Tous les experts vous le diront : l’été est propice aux jambes lourdes et pieds gonflés, non seulement en raison de la chaleur mais aussi d’une pénurie de bons disques. Celui du bassiste de War on Drugs, bien que parfois mou du genou, donne au moins une raison de ne pas s’amputer la moitié du corps à l’approche des beaux jours. Carte vitale acceptée pour « I Can Feel The Night Around Me ».

Aux quatre coins du monde, on recense actuellement des dizaines de personnes brandissant des pancartes pour manifester leur mécontentement face à la bouillie sonore proposée en 2017 par le projet d’Adam Granduciel, espèce de purée infâme mélangée avec des gants de ski entre Dire Straits et Bob Dylan. Ce qui, en 2014, était somme toute assez excitant (du glam americana pondu par un sosie de Droopy, en gros) est devenu trois ans plus tard un sujet de malaise. Après quarante secondes du nouveau single Holding On, on vous met au défi de ne pas avoir envie de crier War on War on Drugs (ou variante pour les adeptes de The Verve, s’il en reste : War on Drugs don’t work) après avoir mollement tenté de vous ouvrir les veines avec une cuillère à café (autant vous dire que ça va être long).

Tout cela pour dire que face à cette résurgence de rock FM tricoté avec l’énergie du désespoir, on n’a finalement pas eu à chercher bien loin pour trouver mieux. Retourne toi, là, le mec dans l’ombre qui tapote sur la 4-cordes derrière Droopy, voilà, c’est Dave Hartley, bassiste de War On Drugs de son état, et accessoirement auteur d’un troisième album qui, sans calmer la varice des juillettistes, devrait permettre d’apprécier dans la longueur une synthpop aquatique – c’est de saison – avec encore plus de couches sur un bébé victime d’une gastro.

Doo-wop passé à la mauvaise vitesse de lecture (Easy Does it), americana gratouillée avec un Orangina dans la main (Fear of Flying) et ambiances à la Twin Peaks façon David Lynch à la Bourboule (Lost Moon) ; un disque de lovers qui ne chopent pas et de romantiques coincés devant les chaines du câble, et tout cela avec le parfum suranné (mais pas con-con) de l’amour parfumé au déo à quatre balles chez Franprix. Ca sent le bric et le broc et contrairement à la crème apaisante, l’effet n’est pas immédiat ; mais n’empêche. « I Can Feel The Night Around Me » est un excellent disque d’été décalé, à la Beach Boys grande époque, avec une double ration de chœurs pour marquer les émotions.

En conséquence de quoi, cet album est vivement recommandé par les médecins traitants :

– aux fans soixantenaires de Queen (courage c’est bientôt la fin)
– aux accidentés de la route en séance de rééducation après un accident de side-car
– à ceux que la chillwave n’a pas totalement dégouté de l’esthétique Miami 1983 avec supplément de rose fuchsia sur l’écran VHS
– à tous les vicieux qui ont regardé plus de dix fois d’affilée le best-of Youtube des morceaux avec l’écho d’une caisse claire (ne compte pas si tu es fan de Daniel Balavoine).

Si vous ne rentrez dans aucune des catégories listées ci-dessus, ne reste alors plus qu’à consulter un spécialiste, qu’il soit marabout (retrouver l’amour) ou orthophoniste (retrouver l’ouïe). Et profitez-en pour lui ramener le nouvel album de War on Drugs ; cette fois le générique est meilleur que le médicament original.

Nightlands // I Can Feel The Night Around Me // Western Vinyl
https://nightlands.bandcamp.com/album/i-can-feel-the-night-around-me

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