Le premier est une émulation Pokemon soleil de son père Fred Chichin, la seconde, une émulation troisième génération de sa maman Catherine Ringer : à deux eux, ils forment les Bioman de la pop française de 2018 et ça s’appelle Minuit. Force jaune devant, marron derrière.

La logique veut que plus le tuyau est gros et plus l’eau passe. Ce qui vaut pour la physique vaut pour le jardinage et donc aussi, pour la musique. Ainsi donc, on les a vu débarquer en 2013, fils et fille de, mêmes physiques, même musique, juste plus jeunes, forcément. On a d’abord cru à une blague, mais comme la chute ne venait pas, on s’est abstenu d’exploser de rire.

En fait, c’était vraiment trop gros : six ans après le décès de Fred Chichin, Raoul Chichin et Simone Ringer, fils et fille de, créaient Minuit, double maléfique du groupe à PapaMaman. D’abord, c’est comme avec une mauvaise allergie : on se frotte les yeux. En 2015, Minuit sort un premier EP, « Flash ». Là, c’est comme avec une très mauvaise allergie : on ne voit plus rien. Deux ans plus tard : nomination aux Victoires de la Musique dans la catégorie « Révélation Scène » (le groupe n’a alors sorti que cinq morceaux) mais Minuit perd tragiquement face aux Destiny’s Child française : les professionnelles de l’urine dans un violoncelle, L.E.J. Ouf, une justice. Minuit ne verra peut-être jamais le jour. On se crève les yeux, on passe à autre chose.

Sauf qu’à force de coincer le tuyau, Nicolas le jardinier comme Bill Cosby vous le confirmeront, l’eau finit toujours par exploser doublement. Un album, « Vertigo », est donc finalement annoncé pour la rentrée 2018. Là, ça devient sérieux. Peut-être un peu trop.

Comme vous êtes sur Gonzaï, vous vous doutez déjà bien du sort réservé à cette soupe de funk FM, finalement pas plus mauvaise qu’une autre, et qui revisite les thèmes de la « chaleur tropicale à Paris » (une chanson engagée sur le réchauffement climatique et la haute densité démographique parisienne, 20 000 habitants au Km2 ?), de la funkitude synthétique (rapport au retour en force du jogging ?) et du népotisme à l’heure de la confusion des genres. Oui bon, c’est pas forcément parce qu’on connaît déjà fin du film que cela empêche de le remater en boucle. Sans cela, il serait impossible de se foutre ouvertement de la gueule de groupes « indie » des années 80 tels les Négresses Vertes, la Mano Negra et Noir Désir, ni de cette mauvaise compilation transgénique donnant l’impression d’écouter les Rita 30 ans après.

Un buisson caché par cinq musiciens.

Dans un excès d’honnêteté, on a quand même pris le temps d’écouter les deux nouveaux morceaux de la cuvée 2018; histoire de voir si Minuit était à placer sur la banquette aux côtés de Thérapie Taxi pour leur faire partager une course en Uber vers l’Ile d’Elbe ou n’importe quel endroit où l’on peut faire de la musique très fort sans faire chier personne.

TOUT DE SUITE, SEQUENCE TURBO AVEC DOMINIQUE CHAPATTE EN MODE NUIT, DÉRAPAGE SUR LE GRAVIER D’UN PARKING INTERMARCHÉ, DOUBLE SALTO ARRIÈRE EN PRENANT APPUI SUR LE FREIN À MAIN POUR CASSER LE PARE-BRISE AVEC UN COUP NINJA SANS PÉTER LE SAPIN PARFUMÉ EN FORME DE COCOTIER MUTANT.

On vous fait l’impasse sur les cinq morceaux issus de l’EP « Flash », sinon on y sera encore à deux heures du matin. Attardons-nous plutôt sur Blondie, premier single paru voilà quelques semaines. Le visuel est emprunté à un best-of de Michel Polnareff, la voix de Simone, fille de, est calquée sur celle de Catherine. Remarquez, là, c’est pas sa faute. On choisit son arc, pas ses cordes vocales. La rythmique et les arrangements, mettent la basse bien en avant pour accentuer le groove d’un titre, on l’a déjà dit, pas plus pire que tout ce qui passe sur les ondes. C’est même la destination finale de ce titre ; il a été pensé pour ça.

Vient ensuite Paris Tropical, publié au début de l’été. Ca tombe bien en fait, le titre parle de canicule. C’est vrai que chanter la pâleur des après-ski en plein mois de juillet, c’était moins cool. Grâce à un mix à mi-chemin entre le Il tape sur des Bambous de Philippe Lavil, le Good Times de Chic et n’importe quel titre de l’Impératrice, Minuit réussit, il faut bien le dire, le hold-up parfait. Notre prédiction : une rotation en boucle dans toutes les boutiques Pimkie des centres commerciaux de Chatelet, Velizy et Quatre Temps, en Ile-de-France. Si tout se passe bien, Minuit entamera en 2019 une tournée des Zenith et devrait régner, via des inséminations en série, sur la pop du 21ième siècle conclue par une hausse du thermomètre de 20° à Paris célébrée en 2098 par le titre Paris super méga tropical des petits enfants de Simone et Raoul.

TOUT DE SUITE, UNE CONCLUSION TURBO AVEC DOMINIQUE CHAPATTE DANS LE TIEK AVEC LA CASQUETTE DE HIP-HOPPEUR À L’ENVERS POUR SE LA COLLER AVEC ROMEO ELVIS SUR UN POWERPOINT « PERSPECTIVES ET ENJEUX DE LA POP FRANÇAISE À L’HEURE DU SAMPLE INSPIRATIONNEL ».

Il se peut, à la lecture de tout ce qui a précédé cette chute, que vous ne sachiez pas vraiment là où on veut en venir, ni si Minuit nous évoque l’apocalypse, une simple blague marketing ou un truc finalement pas si dégueulasse qui choquerait moins que le port autorisé des bermudas à couleurs. C’est un peu tout ça à la fois. Faire des enfants n’a jamais été un crime, et les enfants de musiciens se mettant eux-mêmes à la musique sont légion. Jeff Buckley en est le meilleur exemple, Lulu Gainsbourg un moins bon, Calypso Valois (fille de Jacno et Elli Medeiros) un autre plus probant ; voyez, c’est comme le thermomètre, ça fluctue.

Ce qui dérange chez Minuit, c’est davantage la bienveillance médiatique pour le lointain souvenir des parents que la musique en elle même ; c’est le calque mélodique empruntant le même sentier avec à peine quelques guitares de hard FM en plus histoire de brouiller les pistes ; ce n’est pas la soupe en elle même, c’est l’effet régurgitation-avalage de la même soupe dans laquelle on tremperait des madeleines de ce pauvre Proust, comme en 2016 avec Fishbach évoquant Mylène Farmer ou l’an dernier avec Juliette Armanet invoquant l’esprit de Sanson (merde, elle est pas morte).En comparaison, même la démarche vampirique d’Etienne Daho suçant la moelle des petits nouveaux (Flavien Berger, Catastrophe, La Femme) semblerait plus respectable. Plus saine, du moins. Un vieux se tapant des jeunes, c’est finalement plus logique que des jeunes copiant leurs propres vieux.

Perdu dans son désir confus d’aller de l’avant, l’industrie, donc hésite. Elle préfère parfois ne changer la moquette d’un vieil appartement où l’on n’aurait décollé aucun des vieux posters. Ca fait plus authentique, ça raconte quelque chose ; pas forcément la bonne histoire du reste. D’ailleurs à minuit, on ne voit plus rien. L’histoire, alors, s’arrête. Cette fois, on ne changera pas les ampoules.

5 commentaires

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