À première vue, Norman Palm et Starfucker n’ont rien en commun. Le premier, auteur d’un premier album marqué par l’esprit Do It Yourself, publie ces jours-ci la suite, Shore To Shore. Plus poli, plus propre. Trio made in Portland, Oregon, Starfucker en est à son troisième essai. Toujours pas distribué en France. Magnifiquement ignoré de tous, et donc de vous.

Pourtant, ces quatre jeunes gens partagent une certaine idée de ce qu’une chanson pop devrait être. De ce qu’une GRANDE chanson pop pourrait être. L’un avec sa guitare acoustique à portée de main, les autres à grands renforts de synthétiseurs, mais avec une seule idée derrière la tête : la mélodie est tout.

Sur Shore To Shore, il y a cette chanson, Smile. Une bluette innocente bien sous tous rapports. Une histoire d’amour contrarié tout ce qu’il y a de plus classique. Oh ! Et il y a même des violons. Quelques minutes de légèreté. Rien de plus. L’histoire racontée ici, mais également à plusieurs reprises sur ce disque, est une histoire vécue par tout un chacun. Une fille, un mec. Il la veut, mais ce n’est pas aussi simple. Il y a de quoi sourire devant tant de futilité, certes. Ce serait mépriser le caractère universel de la chose. Ce serait passer à côté d’une excellente chanson, rappelant les grandes heures de Grandaddy, évoquant Midlake par moment. Chanson après chanson, c’est cette histoire que Norman Palm raconte. La sienne autant que la tienne.

Même son de cloche chez Starfucker. Moins portés sur les textes (la voix est de toute façon noyée sous la reverb), eux ambitionnent de décrocher le gros lot à base de micro-tubes à écouter allongé dans les fleurs en mangeant des macarons. Jouant volontiers avec les schémas, étirant un refrain par-ci par-là sans pour autant se prendre la tête (et la nôtre au passage), les petits jeunes dressent des arpèges entêtants puant la putasserie à plein nez. Évoluant, à l’image de Passion Pit, dans un registre electro-emo (pas emo au sens “fuck la vie ma mère est conne” du terme, mais bel et bien au sens “émotif”), le trio a dans son arsenal une sacrée dose de tubes indés. Manque de bol, des tubes, voilà précisément ce que méprisent les indie boys.

Norman Palm et Starfucker ne cherchent pas à tout prix à dire quelque chose.

Aucun message ne se cache dans leurs paroles, aucune déclaration d’intention. Leurs chansons ne se révèlent pas après trente écoutes, sont les mêmes chaque jour de la semaine. Leurs textes n’usent d’aucune métaphore, ou si peu. Sur des accords que tu connais par coeur, ils se contentent d’apposer des sentiments universels, tellement clichés, mais tellement vrais. Si évidentes qu’elles en deviennent douteuses, leurs jolies ritournelles seront méprisées pour ce qu’elles ne sont pas. Et pourtant, il est encore possible d’écrire des chansons à quatre accords parlant d’une fille et d’un garçon. De bonnes chansons. Un minimum d’honnêteté suffit.

Norman Palm // Shore to Shore // City Slang
Stafucker // Reptilians //Polyvinyl

http://www.myspace.com/normanpalm
http://www.myspace.com/strfkrmusic

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