Puisqu'on ne pouvait pas tout mettre dans le numéro spécial consacré à la Gaule underground, et comme on a préféré laisser de la place à la Bourgogne, aussi punk que Plastic Bertrand, on vous pose tout ça là : le programme festif pour les courageux passer l'été à Paris plutôt que de partir bronzer à Picardie-sur-plage.

Champ Libre. Si vous en avez déjà entendu parler, vous y êtes surement déjà allé. Si ce n’est pas le cas, vous n’irez probablement pas. À quoi bon en parler alors ? Parce qu’il représente bien les capacités de certains passionnés, et le point auquel la vie culturelle se résume souvent à la dichotomie entre la compromission racoleuse et l’élitiste entre soi. Pour vivre heureux, vivons cachés ! Champ Libre semble être très heureux, comme son public (Il est impossible d’y entrer sans être accompagné d’un habitué, toujours dans l’idée du respect de la liberté). La programmation musicale y est pointue, et de la même couleur que les vêtements des gens qui y passent des nuits blanches (noire). Aujourd’hui, le lieu est devenu un label et cherche à faire peau neuve : sa survie dépend de lourds travaux à mettre en place.

C’est où ? 10 rue de Penthièvre, Paris

Le Théâtre de VerreÔ mensonge ! Ô calomnie ! Le théâtre de verre – géré par l’association Co-Arter – n’est ni vraiment un théâtre, ni vraiment en verre. Au-delà de cette pub mensongère inacceptable, ce centre culturel du dix-neuvième mixe une grosse variété de pratiques, entre atelier de tango queer, cours de cirque, et bal pop’. « Nous voulons donner à la culture toute sa force critique, sa vocation à forger le caractère humain, révolutionner les mœurs et les conduites sociales dans l’espoir que notre société accouche de cette humanité nouvelle, de cet homme nouveau tant désiré » explique le fondateur Luis Pasina, dans une note d’intention bien pétée et pas 100 % compréhensible à la première lecture. Mais l’objectif du Théâtre reste finalement assez simple : expérimenter en croisant les arts. L’espace est bien fat, avec sept salles réparties sur 1800 m2, dont une réservée pour les concerts et une autre pour le ciné. Preuve de la liberté ultime du lieu : ON PEUT FUMER À L’INTÉRIEUR. Pierre de Baudouin

C’est où ? 12 Rue Henri Ribière, Paris

Les catacombes : underground à l’état pur. Sans doute que les promenades les plus étonnantes de Paris sont sous Paris. En tout cas, les catacombes sont connues pour regorger des salles incroyables : la Plage et ses graffitis géants, le passage aquatique du Banga, les ossuaires (les petits malins y font des concours de tours de fémurs), ou encore la salle des chaussures perdues, entre autres bunkers abandonnés, sont autant de lieux souterrains magiques quand on les découvre. Bien sûr, il est strictement interdit de descendre dans les catacombes et depuis le récent documentaire de Konbini, une large proportion de visiteurs non expérimentés sont descendus pour tenter l’aventure. Conséquence : une augmentation de cata-flics qui prunent à tire-larigot et des salopards qui ne prennent pas soin du lieu en « oubliant » de ramasser leurs déchets festifs ont quelque peu niqué l’ambiance. Soyez précautionneux, n’oubliez pas que c’est de la spéléo, avec les dangers que cela comporte et surtout, surtout, suivez le guide. Si vous n’avez pas de guide, vous réussirez peut-être à entrer, mais pour sortir, c’est une autre histoire. 

C’est où ? Accès partout, sécurité nulle part. 

La Galerie P38A priori, rien à voir avec le Walter P38, le pistolet double action semi-automatique utilisé par les boches en 40. Mais cette galerie installée à Château-Rouge depuis à peine deux ans, et créée par des anciens libraires, propose une collection de publications underground complètement flinguées. L’objectif du projet : défendre la contre-culture et l’avant-garde version papier, du fanzine au bouquin de bibliophile. Concrètement, ça donne par exemple les pénis-vagins et les hommes-glands de Jirô Ishikawa. Les artistes exposés sont souvent jeunes. Info utile si vous comptez vous infiltrer la nuit pour chourer des œuvres : le parquet grince. Faites gaffe. Pierre de Baudouin

C’est où ? 33 ter rue Doudeauville, Paris

La maison (hantée) de Landru. La visite à ne manquer sous aucun prétexte pour les fans de meurtre. Derrière les grilles blanches de cette villa de Gambais, Henri Désiré Landru – superstar historique des serial killers franchouillards – trucidait des bourgeoises, qu’il chinait en se faisant passer pour un veuf malheureux, avant de récupérer leur oseille. Possibles odeurs de cramé : après avoir buté ses victimes (11 au moins), le brave brûlait les macchabées dans sa cuisinière. Selon mystere-tv.com, un site qui pèse dans le game du complotisme paranormal, on y entendrait des rires et des voix d’enfants. Si vous flippez trop, appelez les hendek ! Pierre de Baudouin

C’est où ? Rue de l’Eglise, Gambais

Kata. Selon le bien pas connu @Bastien2039 : « Kata est une aberration urbaine, un gâchis improbable, un cheveu dans la soupe et qui pue des pieds comme pas permis. » Ce qui ce qui met Bastien dans tous ses états c’est que ce magasin de chaussures (le genre massif, avec des godillots à perte de vue en vrac entassés sur des palettes) est installé dans un vieux théâtre à colonnes dans le plus pur style italien. Très chic pour les soldes, peu couteux pour les traine-savates. Astuce filoute : le théâtre offre une passerelle secrète entre le boulevard Barbès et la rue des Poissonniers… Pratique pour s’échapper.

C’est où ? 34 Boulevard Barbès, Paris

Thé-troc. Où l’on trouve du thé afghan, des grinders, du rock en vinyle, des bangs, et surtout, surtout : de la bande dessinée freak. Le patron est l’éditeur de Gilbert Shelton et l’ami de Crumb au passage, mais – bordel – laissez-le en paix à l’heure de la digestion (sieste entre 12 et 14h).

C’est où ? 52 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris

Lazer QuestCréé en septembre 2013 par les deux artistes Iris Veverka & Satanik Mike et inspiré par le mouvement Cobra, Fluxus, Dada, la figuration libre, la science-fiction, la weird fiction et les pseudos-sciences, LAZER QUEST se dirige hors des courants conventionnels et se démarque des lieux artistiques traditionnels avec des thématiques curieuses, raffinées et « mauvais genre ». Lieu autogéré et module d’exposition hybride et mobile, LAZER QUEST propose une interaction entre les scènes alternatives et contemporaines. Pas de manifeste à ce jour mais une volonté forte : privilégier l’exploration, l’excavation, et se définir telle « une terrasse en faux marbre auto portée par les envies d’expériences spatiales ». OK. Arnaud Ducome

C’est où ? Après avoir ouvert dans le 19e au Bloc, dans le 14e et le 12e à la Gare XP, dans le 11e au Black Trombone, on vous invite vivement à visiter la nouvelle adresse : Carbone 17, 17 rue des postes, 93300 Aubervilliers.

Les Grands VoisinsÀ deux pas de Denfert, dans le 14eme arrondissement, un lieu regroupe logements sociaux, bar-restaurant, serres, et même un camping. Le but ? Donner vie à des endroits abandonnés dont la ville n’arrive pas à prendre soin. Ici, des migrants côtoient des startupers autour d’un terrain de foot bricolé. Les Grands Voisins, c’est un lieu de vie presque unique dans la capitale. On peut y faire tout, et n’importe quoi à la fois. Des exemples ? Jouer à la pétanque, camper, se relaxer dans un banya (bain russe) ou encore manger un bout à la cantine solidaire. Idéal pour chiller cet été.  

C’est où ? 82 Avenue Denfert-Rochereau

Le 6BSur 6 étages, le 6Bsitué à 200 mètres de la gare Saint-Denis, accueille tous les esprits créatifs du coin. Comme souvent, ça part d’un ras-le-bol. Celui de ne pas trouver d’endroits pas chers à deux pas de chez soi qui correspondent à une certaine idée de la culture, à une certaine philosophie de vie. En 2012, deux ans après sa création, l’espace créatif se voit intégrer dans un programme d’aménagement du quartier : Néaucité. Le 6B continue son bout de chemin, gagne en réputation et organise des évènements en tous genre qui permettent de casser les clichés sur la banlieue. Et de montrer que Paris n’a pas le monopole de l’art. 

C’est où ? 6-10 Quai de Seine, Saint-Denis

Mains d’Œuvres. À la frontière entre l’institution culturelle et le squat d’artistes, l’association Mains d’Œuvres, situé à Saint-Ouen, s’active toujours autant. Avec le retour du festival Mo’Fo, Mains d’Œuvres tente d’aller de l’avant. L’association, qui bataille avec les administrations, continue d’accueillir danse, musique, arts visuels, théâtre, et diverses fêtes. Pourquoi ? Car une ville sans culture, c’est une ville sans projet. Sans âmes. Et sans futur. (putain on y va un peu fort là, mais c’est pas grave, c’est la fin de l’article). 

C’est où ? 1 Rue Charles Garnier, Saint-Ouen

Le reste de la région Ile-de-France et de la France entière est à retrouver dans le nouveau numéro de Gonzaï spécial Gaule Underground. 

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