Dans un recoin de notre corps dort la chose noire. Entre notre nuque et la bosse arrière de notre crâne; le long de l'échine court une énergie interdite.

Dans un recoin de notre corps dort la chose noire. Entre notre nuque et la bosse arrière de notre crâne; le long de l’échine court une énergie interdite. Lorsqu’elle se manifeste en moi, je me sens immédiatement condamné. Comme dans les yeux d’autrui, lorsque leurs prunelles se posent sur la cicatrice bariolant ma joue. Depuis ma chute, je n’ai cessé de briller. De l’état de fantôme, je suis passé à celui de cadavre. Un air de putréfaction tient mon visage, ma peau se meurt indéfiniment… c’est là ma nouvelle condition.

La langueur me gagne ce matin. Assis dans un lit, mes doigts frottent un oeil gluant. Je regarde l’oreiller rouge de sang. Elle ne cesse de craquer. Toujours. Je passe ma langue contre ma joue meurtrie. Ah ! Ce goût salé immédiat. Dieu que je l’aime. Face Control. Quelle ironie d’écouter un album comme celui-là. Une ironie cruelle que j’aime explorer. On est victime de l’ironie, moi je suis maître de tout. Face Control, Eugène le Moderniste est défiguré.

Chaque cliquetis de cet album est un chien s’abatant sur une balle. À chaque battement du beat, une cartouche part dans ma tête. Il me suffit d’admirer ma cible pour en faire une victime. Viser les plus beaux, c’est la règle numéro un.  Une langueur me gagne depuis ce matin. Vertige du plaisir que j’augmente par la prise de Methaqualone associée à cette musique. Elle tourne en rond sur mes épaules. La chose noire s’agite au rythme du groupe. Elle sautille dans ma nuque. Les dents serrées, je la sens toujours plus présente.

Handsome Furs en a fini avec l’auto-destruction: ils ont creusé leur chair bien au-delà de l’os. Ici, l’arme est tournée vers les autres. Un bruit, chauffé à blanc. Un son fait d’étincelle. Le départ d’incendie qui signifie le reste.

Mon esprit s’embrouille à nouveau. Je sors me fondre dans la foule. Une fourrure magnifique m’habillant; j’observe ceux qui m’épient. Mon regard est tel un rayon brûlant désormais. La langueur et la chose noire forment une énergie rouge suintante de libido. Evangeline brise l’air autour de nous. Ma présence se fait inquiétante pour le groupe. Titubant dans les couloirs, nous nous poursuivons mutuellement. JE veux m’en sortir. JE veux les tuer. Meurtrir les chairs dans leurs profondeurs. Le JE se rendra éternel par l’éternel immuable. Et il veut bien vous emporter avec lui.

Si le Parc de la Peste était un vaste terrain de boue percé d’espoir, Face Control est un soleil d’équilibre. Tellement honnête que votre peau se cloque à son écoute.

« All We Want Baby, Is, Everything »  Hansome Furs, 2009

Osez seulement y croire. Osez seulement le prononcer. Peut-être votre esprit tombera alors dans cet handicap sentimental. Ce « syndrome de Kundera » qui pourrit l’air. Handsome Furs est un couple après tout.

Alors, tout ce que nous voulons, c’est tout.

Handsome furs // Face Control // PIAS

http://www.myspace.com/handsomefurs

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