Il fut un temps où les punchlines ridicules telles « I drive a Rolls Royce, ‘ cause it’s good for my voice » s’accordaient parfaitement sur une musique entrainante et de qualité. Je vous parle d'un temps lointain, 40 ans avant La Femme ou Christine and the Queens. Si c’est pour se taper une bobo androgyne "chantant" en hyperventilation un poème que les gens font mine de comprendre : non merci.

D’ailleurs, comment donc ne pas tomber dans les pièges tendus par les « tops 50 » dans une société où nous croulons sous les données numériques ? Il n’y a pas de recette miracle, il faut chercher, filtrer, fouiller. Et parfois vous vous faites un peu surprendre, tout comme moi, un après midi en tombant nez à nez sur les quais de Seine avec le musicien Tai-Luc. Effectivement, un des grands du punk français, membre du groupe La souris déglinguée (LSD). Autant vous dire que certaines lignes ont vite résonné dans ma tête : « Tu as une chaîne de télévision et moi une chaîne à vélo » ou « A trois sur un scooter, on joue les gladiateurs, la bande à Spartacus est à la station Rome ».

Alors oui, le punk c’est terminé depuis longtemps. Mais les artistes comme Tai-Luc sont pourtant bien encore présents et pour cause, La Souris Deglinguée a sorti en 2017 un nouveau 45 tours. A cette occasion, je me suis entretenue avec l’artiste pour mieux comprendre les impacts du temps sur le groupe.

LDS

Tai-Luc quel fut ton premier rapport à la musique ?

Il est assez tardif. J’ai commencé à acheter pas mal de disques en 73, et j’achetais les succès de l’époque : T-Rex, Deep Purple, Gary Glitter, Slade… le genre de trucs commerciaux que tu peux trouver au supermarché. Une sorte de rock un peu énergique pour les jukebox. Par la suite j’ai écouté les disques de mes parents avec Elvis Presley, Gene Vincent et Johnny Horton ainsi que les choses que je pouvais voir dans les magazines avec Lou Reed. Et quand tu es adolescent, tu aimes ça, l’histoire de la musique, l’image des chanteurs que tu peux avoir d’eux, tout en cuir noir : les bikers … Donc moi au départ, je voulais avoir une moto pour être un séducteur, que j’ai demandé à ma mère. Sauf qu’elle m’a répondu bien évidemment qu’il en était hors de question et du coup elle est revenue avec une guitare. Mais moi, je pensais pas à la guitare… Donc j’ai un peu commencé par défaut, tout en regardant mes copains jouer.

« Nous sommes des artisans du style »

A quel moment as-tu perçu un levé de rideau sur le groupe ?

On a commencé  avec un public punk, mais on savait dès ce moment là que ce serait pas facile car le punk c’était fini. Les Clash, les Sex Pistols, c’était déjà la fin en Angleterre et en France, le show-business ne misait pas vraiment sur les groupes punk. En 1981, par contre là y’a eu du rideau. On faisait un concert à l’Opera Night, et ce soir là on avait un public assez important et les choses se sont un peu mal passées car la clientèle a littéralement détruit l’établissement. Les consommateurs ne payaient plus leurs verres au bar alors le patron de la boîte a coupé l’électricité. Mais forcement les gens ont mal réagi, ont tout cassé et on est devenu célèbre à cause de la médiatisation de l’événement. A la fin,  tout avait été arraché. On était devenu un groupe national avec le téléphone qui sonnait tous les jours à la maison. Du jour au lendemain on avait tous les talents… on a sorti un disque la même année.

En fait on doit notre existence et notre petite notoriété à faits divers, bien qu’à nos qualités musicales, que les gens ont su apprécier, mais bie plus tard. En 79, on a eu une belle histoire de rideau aussi. C’était à Sartrouville, y’avait la « fête de la paresse », un festival punk avec tous les groupes du genre, programmés. Dans la salle, y’avait les punks parisiens, et puis aussi des bikers …et ça s’est pas très bien passé au niveau de l’ambiance. A un moment donné, les punks courent se réfugier sur la scène parce que les bikers les poursuivaient. J’ai compris le mouvement de foul, on s’est regroupé autour des instruments histoire qu’on ne nous vole rien. On laissait les mecs se tabasser entre eux.  Et pour que les mecs s’arrêtent, les gérants ont fait tomber un rideau de fer. Ce qui est fou c’est qu’à la fin du concert je vois débouler un mec sur scène avec son mignon, c’était Malcom McLaren, le dénicheur de talents… le soir j’ai parlé avec lui, puis il m’a laissé son numéro. Bref, si on avait pas eu tous ces évènements « fort regrettables » à cause du vandalisme que ça a provoqué, on ne serait sûrement pas là aujourd’hui.

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1002150653182730&set=g.8168191485&type=1&theater&ifg=1

Un groupe que tu aimais dans les années 80 ?

Il y avait un groupe de Montpellier que j’aimais bien : OTH. La première fois que je les ai vu en concert, c’était en 81. A l’époque les concerts à Paris c’était très violent, faut le dire, t’avais des agressions et beaucoup de violence dans l’air. Et je me souviens des réflexions des gens dans la salle qui disaient : « ouais bon eux on va les laisser jouer, parce que c’est du hard rock mais qui ressemble à du punk ». Je pense que ce jour là OTH a vraiment évité des attitudes « pas cool » du public grâce à sa musique. Par la suite, on a rencontré le groupe et on s’est bien entendu, ils ont même repris Week-end Sauvage, et c’était peut-être même mieux que notre version.

Quelques mots sur le punk et lattitude punk ?

Tout était déjà bien musicalement, avant 77. Les boutiquiers de King’s Road nous ont fait avaler des couleuvres. Le marketing de la provocation : c’est ça le punk, avec un arrière fond bien rythmé de chansons trépignantes, ça c’est la partie qui m’intéresse. L’attitude vestimentaire ? Bof. Le coté Do It Yourself ? Un mythe entretenu à toutes les époques… Les musiciens ont été des artisans, rarement des industriels.

Si tu devais qualifier LSD aujourdhui ?

Ha… je dirais qu’on est des « survivalistes ». On est sauvés par nos mentalités et le fait d’être fédérés aux uns et aux autres. On ne fait pas partie de l’industrie du divertissement comme je l’ai dit, mais de l’artisanat… Nous sommes des artisans du style, si je peux dire ça comme ça.

Pourquoi le choix du vinyle 45 tours ?

Le dernier vinyle 45 tours ? But avoué : fabriquer un futur collector’s à l’instar du premier 45 tours sortit en 1979.

A lheure où être féministe est devenue une « qualité », un mot sur les femmes ?

Y’en a dans les chansons… puis les femmes c’est la moitié du ciel, alors il en faut. 

Plus d’infos sur http://www.clandestines79.fr/
La playlist de Tai-Luc à découvrir ci-dessous

1 commentaire

  1. ah queueeee jojo il est dezinguée au prozac / viagra / cammommille /

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages