A l'occasion de la sortie vinyle de "The Monsanto Years", on cause arnaque, musique et botanique avec Papy qui fait encore de la résistance.

Je ne peux pas dire que je l’attendais spécialement ce nouveau Neil Young. En trois ans il nous a assassiné de sorties, albums, bio, archives, etc. Enfin bon, je vous faisais déjà le même topo pour la sortie de « Story Tone » il y a quelques mois seulement.

Doit-on lui en vouloir d’une telle hâte entre ces deux albums ? Sûrement pas, et d’abord parce que « The Monsanto Years » est probablement son disque le plus solide musicalement depuis longtemps. Non qu’il n’ait pas fait de bons albums ces derniers temps bien sûr. Mais il faut bien remonter à « Sleep With Angels » ou encore « Ragged Glory » pour les coups de génie.

neil-young-the-monsanto-years-585Cette fois-ci, Neil Young n’est pas content et nous le fait savoir. Papy loner n’est d’ailleurs pas qu’un homme de parole, il agît aussi. Car son coup de gueule contre Monsanto n’est pas celui d’un sniper isolé, mais plutôt d’un soldat engagé au front. Il les a vu les ravages, il les a rencontrés les agriculteurs, il a fait des concerts de soutien, il a défendu leur cause. A presque 70 ans, Neil refait donc de la politique, lui qui avait délaissé le terrain depuis « Living with war ». Après avoir consacré une décennie à lui-même, s’amusant de procédés bienheureux (« Le Noise ») ou douteux (le controversé mais pourtant réussi « A letter home »), faisant renaître le backing band le plus cagneux de l’histoire le temps d’un disque éclatant (« Psychedelic Pill »), Neil Young semblait bien trop préoccupé à tout essayer avant de lâcher la rampe.

Il s’y accroche pourtant bien, attaquant sur tous les terrains, n’étant pas à une contradiction près (pono vs Voice-O-Graph). La hargne l’a donc repris soudainement, ou plutôt elle s’est manifestée comme un éclair, car ce qui compose « The Monsanto Years » est le résultat d’années de prémâchage mental (lire sa bio pour s’en convaincre). Il l’a ruminé son attaque contre le géant Monsatan, et l’a magistralement mis en musique; se permettant même un peu d’ambition (du genre qu’il n’a pas eu depuis « Sleep with angels », justement) sur Rules of change.

Papy fait de la résistance, mais pas à n’importe quel prix, et n’oublie pas que ce qui marche pour ce Monsanto qu’il hait tant marche pour ses propres fans qu’il soigne si peu. Dans sa croisade contre le capitalisme sauvage, papy n’a donc oublié personne. Tandis qu’il scande à ces paysans pourtant bien consentants qu’ils peuvent se passer de la diabolique multinationale, il faudra débourser plus 40€ pour écouter son discours anti-système en 33 tours là où des groupes indés arrivent à les sortir entre 15 et 20 balles. Comme quoi ce fameux capitalisme, épouvantail moderne, semble tellement contagieux que même ceux qui disent le combattre ne font qu’en grossir la caricature. On l’a, notre promesse du réel.

C’est ce qu’on appellera de la résistance sélective, un peu comme une plante OGM.

Neil Young // The Monsanto Years // Warner

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