Des gens dans l’âge moyen revisitent la musique du moyen-âge et c’est comme si tout un pan de l’histoire française remontait à la surface pour éclairer nos identités profondes.

L’affaiblissement de la culture mainstream a ceci de formidable qu’il permet, telle la fonte du permafrost, de découvrir des cultures jusque là enfouies. Prenons pas exemple le rayon musique celtique et traditionnelle : jusque là, on pouffait ; on citait Manau et Nolwenn Leroy comme seules tentatives grand public, et c’était à se tirer une balle. Depuis peu, et notamment grâce au travail de spéléologue de La Souterraine, quelques étrangetés régionales font leur chemin. Arlt, France, le collectif de la Novia, La Tène ; c’est presque un guide touristique de la France d’en bas, celle qui, localement, reprend des instruments tombés dans l’oubli (la vielle à roue, la guimbarde) pour les ramener à la vie après un bon massage cardiaque. L’auditeur, plus averti que dans les années 90, sait désormais faire le parallèle avec le Venus in Furs du Velvet Underground, et n’a de fait plus l’impression d’écouter la B.O. des Visiteurs.

Aronde, dernier né de cette scène cosmogonique, s’est tout simplement fixé pour objectif de fusionner les musiques d’Auvergne et de Gascogne. Ca, c’est pas la moitié d’un pari. Sur leur premier album éponyme, les quatre musiciens du terroir imposent un mélange de chanson de geste médiévale et de musique répétitive où les sons continus renvoient même, parfois, aux mélodies étirées de Terry Riley. Dire de « Aronde », le disque, qu’il est un miracle improbable est dès lors en dessous de la vérité. Les violons, violoncelles et autres tambourins à corde prennent la forme d’un troubadour colportant de village en village la bonne parole. C’est précisément cela, la force de l’époque : permettre grâce à la technologie (Bandcamp surtout) une mise à disposition de la culture underground vieille de plusieurs siècle, pour peu qu’on ait envie de se taper autre chose que les abonnés de ce robinet d’eau tiède qu’est devenu le top 50 international.

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Alors oui, forcément, certains penseront à I Muvrini et ne comprendront pas qu’Aronde est avant tout un formidable exercice de transe cacophonique en vieux Français. Laissons les s’enterrer dans leurs convictions, gardons ce petit secret hexagonal pour nous, et jouons le fort dans les prochaines fêtes communales. Tout compte fait Aronde, c’est un peu comme avec les pratiques anales ; fonction que vous serez ouvert d’esprit ou pas, l’expérience se révèlera douloureuse ou plaisante, du moins à considérer comme une alternative aux voies traditionnelles.

Aronde // Aronde // Pagans
http://pagansmusica.net/album/aronde

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