Le 29 novembre, une bande d’épileptiques dopés au RedBull propose à la Gaité Lyrique une nuit dédiée aux musiques répétitives et minimalistes avec 8 heures de live non stop où se croiseront Carl Craig, Nathan Fake mais aussi les ombres de Terry Riley ou Steve Reich. Face à telle avalanche de musique maxi-minimalistes, Gonzaî est parti tendre la perche pour tenter d’en savoir plus, pour tenter d’en savoir plus, pour tenter d’en savoir plus, etc.

Ce n’est pas tous les jours qu’on peut danser toute la nuit. Et ce n’est pas toutes les nuits qu’on peut entendre le « In C » de Terry Riley s’enchainer avec les délires modulaires de Carl Craig, où encore un duo de marimbas réinterprétant du Steive Reich et du Ligeti s’entrechoquer avec l’électronica pas (trop) chiante de Nathan (pas trop) Fake.
Bon vous l’aurez compris, Gonzaï enverra certainement une délégation pour suivre de près cette première édition du Marathon Impulse à la Gaité Lyrique. On a déjà prévu les thermos de café et les pilules à sourire, mais pour comprendre les motivations de Laurent Jacquier, instigateur du bordel, il fallait avant toute chose en passer par la case interview et saluer ce mariage impromptu – quoique logique – entre musique minimaliste et beat électronique.

Et pour ceux qui croient que cette chère France jacobine réserve encore ses plus belles robes pour la Capitale, merci de noter que le Marathon s’exportera prochainement à Perpignan, en Lorraine, à Valence, à Lyon ou encore à Poitiers. Avant même le début de sa première édition, le Marathon Impulse annonce déjà la deuxième (le 27 novembre 2015) avec comme nouvelle thématique la musique de Detroit, de la black music industrielle à Jeff Mills. A ce rythme, ces messagers spartiates devraient atteindre Marathon avant que Riley, Glass, Reich et consort n’aient passé l’arme à gauche. Respect.

Marathon Impulse, le samedi 29 novembre à la Gaité Lyrique (Paris)
http://www.marathon-impulse.com

Comment est venue l’idée de cette soirée marathon ? 

Cela fait quelques années que je fais le constat qu’aucun événement ne fait se rencontrer des artistes comme Terry Riley et des artistes de musique électronique, ou alors Pierre Henry avec d’autres artistes rock / électro, et que les genres sont hyper cloisonnés, les circuits très sectorisés. Les programmateurs de musique dite « savante » (sic) et ceux de musique dite « actuelle » ne font pas de pas vers les uns vers les autres. Du coup, les publics ne se rencontrent pas , alors que le lien de tout ça, c’est la musique ! Les politiques culturelles et organisateurs ont un temps de retard sur les ipods des gens, qui font eux, beaucoup plus les liens entre les musiques. L’idée est donc d’avoir un temps de diffusion assez inédit, et pas un énième festival en plus …

Quel est votre parcours ? Etiez-vous né à l’époque des performances « all night » de Terry Riley ?

Non, je viens d’avoir 31 ans, mais effectivement les « all night » de Terry Riley m’ont guidé dans mon idée. J’ai d’abord fait sciences po, puis j’ai monté ma boîte de prod à 25 ans et je produis par ailleurs le groupe « Cabaret contemporain ».

En fait la musique minimaliste, c’est déjà vieux.

Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt pour la musique minimaliste depuis 5-6 ans ? Glass, Reich, Riley, Adams, tous sont cités par la scène de Detroit notamment. Je suppose que votre programmation est tout sauf un hasard…

Je pense que les liens entre les musiques commencent à ce faire. En fait, la musique minimaliste, c’est déjà vieux, des pièces comme  « In C » ou encore « Music for 18 musicians » (que l’on fera pour la seconde édition du marathon) ont été écrites à la fin des années 60 / début 70 (74-76 pour music for 18 musicians, fin des années 60 pour « In C »). Mais les artistes de musique dite « actuelle » commencent à re-découvrir cette musique là, à se rendre compte que des marimbas ou un hautbois peut produire un son de machine.

Quel est selon vous l’axe fondateur de cette redécouverte musicale ?

Voir ma réponse ci-dessus. Comment des instruments peuvent produire des sons de machine ? Comment faire danser des gens ? Outre le marathon, je produis « Music for 18 musicians » de S. Reich le 14 mars prochain à la Philharmonie de Paris (où 200 danseurs amateurs vont apprendre à se mettre en mouvement sur la musique de Reich). On l’a déjà fait à St Quentin en Yvelines, mais on l’a aussi déjà produit à la Machine du Moulin Rouge en mai 2012.

L’organisation du Marathon fut-elle – pardon – marathonienne ? Est-ce compliqué à organiser une soirée de ce type ? Avez-vous d’autres exemples de ce genre de soirée déjà organisée à Paris précédemment ? 

Le marathon est ambitieux car il fait cohabiter différents genres musicaux sur un même temps de diffusion, pas dans son nombre d’artistes invités … en tant que producteur j’investis de ma poche, et ai fait soutenir l’événement dès sa première édition par la mairie de Paris, l’Adami, la Sacem et la Spedidam.

Le « modular pursuits » de Carl Craig est-il une création originale pour l’événement ? 

Non, mais Carl a souhaité faire entendre spécifiquement ce projet pour le marathon – il le donne très rarement.

Avez-vous tenté d’avoir Riley ou Reich themselves pour cette soirée ? 

J’ai failli constituer une tournée il y a deux ans avec Terry, mais il a 77 ans, et il a annulé au dernier moment – du coup, j’ai organisé la tournée de Bang on a can, groupe new-yorkais mythique de ces années là, au Lieu Unique de Nantes, à la Dynamo de pantin, etc. Quant à Steve, il aura 80 ans en 2016 et ne se déplace plus que pour des très très gros cachets ! Mais je travaille à une soirée au Barbican à Londres à l’occasion des 80 ans de Steve les 5 et 6 novembre prochain.

Enfin : la définition des musiques minimalistes et répétitives varie d’une personne à l’autre, d’un artiste à l’autre (pour avoir posé cette question à Glass et Riley, les réponses sont aux quasi opposés). Bref : quelle est votre définition des musiques répétitives ? 

Les réalités sont différentes quand on rentre dans les détails, mais on peut dire que ce sont des motifs musicaux qui se répètent sans cesse, en apparence invariablement, mais en se déplaçant imperceptiblement. A ce titre, la techno, c’est évidemment de la musique répétitive, au même titre que la musique de Reich et Riley.

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