Au risque de passer pour une trompette, avant d’écouter le nouveau Primal Scream, je me demandais encore si Bobby Gillespie ne faisait pas partie de la famille de Dizzy. Ceci dit, une fois « More Light » avalé en entier, je suis en mesure d’affirmer au moins une chose : tandis que les vieilles stars du rock n’en finissent plus de remplir des stades avec des disques qui sonnent creux, Primal Scream bande encore.

0a83bda278ce2097d55a32025b0d6d2bImpossible de se souvenir de la dernière fois où l’on avait entendu du saxo dans un morceau de rock sans rigoler. Le nouveau Primal Scream attaque bille en tête avec un riff dudit instrument. Le titre du morceau ? 2013. La modernité selon Gillespie tiendrait-elle dans la capacité à s’époumoner dans une anche à bout dorée ? Mystère. Ma connaissance du groupe avoisinant le zéro, pour les certitudes, je n’ai que mes deux oreilles à poser sur la table de mixage. Des esgourdes encore toutes étourdies par les soixante-dix minutes de tourbillon sonore qui débordent de ce supplément de lumière.

Balayons tout de suite les doutes qui entourent le single It’s Alright, It’s Ok, que Gillespie – crise de schizophrénie ? Stratégie commerciale parfaitement assumée ? Hasard ? –  a envoyé en tête de gondole sur les radios alors qu’il l’a mis à la fin du disque : oui, c’est un ENORME plagiat du Can’t Always Get What You Want des Stones. Et, oui, c’est un bon tube. Mais ça ne dit absolument rien de tout ce qui s’est passé précédemment sur « More Light ». Ce que je me propose de faire, parce que je suis un type sympa quoi que de plus en plus obtus musicalement si j’en crois mon entourage (la mère de mes enfants, essentiellement, et quelques amis, ceux-là même qui se comptent sur les doigts de la main accrochée au cou de Jamie Lannister, je dis ça, c’est parce que « sur celle de Django Reinhardt », Desproges la déjà faite… Vous n’étiez pas au courant ? Le monde des blagues n’a pourtant pas toujours appartenu à des gens qui font leur beurre en nous racontant comment ils galèrent avec leur smartphone et qui commencent tous leurs sketches par « Vous avez déjà remarqué ? »). En cas de non satisfaction, cette parenthèse est remboursable sur vernononsenbatlaracedetalife.com.

Rock psychédélire

Au risque de me répéter, vous avez intérêt à ne pas vomir à chaque riff de saxo (quand ça n’est pas une flûte traversière) : le disque en est truffé. Cette précision faite, pas facile de savoir par où commencer. On va se faire des punchlines, on verra bien ce que ça donne.

Ecouter « More Light », c’est comme passer une heure dans un avion zigzaguant au milieu des turbulences avant d’aller se finir au-dessus du triangle des Bermudes.

Oui, on voit la lumière avec « More Light ».

Le nouveau Primal Scream, c’est un peu le retour de la victoire du rock britannique.

Le headbanging s’impose avec le saxo fou d’Hit Void.

On aurait aimé trouver une alternative à « rock psyché ».

Avec son nouveau disque, Primal Scream explore différentes facettes de son univers, navigue entre les genres et signe une belle aventure dans ce disque de rock mâtiné de psyché, de pop et de dance ; un nouveau projet riche en émotions.

On soupçonne Bobby Gillespie de ne pas en avoir totalement fini avec les drogues.

La barre des trente écoutes se passe les doigts dans le nez.

Celle des cinquante aussi.

Culturecide refile des hoquets et des envies de coups de latte dans la gueule des deux Daft Punk.

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Microsillon dégueulant des folies pop

On ne s’emmerde pas deux secondes ici, trop occupé qu’on est à perdre le décompte des mesures, à se demander qui fait quoi, dans quel ordre et à imaginer Gillespie jouer les chefs de gare derrière la console de son, décider quel refrain jouer plus fort, quand la batterie doit s’emballer et te taper sur la tête, où caser ce clavier fou, ne pas oublier de glisser quelques guitares bien électriques, trouver une bonne raison de diminuer le tempo et choisir qu’une harpe devrait faire l’affaire pour le bridge. Pour le choix du saxo, on aurait quand même aimé lui demander ce qui lui était passé par la tête.

What else ? Un vieux groupe (premier album en 1987 signé sur Creation, label d’Alan McGee) qui vient de sortir un putain de bon disque, ne s’est pas contenté du minimum syndical des dix titres et tricote des folies pop plus hirsutes que n’importe quel hurlement de n’importe quel jeune rocker qui prend les premiers larsens rotés par son Marshall pour un « truc de ouf ».  Alors oui, « More Light » porte bien son nom. Une lumière souvent noire, une lumière habitée, une lumière à se chopper des coups de soleil dans les tympans (vicieuse, la lumière). « More Light » est un disque brillant.

Primal Scream // More Light // First International

5 commentaires

  1. Hey amigo, il est super ce disque. Leur meilleur depuis bien longtemps : c’est « XTRMNTR » (que je te recommande chaudement) sans les mauvais titres techno qui l’encombraient. Ces mecs sont des putains de mélomanes, ça suinte le rock’n’roll par tous les pores.
    Ah, et pour le saxo, il faut y voir celui de « Fun House ». Un truc de sauvages.

    1. Sure. Primal Scream est un grand groupe toxique pas assez connu: chez moi, ils sont sans problème dans mon top 10 best band ever. Screamadelica, Vanishing Point et XTRMNTR sont des chefs d’œuvre et tous les autres disques sont au moins très bons. Quant au petit dernier, c’est en effet la porte d’entrée idéale. Alors il faut continuer de le clamer, de le brailler haut et fort: Primal Scream a toujours bandé. Et bande encore…

  2. Sure. Primal Scream est un grand groupe toxique pas assez connu: chez moi, ils sont sans problème dans mon top 10 best band ever. Screamadelica, Vanishing Point et XTRMNTR sont des chefs d’œuvre et tous les autres disques sont au moins très bons. Quant au petit dernier, c’est en effet la porte d’entrée idéale. Alors il faut continuer de le clamer, de le brailler haut et fort: Primal Scream a toujours bandé. Et bande encore…

  3. Ouais, complétement ok pour dire que ce disque est grand.
    Son impact me fait un peu penser au dernier Spiritualized : ça transpire l’intégrité, la musique, la drogue aussi, c’est vrai, et surtout ça donne l’impression de rien avoir à foutre de l’avis des autres.

    Ca vous plait, justement, quand je donne mon avis?

    Je vous like tous.

    Guitou

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