La magie de la langue française, c’est l’ambigüité des mots, et ceux de Sydney Valette, 8 ans après ses débuts, sont toujours à double tranchant. La morale, vu la qualité de sa dark-synth-batcave-pop, il l’a pour lui. Quant au moral, c’est une autre histoire : « Fight Back », son nouvel album à découvrir ici en exclu, s’avère plus efficace qu’une overdose de Valium en discothèque.

Toujours en marge, Sydney Valette est encore prêt à tout pour vous déprimer. C’est en une seule phrase le claim de l’un de ces rares artistes français dont on a l’impression qu’il est là depuis des années, sans qu’on arrive toutefois à savoir si le public saurait poser un visage sur son nom. Valette donc. Ca rime avec branlette. Bien plus pour le coté plaisir solitaire que pour le vent qu’il ferait tout seul, dans le désert.

Contrairement à ce qu’indiquerait le titre, le Parisien est à peu près tout sauf un Inconnu tentant de reprendre Indochine à la sauce indie. « Fight Back », à écouter ci-dessus en se tapant la tête contre les murs pour le côté boite à rythmes, comporte au moins deux tubes : Les étoiles en duo avec la moitié de Sexy Sushi (Rebeka Warrior) et Précipice, le futur hit de vos fins de soirées compliquées, sans clopes, tout seul dehors avec 9 chansons-insomnies. Ecoute intégrale ci-dessous, et interview à lire en même temps pour aller plus loin, plus bas.

https://soundcloud.com/sydval/sets/sv-lp4-6tracks-demo/s-sWPUi

Sydney, ton prénom (et ton nom) circulent sur l’internet depuis déjà pas mal de temps, et je me souviens même d’une publication dans Technikart, voilà déjà très longtemps. Quand tout a véritablement commencé pour toi ?

Si tu veux parler du commencement « médiatique », ça a commencé mi 2010 grâce à Technikart effectivement. Mais je faisais de la MAO déjà depuis 2005, donc là ça va faire treize ans que je suis actif. Musicalement votre.

Si mon compte est bon, tu dois approcher de la trentaine maintenant : quand on fera le point dans 10 ans, et qu’il faudra voir quelles cases il te restait à cocher, tu aimerais qu’on écrive quoi ?

Oui je vais sur mes 32 ans là, donc ça y est j’entre en fin de carrière. En cases à cocher d’ici 10 ans, j’aimerais faire plusieurs autres albums et produire d’autres artistes. J’aime vraiment faire des albums, créer un corpus, compiler des histoires pour en faire une sorte de livre décousu. J’adore aussi le studio, les machines, c’est vraiment un refuge absolu […] j’ai pris le parti de tout faire moi-même, du coup j’ai mis 10 ans à être autonome. Concernant le succès, j’aimerais pouvoir me passer de cette idée mais on le cherche tous mine de rien. Je réfléchis pas mal à mon rapport à la musique, et à l’influence de la recherche du succès, et c’est une question difficile. Une fois qu’on est un tant soit peu dans la matrice, ce serait un mensonge de dire qu’on ne recherche pas une certaine reconnaissance, même si on est « marginal »… Disons que ça dépend des jours, des jours je m’en fous, d’autres je suis un requin prêt à tout pour un pauvre like sur ma fanpage de crevard, même si en général je me déteste après… Sur ce je citerai Shurik’n: « On joue dans un chambara, la fierté, la loi, tuent, comme un bon vieux kurosawa, la main sur le katana, même si la peur m’assaille, je partirai comme un Samuraï… » 

Le nouvel album s’appelle donc « Fight Back ». Ca induit le fait qu’il y ait eu un match aller, et donc, une défaite. Pour quoi, c’était quoi ?

« Fight Back », c’est le titre de l’album et de la chanson, qui raconte une fiction basée sur une société secrète de soldats de la vérité et de la lumière, des Templiers des Temps Modernes, quoi. Bon on sait comment ils ont fini les Templars… Massacrés par le Roi… L’univers chrétien médiéval me parle beaucoup, je trouve les églises magnifiques et j’y vais prier souvent, d’ailleurs j’ai l’impression qu’il y a une sorte de regain de la foi, il y a de plus en plus de gens à l’église, mais franchement ça m’étonne pas du tout, étant données les circonstances. En Russie, j’ai vraiment été abasourdi par la ferveur religieuse, les gens sont tous à genoux par dizaines, baisent tout ce qui brille. A Saint-Pétersbourg j’ai fait la queue-leu-leu avec des croyants avant qu’un vieillard me prenne dans ses bras en me souhaitant le meilleur… un saut dans le temps. Je ne suis pourtant pas au sens strict du terme chrétien, je suis très libertaire, et dès que je me sens appartenir à quelque chose, je fuis. Les Saintes Écritures me barbent un peu même si j’essaye de renouveler mon rapport à celles-ci. Ma question est la suivante: « Qu’est-ce fût le christianisme avant 1500 ans d’Institutionnalisation, de Croisades etc ». Ayant été plus ou moins élevé dans le bouddhisme et l’hindouisme baba-cool, j’ai eu comme l’impression de rater une partie de moi-même en reniant mon héritage chrétien. J’essaye en fait de relier les deux philosophies, je dirais que le bouddhisme est ma religion des basses fréquences quand le christianisme celle des hautes. La croix pour moi n’est pas qu’un symbole sacrificiel, mais aussi et surtout, un symbole d’équilibre entre Ciel et Terre: c’est par là que je fais se rejoindre les deux.

Mais pour revenir à « Fight Back », c’est une métaphore guerrière pour parler du fait d’affirmer notre liberté en tant que personne. Et ça passe par combattre à la fois les influences extérieures et intérieures, toute la merde et la culpabilité qui traînent dans nos cerveaux, qui nous empêchent d’agir, qui nous font haïr ou adorer les autres, qui nous traînent dans un dualisme primaire.

Les Etoiles est un petit tube. A quoi es-tu prêt pour parvenir à l’imposer sur les grands médias pour qu’ils en parlent ? Prêt à passer chez Ruquier et à te casser la gueule, ivre bourré, pour qu’on parle de toi ?

Je suis prêt à tout, plus particulièrement à être mourir pour être aimé… Ca pourrait faire une bonne chanson ça, Prêt à Mourir Pour Être Aimé d’Être Passé Chez Ruquier. Non sérieusement je vois de quoi tu parles et ça m’a fait mal au cœur, mais en même temps c’était beau…

Sydney Valette sera en concert le 31 janvier au Point Ephémère
et pour commander son disque, c’est par là :
https://sydneyvalette.bandcamp.com/

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