Vous connaissez certainement Jacky, peut-être même que vous l’aimez et c’est bien normal. Car Jacques Jakubowicz est une figure mythique et sympathique de la petite lucarne française, qui, de 'Chorus' à ses canailleries du 'Club Dorothée', en passant par 'Les Enfants du Rock' et 'Platine 45', a ramené partout son grain de sel et sa frimousse au bon endroit et au bon moment. Il est une idole que seuls les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Il est bizarre et gentil. Et pour une son interview avec Gonzaï, il porte un instant son plus beau masque de porc.

C’est comme si la trajectoire de ce mec n’avait respecté aucune des lois de la balistique de l’emploi. À chaque nouveau boulot, Jacky débarque où on ne l’attend pas et, comble du rebondissement, ses formules tapent presque toujours dans le mille. Exemple de plan de carrière à la Jacky : « En 1978 j’étais attaché de presse, je voyais Antoine de Caunes pour lui filer des disques et il me trouvait sympa alors il m’a proposé de faire Chorus avec lui. » Dans Chorus, Jacky est présent à l’écran mais il ne dit pas un mot, sa gueule, ses mimiques servent de gags, et de Caunes se charge de la chronique. Chorus est une bonne émission. Ce n’est pas la seule, et ce n’est pas par hasard que Jacky est aussi catapulté chez Les Enfants du Rock, Platine 45, Europe 1 ou Skyrock. Dans le cas de Jacky, le hasard a un autre nom. On parle de « rencontres ».

Adolescent, Jacques Jakubowicz est envoyé en colonies de vacances, où il rencontre un fanfaron nommé Richard Gotainer. C’est l’âge ingrat, l’heure de l’irrévérence, la période où l’on ne tire pas sur tout ce qui bouge pour se concentrer sur les cheveux des filles. Jacky bourlingue à droite à gauche avec son camarade ; ils s’essaient à la scène en duo comique, mais il n’est pas encore le temps de l’humour, ni pour l’un, ni pour l’autre, et le jeune Jacky rentre étudier à Paris. Si c’est l’école de journalisme de la rue de Rennes qui ouvre ses portes à l’élève Jakubowicz, c’est bien à Gotainer que Jacky devra son ton et son humour. Alors question : faire ses premiers pas « professionnels » aux côtés de l’auteur du Youki, n’est-ce pas signer d’office pour une carrière lyrique et polyvalente ? La preuve est faite quand, fraîchement diplômé de journalisme, Jacky ne va pas piger mais passe un entretien rocambolesque avec le patron de Phonogram — devenu Polygram — et devient l’attaché de presse de Gainsbourg (pendant 8 ans), Roxy Music, Bob Marley et autres.

À la grande époque, Jacky participe aussi à l’aventure Rock & Folk. Nous sommes en 1973, quelques années avant que la tête du bonhomme n’entre dans le PAF. En 1978, avec Chorus, son visage apparaît à l’écran. En 1982, Pierre Lescure permet à Jacques Jakubowicz de présenter en solo Platine 45 et ses délires de jingles et de fonds animés. La musique rapporte de l’argent. L’humour et les conneries vont en rapporter (la chaîne Canal + est créée en 1984). Jacky a la notoriété suffisante pour s’attaquer à un public moins niché, et ça tombe bien car les événements le pressent un peu. Après deux ans de Platine et à cause de l’arrivée d’une chaîne musicale concurrente, TV6 (seulement 1 an d’existence), Lescure arrête l’émission. Monsieur Jakubowicz enregistre avec Dorothée, participe à sa tournée et, en 1987, accompagné d’un casting de choc composé de Lio et Carlos, il se retrouve au centre du Dorothée Show. Vous connaissez plus ou moins la suite.

En 2012, soit 25 ans après la création du Dorothée Show, nourrice des bambins de France déguisée en spectacle grandguignolesque made in TF1, Gonzaï monte sur le ring avec un papa de la petite lucarne : Jacques Jakubowicz, qui, sous ses airs âge tendre, est une tête de bois. Fort d’une biographie1 dans laquelle, visiblement, tout est dit, Jacky nous a donné du fil à retorde. Ni les gants, ni les pincettes n’ont d’emprise sur ce type — et je ne vous cache pas que l’interview vidéo qui suit ressemble parfois plus à un combat de coqs qu’à un pique-nique à la campagne. J’en rajoute un peu pour faire une métaphore : Jacky présente sur IDTF1 une quotidienne, le Jacky Journal D’Aujourd’hui — JJDA avec son galliforme, une poule nommée Sandrine. Il a accepté cette interview « parce qu’on avait l’air sympa au téléphone ». Lui aussi avait l’air débonnaire quand on l’a eu sur son 06. Face caméra en revanche, certaines questions, certains sujets, nous ont parfois mis face à un Jacky sec et tranchant, qui coupe court à la conversation quand elle ne tourne pas dans son sens. Cet homme-couteau-suisse qui, au fil d’une carrière hors normes, a découpé les tranches de vie du rock’n’roll a accepté de parler à Gonzaï dans la salle de réunion de IDTF1, et on l’en remercie. Appuyez sur play et envoyez le jingle.


JACKY :: Les fa(r)ces cachées par Gonzai_mag

Interview : Bastien Landru et Bester
Vidéo : Xavier Reim 

1 Docteur Jacky et Mister Rock, chez Flammarion.

9 commentaires

  1. Question histoire et culture générale pour un camembert vert: ne prononce-t-on pas Cardinal de Ré?

    Les historiens du dimanche vous remercient.

  2. Ce bon vieux Jacky, mi-ringard, mi-mec super-branché, mi-mi Mathy. Excellente interview soit dit en passant, avec un Bastien des grands soirs.

  3. Problème dans la chronologie – Jacky a rejoint Dorothée des années avant 1987 (via Récréa 2) avant d’être son concurrent pendant un an (Vitamine sur TF1) puis de la retrouver quand à son tour elle rejoindra TF1.

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