Quatrième album pour Lorelle Meets The Obsolete et toujours la même impression que le duo mexicain a injecté des piments psychédéliques au fond d’une seringue trouvée dans les favelas de Manchester. C’est peut-être de cet équilibre instable entre musique planante et shoegaze brutal dont il est question dans « Balance ».

Il y a deux manières d’appréhender ce « Balance », fraichement paru chez Captcha Records. La manière anodine, consistant à considérer qu’il ne s’agit que d’un disque psyché de plus sur la pile bariolée où meurent en silence depuis plusieurs mois tous ces artistes reconvertis au Tie and Dye sur le tard en étant persuadés qu’ils pourraient faire carrière sur la base d’une chronique 5.6 sur Pitchfork. Ce revers de main serait du reste bien compréhensible, tant la lassitude nous gagne à force défiler sur la scène psyché des mannequins semi-moches et transparents ne révolutionnant non seulement aucunement le genre, mais n’ayant en plus aucune intention de casser le moule. Le rock étant par essence un mouvement terriblement conservateur, il suffit alors de penser aux récentes sorties qu’on a préféré taire par politesse (Morgan Delt, Ryley Walker, The Lemon Twigs, Nick Waterhouse, etc) pour se dire qu’on a depuis longtemps atteint le point Anton Newcombe ; équivalent du Godwin pour les musiques amplifiées et catégorie dans laquelle on peut ranger sans complexe tous ces disques inoffensifs qui, même s’ils font travailler des ouvriers d’Europe de l’est dans les usines de pressage, ne changeront absolument rien à l’ordre d’un monde établi depuis soixante ans.

Face à ces épaves déjà rouillées avant d’avoir fait le moindre kilomètre, certains disques tirent d’autant plus facilement leur épingle du jeu qu’ils surfent sur des codes esthétiques évidents tout en parvenant à s’élever au dessus. C’est une sorte de détournement d’avion ; c’est la seconde manière. Et c’est ainsi que doit s’écouter « Balance ».

Derrière son nom croquignolesque évoquant davantage le folk de pub pour tampons applicateurs qu’une relève burnée aux Ramones, le duo (sont-ils un couple, des frères et sœurs, et quoi, des amis ?!), Lorelle Meets The Obsolete opère un travestissement qui les voit simultanément passer par tous les styles qu’on ne peut pourtant plus voir en peinture depuis qu’ils sont devenus la norme indie : le shoegaze, le krautrock, le néo-psychédélisme, la dream pop. The Sound of All Things, particulièrement, résume bien cette impression déstabilisante qu’on peut avoir à regarder un épisode de Plus belle la vie partir progressivement en vrille jusqu’à devenir un court-métrage expérimental produit par Alan McGee dans une Factory désaffectée. L’ombre des Anglais de The Oscillation plane en filigrane tout du long de ce disque étrange, à la fois gazeux et délicieusement pop ; et c’est en soi un argument suffisant pour éviter de déballer davantage cet étrange cadeau qui sait en plus éviter le point Black Angels (le coup de la pochette post Grateful Dead tellement psyché qu’on préfèrerait écouter un disque coldwave de Zaz). En clair, et puisqu’il est toujours question de justice quand on parle de balance, disons que Lorelle Meets the Obsolete se trouve du bon côté. Point final.

Lorelle Meets The Obsolete // Balance // Captcha Records/Sonic Cathedral)
https://obsoletelorelle.bandcamp.com/

26.10 – PARIS – Le Batofar
27.10 – STRASBOURG – Mollodoï
28.10 – NANTES – Festival Soy
29.10 – CLERMONT FERRAND – Baraka Bar Club (soirée Gonzaï)
25.10 – BRUXELLES – Magasin 4 w/ Civil Civic

01.11 – TOULOUSE – Bar Le Ravelin

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