Imaginez deux secondes des rockers français sortant un disque intitulé « … Comme sur des roulettes ». Lapidation médiatique assurée, fous rires et moqueries. Alors que bizarrement, quand c’est Queens Of The Stone Age, on se met à transpirer des molaires en imaginant l’asphalte gondolant au-dessus d’un horizon qu’on tenterait de rejoindre à 150 à l’heure, le bras pendant nonchalamment le long de la portière d’une Cadillac décapotable. Mais comment peut-on encore tomber aussi facilement dans le panneau du rêve américain ? En mettant le volume à fond. Ca couvre les paroles. Et tout le reste. Here we go.

Queens Of The Stone Age ne fera jamais rien de mieux que « Songs For The Deaf ». Bon, salut, bizou, à bientôt.

Arf… Tant pis pour l’avis définitif qui refile des airs de bonhomme – avouez qu’avant de causer de Josh Homme, on s’enfile un jean et une paire de whiskys plutôt qu’un short et un lait fraise – j’ai envie de causer de « … Like Clockwork ». Parce qu’il y a plein de choses à dire du nouvel album de la bande à Josh Homme, cet Elvis XXL à qui on aurait dessiné la gueule de Jerry Lee Lewis pour être sûr de ne pas revivre les overdoses de peanut butter de l’idole rock. Voilà un disque suffisamment direct pour continuer de croire au pouvoir des guitares au moins six mois, assez pop pour avoir envie de baragouiner dans son Tahiti douche et respectant suffisamment l’ADN du groupe pour être rassuré : après toutes ces années, QOTSA ne se contente pas de compter les dollars d’un air las en pensant à ses chefs-d’œuvre d’hier. La vie, c’est des joies simples, parfois. Je règle le rétro et je passe tout de suite au single.

My God Is The Sun. Bim. Du pur QOTSA : direct, tendu et transpirant à souhait. Si vous avez 20 ans, vous pouvez l’écouter au casque, un sac sur le dos et le pouce tendu vers n’importe où depuis le bord de n’importe quelle route. Au-delà de 30 ans,  vous roulez trop vite pour apercevoir l’autostoppeur et vous montez le son d’une pichenette du doigt. En cas de soleil éblouissant, ne pas hésiter à enfiler virilement – quelque part entre Don Draper et Raoul Duke – ses lunettes de soleil. My God Is The Sunglasses. Et merde à dieu pendant encore au moins 100 km.

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David Bowie ? Oui

Ce qu’il y a d’admirable, chez ces gars-là, c’est la classe avec laquelle ils manient le premier degré. Quand Homme chante la mélancolie par-dessus un piano de saloon, avec cavalerie de guitares chevauchant la poussière, annonçant un climax bon à foutre à la toute fin du dernier épisode de la saison de ta série favorite, il ne fait pas semblant. Et vas-y que je ne peux pas chanter ça sans empoigner le micro à deux mains, les yeux fermés par l’intensité tandis que l’auditoire féminin se cherche des culottes de rechange. Histoire que les choses soient bien claires, on lapiderait à coups de 33 tours n’importe quel groupe de n’importe quel autre pays que la Californie osant un truc pareil. Avec The Vampyre Of Time And Memory, on s’auto-claque le beignet, on recommande à boire et on crache au bassinet sans broncher. Dingue.

Ceci dit, les trois quarts des groupes de rock du monde sont incapables de sonner comme un David Bowie qui se serait perdu dans le désert, avec un moteur de 300 chevaux au bout du médiator. Le coup du lyrique’n’roll, on vous l’avez déjà fait ? Oui ? Vraiment ? Mettez Kalopsia et Fairweather Friends dans l’autoradio, on en reparle 100 km plus loin. Oui c’est important, les comptes ronds.

A la vingt-cinquième écoute, on gare l’autoradio, on reste un moment silencieux, on cherche ses mots et on est quand même sacrément surpris de prononcer celui d’élégance. Giflée à 140 à l’heure en travers de tes oreilles rougies par le soleil. Mais quand même… Cet enthousiasme au bord de la morgue, cette grammaire rock impeccable et sa syntaxe syncopée qui parle au bassin, ce coup de menton sur le refrain comme une cravache qui s’abat sur ton détonateur, cette chevauchée en Marshall, ça n’est pas rien.

Ce que je cherche à vous dire, ça n’est pas la virtuosité ni l’intelligence de ces garçons, encore moins tenter de deviner ce qui dépasse de leur discothèque perso : c’est leur puissance en toute circonstance ; qu’ils aient décidé de faire pleuvoir des obus sur ta route 66 où qu’il s’agisse de t’empoigner le paquet pour te sortir les larmes dont tu n’espérais plus pouvoir te débarrasser un jour. Etant entendu qu’I Appear Missing est ce souffle venu on ne sait pas d’où mais quand même plutôt de quelque part dans l’ouest, pour réveiller les fantômes qui t’habitent et leur mettre un kilo de TNT dans les mains afin de te secouer la peau. Et merde à dieu pendant les 100 km qui suivent. Parce que j’ai beau vous raconter tout ça depuis mon canapé, Queens Of The Stone Age, ça s’écoute en voiture.

Queens Of The Stone Age /// … Like Clockwork /// Matador
http://www.mygodisthesun.com/

 

 

 

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