens de s’acheter une platine disque, l’autre est peuplée de geignards à qui les chapitres musicaux d’American Psycho iraient comme un gant, consommant la musique comme une crème hydratante au pH neutre : faut que ça fasse joli et que ça n’irrite pas. Oh je sais, faire oin oin à propos de ça est une perte de temps ; se prendre pour le Don Quichotte du binaire est un peu prétentieux, et ça n’est même plus un combat perdu d’avance, le camp d’en face étant uniquement là pour s’amuser. Mon Dieu ! Te foutrais tout ça dans la fosse d’un concert de Magnetix, tiens. Et je demanderais à Guy Michel Thor de filmer le tout avec sa caméra super 8, ça nous ferait des souvenirs.

Les cocos, je le confesse, j’ai digressé. Mais nom d’une Telecaster achetée sur troc.com, ça fait du bien ! Tout comme les 50 minutes de »The Great Escape Of Leslie Magnafuzz ». Je sais pas qui c’est ce Leslie Magnafuzz, mais sa grande évasion fait du boucan. Non stop. Tu sors de là comme d’un escalier trop raide ou d’une femme trop molle (y a un ©, je sais), les genoux tout pliés et le cheveu collé au front. Un coup à se chopper des Cramps, assurément. Idéal aussi pour faire son ménage quand Priscilla est en voyage d’affaires, je vous le garantis : le lustre se souvient encore de mon air guitar à l’aspirateur. Je suis même allé jusqu’à rouvrir la boîte à shit, où stagnait une vieille tête d’herbe. Oh putain, je vous dis pas ! J’ai fini aux urgences, tachycardie et compagnie : m’ont piqué les fesses alors que j’étais encore en train de mimer le break de batterie de Speed Freak. Priscilla est arrivée toute affolée. J’ai dérouillé. Au moins la maison était propre.

Papier signé Roger Ouateur, en direct de Faches-Thumesnil, with a little help frop Vernon.

Radio Moscow // The Great Escape Of Leslie Magnafuzz // Alive Records

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