«  Ne m'appelez plus jamais France. La France elle m'a laissé tomber. Ne m'appelez plus jamais France. C'est ma dernière volonté. »

C’est par ces mots que le grand Michel lançait son refrain, je me permets de le reprendre en cœur. La main dessus et le doigt levé. De Michel il y en a 3 de grands : Sardou, Platini et Pavy. Vous connaissez le réac’, vous connaissez le footeux, vous ne connaissez pas le troisième mais je tenais à le citer dans ma liste des Michel vu qu’il compte pour moi tout autant que les 2 premiers.

Je m’égare. Mais depuis hier, je ne suis plus français. Ça fait un moment que je compte me faire naturaliser sans frontière. Depuis le match France-Belgique j’ai pris la décision de passer à l’acte et de perdre mes droits de citoyen français. On peut tout faire à un homme mais pas ce que j’ai pu voir hier soir. Avant d’aller plus loin dans l’analyse technico-tactique, sachez mes fieux que j’étais installé non pas comme d’habitude devant mon canapé, une choppe à la main et une main dans la culotte de chips mais bien en fan zone. Un truc inventé par un ancien nazi qui avait besoin de se reconvertir dans l’entertainement.

Imaginez, (je dis « imaginez » car je dois être un des rare survivants à cette torture) une esplanade, un écran géant branché sur TF1 et un avant match rythmé sur de la mauvaise techno. J’aime le football comme on va à l’église. En piété. Dans le silence. En temps normal, je m’installe devant L’Equipe TV et Didier Roustan. Je muscle mon jeu et je compare le 4 231 au 442. Là je suis en mauvaise posture devant Gilles Boulot et les tunnels de publicités. Je savais pas qu’il y avait autant d’amateurs du ballon rond par chez moi. On doit craquer le slip XXL autour de 1000 personnes. 1000 cons moins moi et ma famille. 996 exactement (et encore j’ai des doutes car je sais plus lequel de nous 4 a souhaité regarder le match dans ces conditions).

 L’équipe de France de foot, c’est une Ferrari. On l’a laissé chez un garagiste fan de tuning : Didier Deschamps.

Je précise qu’il y a marée bleu, marée blanche et marée rouge. Plus de supporters de foot qu’électeurs. On retrouve un peu le public lambda des soirées mousses. A vue de nez, le pécore avec une crête sur la tête il doit confondre Pogba et Lloris sans qu’on lui tape sur les doigts. A un QCM France-Football, il sortirait « passable » voire « désastreux ». Mais comme on est en fan-zone il est rayonnant. Quand il voit la météo, il croit au but. Il est venu avec maman, mamie et son sandwich. J’aimerais qu’il s’étouffe.

On ne voit rien de l’écran. Tout le flanc gauche du terrain est couvert par un arbre centenaire. Si on me frêne pas : je le coupe. Mais on me freine. Je suis assis par terre entre une crotte de chien (interdit de rentrer par ailleurs) et Suzanne et sa trompette. Elle souffle dedans à tout bout de Deschamps. Elle est fan de Johnny et reprend vaguement Allumez le feu. Mes oreilles saignent. Je prie pour qu’un orage survienne ou une coupure de 1) électricité, 2) faisceau TV , 3) Poutine.

Une masse vivante prend possession du parterre. Ça passe devant, ça passe derrière, au dessus, en dessous. On m’écrase un doigt et on me renverse de la bière dans le dos. Miss Monde arrive en rouge avec sa contrefaçon Vuitton. Inutile de lui dire que s’habiller en rouge un soir de France-Belgique c’est un peu too much. Le sac passe encore c’est un simple mauvais goût, mais la liquette sang c’est crime contre l’unité nationale. Je vois aussi un sosie de Giroud (ou alors c’est le vrai et le sosie était sur le terrain?), des maillots Grizou, etc.

Il est temps maintenant de faire mon coming out. Vous révéler que je suis pro Belge.

Tout cela n’a rien à voir avec le Waterzooï. Ma nationalité comme j’ai déjà pu vous le dire, c’est le foot. Je regrette qu’on puisse déclarer « seul la victoire est belle ». Pour moi, gagner sans bien jouer, c’est perdre. J’ai ce fond romantique. Séville 1982. Et les Diables Rouges sont romantiques. Et les coqs gaulois sont désastreux. L’équipe de France de foot c’est une Ferrari. On l’a laissé chez un garagiste fan de tuning : Didier Deschamps. Il sera dimanche sur le parking du supermarché pour la finale. Deschamps est fier du béquet arrière qu’il a installé. Avec quelqu’un d’autre, de plus audacieux, de plus français, on pourrait flamber et gagner… ou perdre. Mais on serait français. Là on est des winners. Des gagnants. Et j’aime pas.

Sans faire un article à la manière de L’Equipe : on joue avec un avant-centre à zéro but et avec un ailier gauche qui ne dépasse pas le rond central. Pour vous faire une idée, c’est barbouiller une croûte et gagner le premier prix du concours Picasso. Pour le sélectionneur français on défend à 11 et on défend à 11 et on défend à 11 et… jusqu’au coup de sifflet final. Sur un malentendu on marque sur un coup de pied arrêté (pour les filles c’est quand le ballon roule pas et qu’on l’envoie en l’air sur un grand) et on défend à 11 et on défend à 11… On bande mou. Pour l’orgasme on repassera.

Dans la vie on se dit qu’il y a toujours une justice. Qu’à un moment c’est le beau qui gagnera sur le laid. Qu’on laissera tomber la trompette à Suzanne et qu’on pleurera sur une ouverture de Mozart. Qu’on pourra enfin dire « C’était Jérôme » en sifflant du Johnny Cash. Que Nagui et Patrick Bruel aillent se faire empapaouter en tribune VIP pour parler de Curling.

Mais non. La France gagne par un but. Macron est en posture gaullienne et Suzanne vient de me claquer la bise en pleurant « on est en finale ». Ma bière est fade.

10 commentaires

  1. Moi j’aime la France qui gagne et qui se retrouve dans la rue pour communier. J’aime expliquer au amateurs de foot les règles tous les 4 ans. On a toute l’année pour voir du bon foot seul sur son canapé. Là seule la victoire est belle et se rappelera t’on du style défensif ou de la joie des gens. Merci Deschamps merci du bonheur merci suzanne

  2. Le romantisme une fois,c’est aussi aimer voir des equipes limitées sortir des monstres comme la Belgique. Vive la Grèce de 2004,c’est pas dans le rugby ce sport de putains de nontafiolles qu’on voit ça.

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