1999, c’est l’année de sortie de "Through The Walls", l’excellent premier album de Jon Simons, musicien et poète américain qui, en 2002, a disparu de la circulation après la publication de son deuxième album. Une décennie plus tard, "Through The Walls" est édité une seconde fois grâce à l’intervention d’un ingé-son anglais. Dans les médias français, cette réédition semble n’affoler personne. Pourtant, même après 15 ans, "Through The Walls" reste un album qui n'a pas pris une ride.

Littéralement, « Through The Walls » ça commence par le son d’une porte qui s’ouvre. Dehors, la pluie tombe et la nuit se lève. Un homme rentre chez lui, va se servir un verre d’alcool fort. Les glaçons s’entrechoquent. L’homme choisit un vinyle, le place avec délicatesse sur la platine. Et la musique s’élève doucement des enceintes.

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« Through The Walls », c’est aussi le moment de retenir son souffle et d’ouvrir en grand ses oreilles. Dans un casque au milieu de l’open-space, l’effet est garanti : Jon Simons, même 15 ans après, impose ses mélodies et le silence avec ce premier album, composé lors d’une retraite solitaire de six semaines. Huit pistes où le musicien texan chante la solitude avec sa guitare folk et ses harmonies de rockeur-bagnard repenti. Huit pistes intemporelles, que l’ingé-son Tim Young (de Metropolis London, qui a  notamment travaillé pour les Clash, les Smiths ou encore les Pretenders) a su repérer (au fond de son grenier ?) et remasteriser. Le résultat : une réédition de l’album, sortie en mars 2013. Pourquoi n’en parler que maintenant ? Bonne question.

JonSimonsCover

La seule certitude, c’est qu’on imagine bien Jon Simons composer « Through The Walls » dans une cabane au milieu des pins en plein coeur de l’hiver. Un poêle en bois comme unique source de chaleur et un vieux lit une place sur lequel s’accumulent des feuilles volantes de paroles et de grilles d’accords.

« Through The Walls » est une sorte d’expérience en soi. Il faut l’écouter religieusement d’un bout à l’autre, en faisant abstraction de la musique électro minimaliste que le voisin de bureau diffuse sur ses enceintes. L’esprit de Jon Simons, il faut l’accueillir, et le respecter pour mieux l’apprécier. A lui seul, Jon convoque un choeur de chanteurs dont les harmonies se superposent comme autant d’accumulation de pensées. Il y la sensibilité de Nick Cave, la sincérité d’un Neil Young, ou encore le psyché de Pink Floyd, avec des ballades folk à rallonge – de 7 à 9 minutes –  déconstruites mais jamais décousues. C’est une musique inquiétante. Jon Simons chuchote presque, comme s’il interprétait une comptine folk. Celle que l’on joue non pas à un enfant, mais que l’on se joue à soi-même, pour palier l’ennui.

Un troisième album est censé voir le jour en 2015. Connaîtra-t-il le même destin funeste que ces prédécesseurs ? Rendez-vous en 2025 pour la prochaine chronique.

Jon Simons // Through The Walls // Analog Sea Records
www.jonsimons.com

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