Tout le monde s’enflamme à nouveau, progressivement, comme au temps de Pas vu pas pris : la presse, les chroniqueurs officiels de la grande lucarne et des ondes mainstream. Il faut dire que les extraits de Fin de concession, le dernier film de Pierre Carles, fleurissent un à un sur le web, avant même les projections en salles. La petite guerre psychologique est orchestrée de main de maître, en arrière-coulisse. Pourtant, l’essentiel est déjà mis dans l’ombre. Revenons donc à la source, suite à la diffusion en avant-première, pour les journalistes et financeurs de Touscoprod.

Se présenter sous un jour assez faible est une force. Mais ici, Pierre Carles va certainement en pâtir. La plupart des médias rechigneront toujours à le mettre dans la lumière, alors qu’ils pourraient simplement lui rétorquer : « vous verrez, vous êtes jeune… » Ils sont encore une fois fébriles face à ses attaques, même s’il finit ici par s’éclipser lui-même. D’ailleurs, Nicolas Santolaria de Technikart indique, amusé, que Carles « refuse toutes les interviews ». C’est un exemple parmi tant d’autres. Il ne devrait pas y avoir besoin d’un décryptage : après avoir cassé les branchés, Carles ne veut tout simplement pas leur servir de perche, les créditer de quoi que ce soit, participer à leur sauce médiatique. Une forme d’irrévérence directe, fidèle à ses démonstrations habituelles.

Pour autant, les causes de son amertume (visible à l’image) sont un peu plus profondes. En effet, le trublion du paf, visé comme le plus radical, semble aigri vis-à-vis de son désir, de ses motivations, du chemin parcouru, sans réussir à changer le monde. Sa déroute personnelle et collective va même jusqu’à effleurer son rapport aux femmes, le lien de la séduction, des flatteries ou mondanités journalistiques. A son tour d’être analysé, auto-déconstruit, comme le sujet de la perte de sens, peut-être même des compromissions et connivences progressives (ceci en des terrains moins explicites, d’emblée).

Par contre, il faut interroger directement Pierre Merejkowsky, en off, car présent à l’image, pour connaître plus en profondeur les méthodes de Pierre Carles, ce qu’a pu être l’échange réel entre eux, durant la réalisation : leurs distinctions et l’état d’esprit qui les anime, au-delà de ce qui ressort brièvement du montage. Sa présence est une volonté presque expiatoire de l’équipe du film, soudainement désarmée. Il apparaît là, comme référence tenace ou boussole anarchiste libertaire de feu Zaléa TV (chaîne indépendante engagée). Le ton est déjà donné, en privé : «Ce film est une ignominie, tant sur le plan éthique que politique, et « humain »… J’en donnerai très prochainement la critique précise. Danger Travail était inadmissible aussi. Il s’agissait pour Pierre Carles de présenter tous les refusniks du travail comme des débiles mentaux. Ce qu’il a également fait avec le Choron de Charlie Hebdo, présenté comme un débile face à Philippe Val, alors que d’autres dans le Charlie Hebdo historique avaient une pensée, comme Pierre Fournier… ».

Finalement, les rushes de Fin de concession, ou une confrontation nouvelle pourront offrir un vrai visage de ces pensées qui s’affrontent. Les habitués se rappellent que Merejkowsky avait provoqué une agora très cinglante contre Le Monde Diplomatique, Serge Halimi et Pierre Bourdieu, à l’Espace St Michel à Paris du temps de la sortie du film Désentubage cathodique d’Olivier Azam – un ex-pilier également de Zaléa TV. Fort de convictions bien ancrées, Merejkowsky prolonge évidemment la réflexion à Daniel Mermet, et aux Mutins de Pangée (producteurs associés du dernier documentaire de Pierre Carles, les anciens de Zaléa). Une façon de rétablir la balance face aux chapelles militantes, éviter la récupération de cinéastes beaucoup moins hypnotisés par la lumière, en l’occurrence Joseph Morder, Boris Lehmann, Nicolas Ray, Olivier Fouchard, Stéphane Marty, Frédérique Devaux, et tant d’autres références appréciées de Merej’. Une tendance : ne pas être dans les effets de castes. Si on a un truc à dire, on le dit. Aucun pouvoir ne devrait y porter incidence. Comme ce n’est pas le cas, la critique est légitimée d’office.

Le constat est là : les libres penseurs se démarquent des procédés de dominance et de gestion de masse, et sont donc concentrés principalement sur leurs oeuvres expérimentales underground, non corporate. Ces passionnés que l’establishment voudrait « maudits à jamais » provoquent des échanges qui se prolongent dans le réel, quel que soit le prix ou le temps, hors des principes commerciaux et conventions de genre. Peu importe que le monde professionnel, obnubilé par la fonction et les titres de droits et propriété, dissuade chacun de les voir ou de se manifester à son tour. Dans l’urgence à se dire, capter la sève de notre volonté, des espaces authentiques s’affirment, non sans contradictions humaines acceptables. Basta, la honte du doute, du caractère non définitif et en mouvement de l’être. La recherche de la pureté parfaite serait un abîme. Des seuils de tolérance effritent les certitudes sur la perfection à trouver. Le nombre n’a surtout pas de prise sur ce qui détermine la sincérité dans la création. A l’opposé d’une volonté d’influence, de force, ou d’un banal roman mondain déguisé en farce protestataire, sans lendemains qui chantent. Les clash épiques et célébrés tournent à vide. Ils ne servent qu’à augmenter son carnet de rendez-vous plus ou moins hype, à reproduire et remplacer ce qui existe déjà, le magnifier finalement.

Pierre Carles suscite vraiment la contradiction de toutes parts, y compris vis-à-vis des liens entre Canal + et la critique de Clearstream par Denis Robert.

Lors d’un événement de son Comité de soutien à la Cigale, D. Robert avait rappelé son indifférence le concernant. Les amateurs auront vu les quelques détails disponibles via internet, de leur conflit d’idée sur la considération à donner à Canal +, dans un travail d’investigation : s’il faut en attendre un soutien pertinent, ou rien du tout.

Dans Fin de concession, cette relative suite de l’étonnant film Pas vu pas pris (son brûlot le plus célèbre – à l’effet subversif légèrement atténué par les prises de positions acerbes d’Hector Obalk, son camarade sur ce projet), Pierre Carles maintient que la pseudo chaîne de l’irrévérence n’intervient que sur des sujets politiques devenus obsolètes, d’il y a 20 ans, en somme. Peut-être est-ce largement vrai, mais pas totalement. Il gagnera à faire amende honorable, comme lorsqu’il accepte à la caméra d’une de ses cibles (Etienne Mougeotte succédant à Charles Villeneuve), qu’il y a bien eu des documentaires critiques de la télévision à la télévision, une trilogie au moins. Le training sur les Bouygues boys est d’ailleurs renversant, avec un Bernard Tapie plus vrai que nature. Les images sont bienvenues.


D’autres, comme Fabrice Ferrari par exemple (membre fondateur de Parasite Distribution, pourtant intervenu en post-production de Fin de concession), expriment leurs craintes : « J’ai vu la version 12, puis la version 18, mais pas la dernière version. J’ai hâte de voir le film fini, car nous avons eu de longues discussions avec Pierre et d’autres sur la finalité du film. Constat d’échec de tous ses combats, ou appel à rebondir en passant par des actions plus… radicales ? » Il rejoint totalement le schéma d’errement intellectuel que Pierre Carles a d’ailleurs osé montrer aux spectateurs, avec sa productrice Annie Gonzalez, dans le document achevé. Une sorte de mouvement de transparence, mais qui peut d’emblée donner l’impression qu’il en a marre de tout.

Au sortir de la projection, Pierre Carles semble vraiment en difficulté. On peut ainsi se demander si Michel Fiszbin (ex boss de Zaléa TV) se désolidarise également de cet opus fort en archives, mais marquant la fin des illusions, se tournant vers soi, et sa place réduite à jamais dans le paysage audiovisuel ? Pourtant, pas du tout : « ce film me paraît tout à fait salutaire, ne serait-ce que par les débats publics qu’il suscite avant même sa sortie : Montebourg, TF1, Mélenchon, Pujadas, France Télévision. Il oblige tout le monde à sortir du bois… Et je suis très fier d’y avoir participé !!! » M. Fiszbin est son acolyte dans Fin de concession, pour la remise de la Laisse d’Or (de la feuille de chou PLPL, devenue en cours de route Le Plan B) à David Pujadas – ce qui a fait du bruit jusqu’à Jean-Marc Morandini et Europe 1. Dans le film, on voit également M. Fiszbin à l’oeuvre, avec P. Carles, lors d’une manifestation symbolique, quasi improvisée, devant le Siècle à l’Automobile club de Paris (ce rendez-vous des puissants, relativement discret).

Il faut rappeler que Pierre Carles était arrivé à Zaléa TV « pour se les faire » (dixit Maxime David, un ancien de Zaléa), démontrer un double discours, le schéma habituel, souvent légitime. Voyant que l’équipe était cool, il s’en ai fait des alliés. Ce lien aboutit à Fin de concession, cette production en forme de recherche de radicalité joyeuse, comme avec Michel Fiszbin. D’ailleurs, on peut tout de même apprécier de découvrir, dans ce documentaire, le comportement d’Audrey Pulvar, de Jean-Marie Cavada ou d’Elise Lucet. Respectivement, leurs renoncements, compromissions et sarcasmes sont très significatifs. Du Pierre Carles, authentique.

Dommage qu’il soit autant fragilisé par le fait que ses oeuvres ne renversent en rien le système. Il a vu apparaître, comme son entourage, une augmentation de ce que l’on critique à « gauche ». Sa volonté de pureté affichée est en décalage profond avec les orientations de la société. Il en souffre visiblement, et devient progressivement le sujet de sa démarche. Le seuil de tolérance est trop élevé, une ascèse ingrate, sans victoire de ses principes moraux.

Il convient d’aller plus avant dans la réflexion, sinon l’on restera encore et toujours en surface. Il est temps de s’y pencher enfin.

Ainsi, les interrogations s’enchaînent. Rétrospectivement, on peut se demander si Pas vu pas pris n’était pas meilleur. Ou si l’alignement des deux documentaires ne traduit pas une réelle mythologie, un glissement dans la volonté de changement, un abandon de soi ? Est-ce qu’il nous enfume ? Que cherche vraiment Pierre Carles ? Est-ce qu’il est pris désormais par une simple envie de se montrer, d’exister, dans toute sa tristesse, sans résultat pour l’avenir ? A-t-il encore quelque chose à proposer, une ligne directrice indépendante, pour aller de l’avant, y croire toujours ? Ce sont des questions difficiles, nullement amenées là pour tacler, être négatif ou désagréable. Sombre analyse, confrontée à l’errance d’un esprit qui veut lui-même se remettre en cause et présente ses états d’âme.

En somme, a-t-il perdu ses illusions et comment rebondir, continuer à se vouloir honnête et intègre, sans se détruire ? Va-t-il aller jusqu’au bout de sa démarche, quitte à en payer le prix, se faire les reproches essentiels, dévoiler ce qu’il lui reste d’acceptable pour lui-même et son environnement ? S’est-il trompé de cible, à vouloir combattre le mal, s’y engluer à fortiori, sans diagnostiquer au départ la portée de la tâche, inhumaine ? Ou peut-il se tourner de nouveau vers l’extérieur, sans doute ni trouble à agir avec panache et raison, tel qu’il l’exprime parfois ? Confisque-t-il « des paroles intimes, pour les mettre à sa sauce », comme dirait Mérej’ ? Ce dernier est fatigué par ses projections (ou procurations) éloignées du sens culturel, de l’union de forces vives, et de la gratuité : un détournement politique, voilà tout.

Finalement, est-ce que Pierre Carles ne devrait pas revenir simplement à la base de son travail, malgré cet essoufflement bien perceptible, une usure du temps, face aux monstres des structures capitalistes modernes ? C’est à dire, tout simplement de chercher à proposer sous forme audiovisuelle ce que fait globalement Le Canard enchainé à l’écrit (ou tout du moins ce qu’il se revendique d’offrir à ses lecteurs) : une révolte saine. Est-ce convaincant, nécessaire, possible à distribuer largement et avec force, en évitant de se casser les dents, ou de passer la main ?

Le constat est lourd. Pierre Carles a perdu le but de ses actions : renverser le système. Car ca ne marche pas.

Comment peut-il continuer ? Une réponse : ce qu’il nous présente n’a pas d’incidence. Il n’y croit pas. Le bateau est vide. Ce en quoi les amoureux de la justice et de la liberté lui en veulent. C’est comme dénaturer l’esprit de révolte, s’en faire le fossoyeur. Il entraîne le public vers l’illusion du succès, puis vers la déprime. Certes, mais en est-il responsable ?

Il critique également le principe de l’usage de titres, de la respectabilité acquise par un pouvoir. Or, il l’utilise. Le bilan est exposé dans Fin de concession : il serait son pire ennemi. Mais il y est, une institution, un personnage en avant des autres, et pas à égalité. En clair, il se revendique d’une éthique et y renonce, forcé, sans vraiment le dire, en maintenant comme il peut l’illusion anarchiste de ses idées hors système. C’est plus qu’une contradiction, un non-sens dans le chemin de déconstruction du pouvoir. Il doit avouer son échec : une reprise de thèses qu’il ne peut appliquer. Faute d’envie de se taper l’oubli, l’absence de force visible.

Il joue donc un peu sur l’image. Et c’est ce qu’il ne supporte pas en lui. Car il est adepte du tout ou rien. On est honnête ou on ne l’est pas. On casse les hiérarchies ou on les renforce. Non, il est déjà dans le jeu des compromissions. Il ne veut juste pas aller plus loin, et être simplement un de ses détracteurs. C’est une sorte de torture de l’esprit, qui a ses effets directs.

Que penser également de l’utilisation bienveillante dans Fin de concession, de sarcasmes fameux d’Edern Hallier contre les thuriféraires du vice journalistique, sans que ne soit jamais exprimé de remarque envers sa nature misanthrope, à être de tous et d’aucun bords, fréquenter ainsi tout le monde, de l’extrême droite à l’extrême gauche, sans position claire ni pour les uns ni pour les autres ? De nombreuses personnes que Pierre Carles remet en cause, comme Frédéric Taddeï d’ailleurs, ont travaillé pour l’Idiot international.

Le mal est fait. Pierre Carles aborde l’autocritique et la déroute. Il semble que sa démarche mérite d’être discutée, comme ici. Jamais ce qu’il met en cause n’a été aussi présent. Constat d’échec vu ses ambitions exprimées, tuer Canal +… Pour autant, ses limites et contradictions sont significatives et alarmantes. S’y consacrer davantage pourrait faire avancer la réflexion sur les médias, et la volonté de changer un contexte particulièrement nauséeux.

Nourri de documents d’archives – ou simplement de ses intentions radicales, il amène à des effets collatéraux immédiats, comme de s’engager un peu plus que ce à quoi nous sommes habitués : entre un Arnaud Montebourg taclant TF1 de plus belle, et Nonce Paolini, le PDG de la chaîne incriminée, alors choqué, remuant les mass média pour exiger des excuses publiques. Ou bien dans la foulée, entre David Pujadas prenant le parti régulièrement d’enfermer les luttes sociales dans la culpabilité d’actions à discréditer (un projecteur bien orienté), et Jean-Luc Mélenchon, l’ayant taxé alors de « larbin », face au procédé présenté. Le réflexe est de demander des comptes à l’auteur d’images volées. Pierre Carles s’en revendique toujours, utilisant ces fameuses techniques discutables qui ont court à la télévision : de l’enregistrement caché à des prises hors antenne. La vérité est à côté du cadre de parole. De quoi éviter le formatage et la communication, ce travail sur l’image peu transparent. Pas de langue de bois, encore moins de marketing politique.

Les affrontements enflent, du coup : une extension sur le terrain politique, des problématiques médiatiques liées au film. Mais il s’agit surtout d’éteindre le feu. Comme lorsque sur France inter, Pujadas réagit aux propos de Mélenchon. Le présentateur du journal télévisé de France 2 est malin, de quoi fabriquer du consentement, marteler un certain état d’esprit, se déguiser en médiateur apaisant. Pourtant quand il dit là, que Xavier Mathieu (syndicaliste à Continental) a eu beaucoup de temps pour s’exprimer dans son journal, « 2 minutes 30 », c’est moins que les tribunes que lui offrent ses confrères, sans contradicteur, telle celle-ci. Lamentable, une nouvelle fois, et cas d’école. Il embobine, alors que le dispositif lui-même, de sa présence à la télévision est le sujet, contrairement à ce vers quoi le système qu’il défend et qui le sert nous emmène : un enfumage libéral. Il essaie de se placer au milieu des clivages. Mais il est déjà très à droite, sur l’échiquier politique (tout comme les dirigeants/représentants, la masse critique). De quoi clore toute contradiction, le cynisme en apothéose : tout le monde se vend. Rien de neutre dans cette posture facile.

Sur Europe 1, Guy Carlier la ramène à son tour et embrouille tout. Non, Pujadas n’est pas une victime du système médiatique, comme Carlier incite à le croire. De l’école de journalisme à TF1, Pujadas en a fait carrière, et s’en porte bien financièrement et socialement. Sa présence au dîner du Siècle, en toute discrétion, le temps qu’il accorde aux puissants, révérencieux, ce n’est pas pour rien. Ca lui est utile pour se maintenir à la télévision, avoir de l’espace pour s’exprimer, comme ce même Guy Carlier. Va-t-il parler de Bernard Henri Levy, ses affaires en Afrique, tel l’ouvrage de Nicolas Beau à son sujet, de vraies révélations, les mettre en avant, et pas que cinq minutes. Ce serait se flinguer peut-être, alors il évite. Il est important de faire sa pub, de se mettre en avant, comme tous les autres. Toujours le même processus abject : être dans la lumière, peu importe la morale. Les spectateurs n’iront pas le chercher à chaque fois qu’il s’exprime. Ca apparaîtra en bas de page. Et le mal est fait. Carlier est dans le paf. Mélenchon est dans le paf. Pujadas est dans le paf. Carles aussi, à force. On va loin.

Le webmaster du blog de Jean-Luc Mélenchon s’y met aussi, et censure les commentaires dérangeants. Ainsi, impossible de dire que dans Fin de concession, en dehors de la réaction de son patron protégé, contre Pujadas, lui, leader du Parti de Gauche, apparaît davantage comme un vendu. On sait que Mélenchon respecte la fonction de président, la République, et donc qu’il se présente sans vraiment d’état d’âme à la garden party de l’Elysée ou ce genre de réceptions de fonction, la bouche en coeur. Que dire de son mutisme, lorsque l’équipe du film évoque le dîner du Siècle, à l’Automobile Club de Paris. Il semble soudain un peu gêné. Comme si ce rendez-vous discret des puissants était un mystère pour lui. Et donc, il ne donne pas suite. Faut-il rappeler qu’Omar Bongo avait financé toute la vie politique française, à de rares exceptions près ? Va-t-il falloir que les citoyens investissent davantage les arcanes du pouvoir, et ainsi dévoilent les liens cachés entre différentes corporations politiques ? Il y a des gens corrompus et faux, d’un bord à l’autre du paysage représentatif.

Les groupes qui critiquent les dérives, un système, ne sont pas eux-mêmes sans contradictions.

En interne, comment cela se passe-t-il ? Est-ce que les modèles changent vraiment ? Le libéralisme des petites structures révèle l’impasse à se montrer comme contre-exemple. Chacun fait sa publicité, son commerce, armé de son stagiaire, de son bénévole, de ce qu’il possède. On sous-traite, on utilise ce qu’il y a de moins cher. On s’impose, on se met en avant. Que reste-t-il d’idées neuves et différentes sur le monde, si ce n’est la critique de ce qui nous ressemble, à un niveau de déroute morale plus élevé ? Le glissement est progressif, à se doter d’une secrétaire, d’une voiture de fonction, d’avantages divers, le légitimer. Qui se dépossède de sa force, et rompt avec le territoire délimité, l’endroit où il faut être, pour exister ? Qui sacrifie son propre lieu de vie pour ses idées ? Est-ce que Mélenchon défend au moins un roulement, entre les gens intra-muros et ceux relégués socialement dans des espaces de bannissement, pour les bonnes places ? A défendre et interpeller de la sorte, il verra que les loups sortent de leur silence, et fausse image. La communication à se dire bon est un art incroyable. Tous veulent des éloges pour leur vertu trafiquée.

A y regarder de plus près, les donneurs de leçons, les grandes gueules font pâle figure. Mélenchon doit accepter que pour exister, il a besoin de cette autorité, seulement. Celle que l’éthique ne lui donne pas. Avec les siens, ils inventent des lois, des principes à leur intérêt. Ils masquent l’essentiel : l’absence de différence profonde, dans les mécanismes de ténors politiques qui s’affrontent. Ils sont sur le même camp quasiment. S’effacer est bien plus difficile. On n’existe plus, ça c’est certain. La représentation leur manque alors. Non, tout ceci est très clair. Ils sont vraiment sur la même ligne, grosso-modo. Les uns remplacent les autres, voilà tout.

Pierre Carles // Fin de concession // Sortie sur les écrans le 27 octobre 2010
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27 commentaires

  1. Papier très intéressant cher Matjules

    Une question : en quoi Carlier « embrouille tout » ? Il défend sa chapelle, point. Je ne trouve pas cela étonnant de la part d’un journaliste qui est par définition confrère de David Pujadas. Sans partager son point de vue (même s’il faut bien admettre que Jean-Luc Mélenchon n’est pas un énorme fan des journalistes, qu’ils soient stars ou modestes inconnus), je lui reconnais le mérite de rappeler que le traitement de l’info dans un journal télévisé de grande chaîne (du service public et a fortiori du privé) est intrinsèquement imparfait. Malheureusement, 2min30 est bel et bien un format long lors d’un JT. Bien sûr, cette explication ne justifie en rien le stylé déférent de Monsieur Pujadas et sa vision du journalisme stéréotypée, obsolète et simpliste : « Le journalisme n’est soumis à personne sauf à lui-même […], il faut s’écouter soi-même et laisser parler sa propre curiosité, ne pas se glisser dans un moule. » Et le(s) destinataire(s), il(s) est(sont) où ? Et la rigueur de l’info ?
    Propos assez inquiétant pour un diplômé du CFJ (quoique courant si l’on s’en tient au livre de François Ruffin, Les Petits Soldats du Journalisme dont voici un petit extrait http://www.acrimed.org/article935.html) mais plus commun de la part d’un ex de TF1 : penser le journalisme sans contraintes, c’est non seulement pécher par omission mais c’est surtout occulter tout un pan du métier, même s’il devrait en être totalement libéré dans le meilleur des mondes possibles. C’est finalement réduire le journalisme à ceux qui en ont juste les moyens… Comment penser l’avenir de la presse alors ?

    J’aime beaucoup ta conclusion et à mon sens tu analyses à juste titre les contradictions de Pierre Carles. Mais sa relative haine de la télévision est avant tout motivée par son amour pour Bourdieu consacré dans la réalisation de La Sociologie Est Un Sport de Combat.(documentaire disponible à cette adresse http://www.youtube.com/watch?v=5Joz5G94L7U) Comme son modèle, avant lui, il tente de dénoncer un système auquel il appartient pleinement. D’ailleurs, tu fais peut-être référence à cette dynamique dans ta phrase : « Ils sont sur le même champ quasiment. » Pour répondre à tes questions, si Pierre Carles n’éprouvait plus ce sentiment de révolte, je pense qu’il ne se serait pas fatigué à réaliser ce film, à revenir à la charge contre Charles Villeneuve, à titiller en off Arnaud Montebourg ou bien à provoquer Jean-Luc Mélenchon… Ceci dit, je partage ton sentiment sur le rendu de son travail (du moins, à la vue de plusieurs extraits) : on tourne en rond…

    J’ai en tout cas hâte de voir le produit fini.

  2. Sa post-critique est vouée à la Mélancolie, à la Contemplation du cul de son chat défonçé par les croquettes et au RSA. Tout ce mécanisme pour un gros « Vanitas Vanilla Rectum » au final le Journalisme est arrivée à l’Année Zéro de ses limites. Il suffit de voir The Insider de Michael Mann pour éviter de se prendre le chou et de devenir le martyr du Spectacle de la critique… Les casseurs2hype n’ont pas envie de se faire chier avec ce geek mal baisé un peu loose sur les Debord ou alors il nous paye en cash. Je suis arrivé à ce slogan « FUCK MY RULES » après 8 ans à casser la hype en devenant hype à mon tour seule satisfacFion mais je me sers de la hype pour défendre justement la mélancolie, la contemplation etc. Ah ouais j’ai bossé avec feu Zalea TV en 2007, une vraie cata. Laxisme, bénévolat, amateurisme, poujadisme, démagogie, ego-trip… Plus jamais je me ferais chier avec ses connards comme radio libertaire c’est dans mon baise-sollers. Bonne Bourre et écouter un seul morceau de Mohine PARIS 2013 pour oublier que les medias sont juste là pour nous re-vendre nos âmes. OH YEAH.

    TH

  3. Bonjour,

    Moi qui suit psychosociologue, spécialiste de la communication et de la rhétorique, permettez moi de vous dire que votre manque d’arguments pour contrer Pierre Carles est visible, drôle et traduit à mon sens une prise de position de votre part (contre la logique du film « Fin de concessions). Alors, deux hypothèses : soit vous n’avez pas un niveau d’élaboration suffisant pour comprendre de quoi il est question dans les travaux de Pierre Carles, soit vous tentez vainement (à la schneiderman ou à la cavada) de faire passer carles pour un frustré, dont le combat est perdu d’avance, qui cherche à se mettre en avant, qui s’entête dans sa logique contestataire utopique sans jamais rien changer au système…

    Permettez-moi, cher journaliste (médiocre à mon goût), de vous rappeler que l’on reproche souvent à autrui ce que l’on se reproche à soi même…

    Vous êtes mauvais et vous gagneriez à lire les travaux de Bourdieu sur la télévision !

  4. @ serlach : si tu étais un moins sensible mon petit tu aurais compris le message… Tout cela est aussi affaire de gesticulations plus ou moins savantes (constructions/déconstructions, critiques/post-critiques enquêtes/contre enquêtes etc.) mais Bordel l’EGO-TRIP est aussi le nerf de la guerre (merdiatique) d’où également les contre-réactions de Schneiderman ou Cavada qui cassent selon le « spécialiste de la communicaFion et de la rhétorique2merde » PC. A bon spammeur salut et dès que tu vois mon ego-logo zappe mon petit.

    TH

  5. @ Amour

    « Là effectivement t’as l’impression d’être devenu une espèce d’institution qu’ils viennent visiter… […] Ça c’est la pire chose qui pouvait m’arriver : passer pour quelqu’un de respectable aux yeux des gens de télévision. » Pierre Carles, dans Fin de Concession.

    Vous qui êtes un spécialiste de la communication (et non de conjugaison, mais passons) et avez un niveau d’élaboration suffisant pour comprendre ce dont il est question, ne voyez-vous pas que Pierre Carles lui-même avoue qu’il se trouve dans une impasse ? Et c’est exactement ce que Matjules a analysé et commenté dans ce papier. Critiquer le combat de Pierre Carles n’est pas forcément synonyme d’un rejet de son travail. Au contraire, la critique permet d’en juger la portée et les limites.

    Permettez-moi cher spécialiste de vous rappeler que vous tombez en plein dans le piège du « fast-thinker » dénoncé par Bourdieu.

    Vous êtes mauvais et vous gagneriez sûrement à relire Sur La Télévision.

    PS : Être un spécialiste de communication ne légitime en rien un pseudo discours intello sur le journalisme.

    Bien à vous

  6. oh ça va TH, j’en ai autant à ton service, je ne suis pas ton petit et ta condescendance possède à me yeux la valeur d’un pêt sur une toile cirée. j’ai très bien compris ton propos, tu n’es qu’une posture que tu penses intelligente parce que capable lui faire dire tout et son contraire. En fait tu passes surtout ta piètre existence à te faire mousser la nouille et l’égo en se cachant derrière un monde si affreux qu’il faut agir comme « eux » pour mieux les dénoncer.
    j’aimerai comprendre, tu es juste un frustré de la reconnaissance 2.0 ou tu souhaites simplement t’auto porter aux nues dans ta position de nuisible de la société ?

    à priori dans mon jargon tu es un enculeur de mouche donneur de non leçons qui s’écoute parler. (après tout ce n’est peut être déjà pas si mal, si ça t’aide à te supporter.) Essaie juste l’humilité, c’est une sentiment souvent louable

  7. ouais euh…plutôt d’accord avec Serlach sur TH, ceci étant la posture de TH peut être légitimée par un discours identique à celui qui sert d’argument à Matjules: le dépit en proue, TH n’a plus d’alternative « rationnelle », il laisse donc la « puissance Nietzschéenne » foutre la zone dans son raisonnement…bon pas à très bon escient certes, mais enfin, faut-il/peut-on/doit-on absolument éviter les accidents ?

    ensuite, @Serlach, l’humilité n’est pas un sentiment qu’on peut éprouver envers soi…ne dit-on pas (un sage Chan..), « il n’est d’humilité vrai que celle qui s’ignore » ?

    pour finr (z’avez vu la discipline rhétorique?), Matjules n’interdit pas à PC de faire ses films que je sache…et les films de PC méritent d’être regardés et critiqués…autre que de manière partisane.

  8. et sinon TH, Mohini Paris 2013, je trouve que que c’est très mauvais (chacun ses mauvais goût hein ?)

    mais j’aime bien tes posts quand même…

  9. @ medeuz : j’aime qu’on aime bien mes posts alors tu aimes que j’aime que tu aimes quand j’aime que tu aimes ? par contre pour MOHINI faut pas déconner c’est une belle chanson mélancolique et contemplative (c’est pour cela que je la défends depuis 2007 et que je mange des marrons avec elle au jardin du Luxembourg)

    @ Bester : ???!!! ça va Dude ! je rentre dans le débat2merde – et ce n’est pas pour rien ! cf_ce que dit Medeuz alors me casse pas les BAL’s ! 😉 et je réponds à Serlach à propos de sa critique du « TH » ah ah ah don’t FEED TH…

    @ serlach : tu fais quoi toi ? Bah en enlevant tous les alibis, tout n’est qu’affaires de posture donc d’imposture et de ritournelles « Un petit tour et puis s’en vont » la (imp)posture et l’ego sont les tabous des intellos à la petite semaine…

    FEED TH ?(c plus fort que toi)

    sinon je peux demander à Santolaria ce qu’il en pense de votre article, je pars à Technikart cet aprem pour prendre mon salaire en came de bureau de presse !

    TH

  10. Th: je suis d’accord avec Serlach, tu nous les brises parfois.
    Même pas foutu de dire du bien d’une chanson sans préciser que tu l’écoutais déjà 3 ans avant les autres et que tu connais personnellement la chanteuse…

  11. Je n’ai rien lu de ce qu’a pu « poster » TH avant, je ne connais pas la chanson qu’il défend, et je ne sais même pas où se trouve le jardin du Luxembourg, c’est vous dire …

    Ce que je vois par contre, c’est que son message (celui commençant par : « sa post-critique est vouée à la Mélancolie »)est pollué par la novlangue creuse de l’époque, à un point tel que je me suis demandé si ce n’était pas une parodie envoyée par le rédacteur de l’article !

  12. Bon les petits… en allant chercher ma came passage du Cheval Blanc, j’ai vu Santo hier avec mon pull-over Cobain versus Krueger daltonien (Divided H&M 2007 déchiré au flanc droit avant hier au palais de tokyo pour une pose Picon http://www.saywho.fr… Mister IG et LR sont témoins) OK j’ouvre mon sac ED (collector / design première période couv’ Technikart 2003), inside on trouve donc LE BOOK 2010 http://www.lebook.com/fr/, Un Jour Ouvrable de Jacques Sternberg (la dernière goutte), Bernard Heidsieck et ses poèmes-partitions + sitôt dit (Al Dante livre-cd’s) et le tout nouveau biopic post-moderne Kill David, la légende David Carradine d’Eric Arlix (A tombeau ouvert/ éditions Phlippe Rey) alalala dites moi déjà « merci TH » pour ce que je déballe – ici personne parle de cette dope, le mieux c’est de lire et d’entendre par soi-même, je prends pas le public pour des abrutis et j’ai horreur de parler d’autre chose que de moi, c’est gonzo année double zéro² (même plus la peine de se faire chier avec le support artistique, l’abîme se trouve dans mon nombril et toi lecteur tu es le coton tige…). Bon Santo aka Nicolas Santolaria journaliste dans ma gazette préférée j’ai nommé Technikart (ex-syndicalisé à LibéraFion) pense que PC a finalement après toutes ces années, une fascination morbide et étrange pour les actions terroristes type Action Directe et donc je rajoute que les Yes Men font du PC beaucoup plus fun et subtil – il est important que la roue de l’activisme tourne également pour que les anti-héros se reposent et ne radotent pas pour finir à se tourner vers le Prozac ou la violence hyper-a-politisée bête et méchante qui finit mal (on rejoint donc l’impasse du petit cheval blanc, la mélancolie mais là, ça arrive au stade supérieur et on contemple au journal de 20 h l’auto-destruction pop qui fait des ravages… Jacques Rigaut faisait moins chier, « Aussi belle qu’une balle » dans le coeur et adios à Gonzagos. J’ai suggéré donc à Nico et vous qu’on réfléchiasse chers Frères de l’Inutile Commentaire à cette citation que voici :

    « L’ennemi est notre propre remise en question personnifiée » de Carlos Marighella in « Le Manuel du guérillero urbain »

    http://download.tuxfamily.org/defi/pdf/Carlos_Marighella_-_Manuel_du_guerillero_urbain.pdf

    ça vous la coupe hein ? ben wé je sais… Allez faites un don, ça vous coûtera un rein!

    http://thth.free.fr/sdh/dons/

    TH

    PS Noël Godin* a trouvé aussi une soluce pour éviter de faire du PC ou de Action (in)Directe et finalement le suicide (anal + étant la mort la plus pénible), en plus drôle, vous avez compris : la tarte à la crème ah oui je crois être à ses côtés dans la nouvelle version de sa superbe « Anthologie de la subversion carabinée »

    source un repas à BXL, enjoy_

    http://thth.free.fr/crevard/ouvremoi/brusselsmai2007/target65.html

    * http://fr.wikipedia.org/wiki/No%C3%ABl_Godin

  13. Mouais, c’est quoi ta source pour dire que Mélanchon va à la garden party de l’Elysée ?

    Il y a pas mal de choses dans cette critique que je trouve assez à côté de ce que j’ai pu voir et entendre aujourd’hui à la projection et au débat au Latina.

    Sur la critique globale que tu en fais, il ne me semble pas que Pierre Carles soit désespéré, ni qu’il se compromette avec les médias. Et je ne pense pas non plus que s’il n’y a pas eu de reversement du capitalisme il faille imputer ça à un prétendu échec de ses films.

    Après, il y a des passages que je ne comprends juste pas du tout, mais il faudrait des références, des sources, c’est un peu difficile à suivre lorsque l’on ne connait pas qui ni à quoi tu te réfères.

  14. Well, the e cigarette in its simplest good sense is a nicotine pitch smoking habits without forcing
    them to ritual killing the penchant of nicotine.
    electronic cigarette Yes, smokers Get a tenacious story is likely to subject regulations for
    e-cigarettes as baccy products.

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