De Londres à San Francisco, du Portugal au Texas en passant par l'Iran, le Japon ou l'Indonésie, l'appellation Nuggets est une marque de fabrique classieuse pour tous chercheur

De Londres à San Francisco, du Portugal au Texas en passant par l’Iran, le Japon ou l’Indonésie, l’appellation Nuggets est une marque de fabrique classieuse pour tous chercheurs frénétiques de perles sixties. Lenny Kaye avait lancé la ruée vers l’or dans les seventies pour redécouvrir les vrais rois des sixties, ceux qui n’ont jamais vraiment décollé, qui sont restés plus ou moins amateurs, ceux qui ont tout cramés en quelques singles. Psychés, électriques, sexy et maladroits ces groupes ont déssiné le rock avec classe et beauté. Il y a à la base cette influence britannique et puis tout se mélange, qui influence qui ?

Des Pretty Things au 13th Floor Elevator, des Move aux Beau Brummels, c’est à s’y perdre. Une bataille anglo américiane avec un léger avantage pour les britanniques et puis d’autres nationalités débarquent. Los Bravos en Espagne, The Mops au Japon ou encore Os Mutantes au Brésil écrivent des tubes à faire flipper les cadres anglo saxon du genre.

Le volume 2 des Nuggets originaux, consacrés à l’Empire Britannique est plutôt du genre flippant: je ne m’en suis toujours pas remis. Des compositions miraculeuses, des arrangements somptueux, les productions excellentes. Un travail d’orfèvre jamais égalé dans l’histoire du rock. Il y a de quoi être nostalgique. Donc les nuggets, j’en bouffe à tout va. Il y a des trucs inutiles, sans intérêt, des pales copies qui remplissent le ventre sans saveur. Le tri est à faire. Et depuis ce fameux volume 2 des Nuggets, j’étais devenu difficile. Les compilations française Wizz m’avait remis en appétit. Puis la découverte l’année dernière des San Francisco nuggets m’avait sérieusement remis en jambe, appuyant un peu plus cette idée merveilleuse et ensoleillée que je me faisais de cette ville. Le trip hippie, ou juste les années qui le précédent, une effervescence incroyable. Puis ça vire un peu trop acide. Tout cela s’étend d’ailleurs jusqu’à 1970 et des groupes comme Jefferson Airplane ou Quicksilver Messenger, ça s’écoute en face A face B et non en compilation. Histoire que ça monte correctement.

Puis arrive il y a quelque semaine le chapitre L.A…

Love, The Doors, The Byrds, The Seeds, Buffalo Springfield, mes héros que je connais surement mieux que mes potes. Alors à quoi bon. L’affaire est bien présentée. Très beau bouquin avec des photos de tous ces putains de clubs mythiques. Des noms que l’on connaît au détour d’évangiles du rock ou de bootlegs pour fanatiques. Whisky A Go Go en tête de liste mais aussi The Trip, Pandora’s box, The Ash Grove et j’en passe. J’aurai appelé le mien Sitar & Babooshka. A prendre avec doigté, une tripotée de groupes inconnus ou mal jugés dans mon guide perso très sélecte des « nuggets stars ». Et je vais tellement en prendre pour mon grade, que mon égo va être un peu bousillé.

En gros cette compilation est le dernier gros trésor du rock n’roll. 3 années de folie (1965-1968) et de créativité maximale dans une même ville. Près d’une centaine de groupes meilleurs que 50 ans de rock français (et on peut facilement mettre les cinquante prochaines années). Des singles que l’on balancerait par caisse entière du haut d’un immeuble tels des sacs de billets verts. La bonne parole. En 2009 ça marche toujours, l’euphorie est à son paroxysme. Difficle de mettre autre chose pour le déssert.

Riot on sunset strip !

Le disque 1 ouvre sur ce morceau des Standells, hymne de révolte pour la jeunesse locale. Le Sunset Strip, quartier pour la débauche nocturne toujours en activité. Les groupes enchainent tubes sur tubes dans les clubs du Sunset Strip, de Music Machine au West coast Pop Art experimental band et son splendide If you want this love. Tout y est, rythm n’blues fiévreux, pop psyché et jerks aux fortes odeures de whisky. The Rising sons, éphémère groupe, emmenés par le jeune Ry Cooder et un Taj Mahal au sommet lâche un Take a giant step affolant. Le sorcier Beefheart a tout compris et semble déjà loin sur Zig Zag Wanderer. Spirit, Kaleidoscope sont déjà sur la route de San Francisco.

Beyond the city

La banlieue de L.A. est un labyrinthe d’une étendue monstrueuse. Des booms s’organisaient en vitesse partout dans la ville des quartiers sud à la vallée de San Fernando. Des groupes excentrés du sunset strip, sans contrats avec des maisons de disques. Juste quelques dollars en poche pour ce faire un 45 tour. Ce disque 2 a le déhanché juste, la fièvre élevée et  des gueules de loubards désirant ressembler aux Beatles. Les Merry Go round et leur Listen, listen pulvérise ce tableau des rockeurs inconnus. Une insouciance maîtrisée digne du meilleur de Rubber Soul. Le reste est noir, réverbé, sauvage, dessinant des portraits avant gardistes du Gun club à l’écoute de The Chymes ou encore The Humane Society qui s’essaye par moment à des prémices de disco punk. Les Turtles et Kim Fowley rodent également en banlieue. Je ne parlerai plus de la fuzz, trop souvent rabâché, elle est sur ce dique d’une pure folie.

The Studio Scene

Au-delà de l’amateurisme ravageur du Sunset Strip et de la banlieue de L.A.. La ville s’est faite un nom en matière de rock n’roll grâce à ses studios dotés du meilleur matériel de l’époque et de producteurs talentueux. Lee Hazelwood, Jack Nitzsche. Enchaînement de super productions, des Knickerbockers au Hearts and Flowers en passant par les Monkees, les Mamas & Papas et les inévitables Ballrrom emmenés par un génie de la production pop, Curt Boettcher. Une ribambelle de nuggets popy, axe beach boys’66. On nage en plein Bubble et ça n’a pas pris une ride. Des instantanées de 2min30 aux rythmiques groovy et aux chœurs célestes. Tentation indouisante avec The Oracle, rappelant la performance fumante de Jack Nicholson dans le film « Psych Out ». Les hippies sont en marche pour la défonce nationale. Mention à October County et son My girl friend is a witch, véritable pièce de freakbeat. Brûlure électrique difforme rasant le bitume de LA, Carnaby street dans le rétroviseur.

New Directions

L’arrivée des festivals hippies va commercialiser la contre culture rock de L.A., si pure à ses débuts. Pied nus dans la boue, à fumer des joints et ne jurer que par l’amour, la suite n’est que business et pacotille. Ce dernier volet s’ouvre sur le flower power de l’ennemi juré de San Francisco. Une ouverture sur le folk et la musique country, même Peter Fonda joue les folk singers. L’excitation du Sunset Strip est sur la fin, l’heure est à la dégustation d’herbe couché sur la plage. Chacun veut sa part du gateau mais l’histoire est encore classieuse. Gene Clark, The Dillards, Time Buckley, Danny Hutton, The Rose Garden, The Nitty Gritty Dirt Band, Van Dyke Parks, Sagitattarius ou The Motorcycle Abeline emmené par Warren Zevon déboulent avec tubes et banjos pour cloturer ce chapitre du rock n’roll. Rêveur et souriant, cet ultime châpite apparaît comme un lever de soleil après les sueurs électriques de la nuit et le Rock n’roll à Los Angeles ne sera jamais plus comme avant.

Los Angeles Nuggets 1965-1968 // Where the action is // Rhino

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