Près de dix ans après la mort de Lou Reed, le label Light In The Attic publie « Words & Music, May 1965 », un album de démos de ce qui deviendra le premier album du Velvet Underground. Derrière la découverte de ces premières émulations entre Lou Reed et John Cale, c’est aussi l’occasion de revenir sur la jeunesse chaotique du New-Yorkais et le traitement par électrochocs qu’il reçut à l’âge de dix-sept ans.

L’anecdote attribuée à Brian Eno est aussi célèbre qu’exagérée : si l’album à la banane, produit par Andy Warhol, ne s’est vendu qu’à un timide millier d’exemplaires à sa sortie, chacun des acheteurs aurait lancé son propre groupe après la découverte de l’ovni. Plus que sa postérité, c’est la genèse de cet album qui est exhumée dans la compilation de démos « Words & Music, May 1965 ». Quand deux ans avant la sortie de « The Velvet Underground And Nico », Lou Reed et John Cale se réunissaient pour une session d’enregistrement d’une dizaine de titres, en mai 1965.

Parmi eux, certains incontournables du monument à venir (I’m Waiting For The Man, Heroin ou Pale Blue Eyes), dans une version sobre, dénuée d’effets épileptiques, tirant vers la folk. D’autres morceaux sont des raretés, comme l’angoissant et prophétique Wrap Your Troubles in Dreams. Avant chaque enregistrement, une déclaration – « words and music, Lou Reed ». Souvent, quelques cris et éclats de rires des jeunes musiciens, malgré la gravité des thèmes abordés (drogue, mort, solitude, homosexualité).

La cassette enregistrée est en fait une sorte de copyright, que Lou Reed expédie à sa propre adresse pour conserver la preuve de la paternité de ces morceaux. Le paquet (toujours scellé) terminera dans un hangar de la périphérie de New York, où Lou Reed entreposa pléthore d’effets personnels durant sa vie. C’est sa femme Laurie Anderson qui le découvrira des années après sa mort, au milieu d’autres archives dont le défunt mari ne prenait pas grand soin. Selon elle, Lou Reed ne présentait que très peu d’intérêt pour les choses de son passé, voire s’en désintéressait complètement. De quoi mythifier un peu plus la légende déjà sulfureuse du « prince de la nuit et des angoisses ».

(C) Flickr junq06603

 

Souvenirs d’un pas grand-chose

Pourtant, le passé de Lou Reed est aussi lourd qu’essentiel à la compréhension de son œuvre. Quelques années avant cet enregistrement de mai 1965, alors qu’il n’avait que dix-sept ans, le comportement asocial, dépressif et parfois agressif de Lou Reed, sa consommation de drogues (déjà importante) et ses penchants (bi)sexuels pousse ses parents à amener leur fils consulter un psychiatre. En résultera un tragique épisode de la vie de l’artiste : une série de traitements par électrochocs, prescrit en tout impunité par un corps médical aussi dangereux que dogmatique.

Dans Kill Your Sons (de l’album « Sally Can’t Dance », 1974), Lou Reed fait une référence directe à cet épisode :

« All your two-bit psychiatrists are giving you electro shock / They say, they let you live at home, with mom and dad / Instead of mental hospital / But every time you tried to read a book / You couldn’t get to page 17 / Cause you forgot, where you were / So you couldn’t even read / Don’t you know, they’re gonna kill your sons ».

Il reviendra plus tard sur la perte de sa mémoire immédiate causée par cette « thérapie » barbare et depuis condamnée, mentionnant de nombreuses promenades durant lesquelles il oubliait tout simplement son chemin. De ce traitement, Lou Reed conservera un immense ressentiment contre ses parents, surtout son père, l’accusant de l’avoir livré aux tortures du corps médical pour réprimer cette supposée homosexualité.

Puisque Lou Reed n’a jamais vraiment raconté sa vie ailleurs que dans ses chansons, se refusant à l’exercice auto-biographique autant qu’il appréciait celui d’entretenir son propre mystère, c’est principalement sa sœur Merrill Reed Weiner qui reviendra le plus en détails sur ce tragique épisode. Elle raconte la peur de ses parents, devant des comportements qu’il ne comprenaient pas et devant lesquels ils s’avèrent totalement désarmés. Elle raconte la première dépression nerveuse de son frère, son usage conséquent de drogues, comment il pouvait passer de la neurasthénie à des éclats de rire subits et angoissants. Elle raconte surtout l’emprise des psychiatres accusateurs sur les parents désemparés, qui prenaient le diagnostic des blouses blanches comme parole d’évangile. Et elle raconte aussi que si la haine de Lou Reed contre ses parents était infinie, leur désespoir et leurs regrets l’étaient aussi, en voyant leur fils incapable de parler ou tenir debout après ces séances de « thérapie ».

Cinquante ans plus tard, et au regard de la flambée du prix de l’électricité, on n’a donc pas fini de condamner cette  aberration définitivement à contre-courant.

Lou Reed // Words & Music, May 1965 // Light In The Attic

2 commentaires

  1. on attend les preuves + les preuves que les journalistes foutent la merde par le mensonge talmudique on en a toute la journée en con-tinu.
    + les curés pédophiles aussi c’est fake, et ouais fillette le pape est un comploteur, là preuve il se pose pas du tout la question de est ce que l’emmanuel jean michel serait le messie annoncé comme s’appelant… emmanuel. mat1 .23

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