Toi qui lis ces lignes, bravo ! Tu as survécu au dernier album des Horrors et Bono t'en remercie. Prépare-toi dès maintenant au violent retour de hype avec le premier album de Jungle, éponyme, prévu pour le 14 Juillet sur XL Recordings, le seul label qui peut se targuer de réunir Adele et The Prodigy dans son catalogue.

On ne sait pas grand chose de la dernière signature d’XL Recordings, et c’est d’ailleurs à peu près tout ce que tout le monde est capable de dire sur le sujet. Ça et des trucs du style « le duo rétro-futuriste le plus mystérieux de l’année est funky à souhait, encore plus cool que Disclosure ». Moins taillés pour les clubs que ces derniers, Jungle louchent plus du côté de Nicolas Jaar et General Elektriks (oui, les deux ensemble). Bien sur, leur wannabe booguie entend faire danser les amateurs de groove blanc, et c’est réussi puisque leur premier EP, « The Heat » génère un certain enthousiasme outre-manche depuis quelques mois -leur dernière vidéo Busy Earnin dépasse les 600 000 vues sur Youtube.

Il faut dire que tous les ingrédients sont réunis pour que la sauce prenne : des clips sympa – notamment Platoon, avec une gamine qui fait du breakdance, une base disco – indispensable, un petit piano presque jazz, du delay à foison sur les guitares et des cuivres fédérateurs. Mais il y a un problème, une désagréable sensation de trahison qui persiste quand on écoute l’album : ça sonne creux. Taillés comme des chansons pop, les morceaux de Jungle rappellent la pseudo-funk too much d’Hervé Salters et la soul manquée d’Asteroid Galaxy Tour; autant de références qui peinent à cristalliser l’essence même du groove.

J et T sont les deux lettres qui servent de surnoms au duo qui se cache derrière Jungle, épaulé d’un nombre variable de musiciens lorsqu’il s’agit de se produire sur scène. Les deux gars tiennent à garder leur anonymat le plus longtemps possible, sous prétexte qu’on n’a « pas besoin de voir leurs sales gueules ». Ce petit manège fait surtout écho à un autre duo, casqué celui-là. Aujourd’hui obsolète, l’anonymat farouchement défendu des membres de Daft Punk a largement concouru à leur succès il y a vingt ans, bien avant qu’ils se vautrent sans égards dans cet espèce de bouillie post-disco indigeste qu’est « Random Access Memories ».

Heureusement, quelques bonnes idées sont là pour pimenter un peu la tracklist. Elles résident dans des petits détails : les samples miniatures de Drop, la saturation légère des basses sur Time, l’absence de voix et le clin d’oeil à Morricone dans l’interlude Smoking Pixel, par ailleurs le meilleur morceau de l’album. Mais il faut plus que des bonnes idées pour insuffler une âme à ce marasme et quitte à éplucher le catalogue d’XL Rec pour trouver un authentique morceau de groove à se mettre sous la dent, je conseillerais de jeter plutôt un œil au premier album d’Atoms For Peace, « Amok », sorti début 2013 et piloté par Thom Yorke et Nigel Godrich, Michael « Flea » Balzary (bassiste déglingo des Red Hot Chili Peppers) et Joey Waronker.

Jungle // Jungle // XL Recordings (Beggars)
https://soundcloud.com/jungle-8

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