A lire les papiers de la concurrence (la concurrence, c’est tout ce qui n’est pas MOI), l’impression du contentement de soi flotte dans l’air, comme si chaque mot se suffisait

A lire les papiers de la concurrence (la concurrence, c’est tout ce qui n’est pas MOI), l’impression du contentement de soi flotte dans l’air, comme si chaque mot se suffisait à lui-même, que chaque syllabe complexe était une victoire contre les temps présents. Ou pire même : que le mauvais gout pouvait s’effacer d’un coup de crayon bien taillé.

Ainsi les dernières arnaques contemporaines (Franz Ferdinand, le pétrole non polluant, les cigarettes mentholées, les plats cuisinés Marie, l’EuroStar à moitié prix, l’espoir d’une mort à 75 ans, la retraite pour tous, des salariés de la RATP au travail, etc…) trouvent souvent refuges derrière un pare-feu : Celui du pauvre type qui cherche à défendre beefsteak comme un prescripteur, l’ «homme qui voyait plus loin, l’homme qui avait vu, l’homme que rien n’arrête». Que les raisons soient bonnes ou mauvaises, encore faut-il trouver les bons mots. Question de rhétorique.

A ce petit jeu là, NLF3 s’en sort relativement bien. Relativement bien pour un groupe inconnu du grand public, pas riche pour deux sous, 4 albums au compteur et toujours considéré comme un succès d’estime (une chronique dans Wire, bon..), français de surcroit (25% de chances de percer sur le territoire mondial) et pourtant auteur du meilleur album speechless (traduire cela par « musique chantée sans chanteur, auditeur bouche bée ») de ce début d’année. D’autres s’égosillent à crier au génie pour un couplet, NLF3 assure son refrain en s’inspirant du bon coté de Terry Riley et tout ces cuistres bruitistes : la mélodie, l’avancée, la construction, l’odyssée sonique. Une grande ligne droite tracée à la craie sur un disque. Ride on a brand new time ressemble à cela. D’ailleurs son nom même est un espoir. Faire taire l’humain. Car cela reste la seule chose à faire pour sauver…. Sauver quoi déjà ?

Les dix pistes de ce quatrième album sont cinématiques (instrumentales), piochant dans le post-rock ce qu’il y a de bon à prendre (mais quoi déjà ?) mais aussi dans l’Allemagne du nouveau millénaire. Inutile de parler des batteries, des transgressions morriconniennes. La musique instrumentale/ ambitieuse française n’ayant jamais réussi à personne (Polnareff, Sheller… Justice , Francis Lai?), aucune chance que NLF3 apparaisse comme une exception. Comme ses ancêtres, NLF3 finira dans un placard pour trois mélomanes, quant bien même ce quatrième album est une perle. Comme pour toutes les perles, l’injustice est souveraine. Comme pour Deerhoof, maitres à penser contemporains du trio français, l’exclusion fait bien les choses.

Riding on a brand new time est un grand album. De ceux dont personne ne se souviendra. Je joue ici mon rôle du prescripteur que personne n’écoute, convaincu d’avoir fait moi-même mon travail de passeur de plats. Pendant ce temps, un autre monde prend forme : moins de voix, plus de toniques. Et de l’émotion, surtout.

CONCOURS 4 albums de NLF3 à gagner en répondant à la question suivante: QUEL EST LE NOM DU GROUPE NLF3?

NLF3 // Riding on a brand new time // Prohitibed Records
www.myspace.com/nlf3

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